JCC 2019 : « Paris Stalingrad », un film de Hind Meddeb sur un drame occulté (vidéo)
Les journées cinématographiques de Carthage, qui ont démarré, dans leur 30ème édition, samedi dernier, se poursuivent jusqu’au dimanche 03 octobre, avec au programme la projection de 77 films, dans 22 salles…
La nouveauté de cette année, est la section diaspora, intégrée à la présente édition des JCC, baptisée session Nejib Ayed.
 Il s’agit d’ateliers de réflexions, autour de 6 films engagés, soit 3 fictions et 3 documentaires de cinéma, qui traitent des thématiques militants de la diaspora comme la migration, l’asile, l’exil, les frontières, la mémoire collective et individuelle, les droits de l’homme…
« Cinéma de la diaspora, un autre regard sur la migration », tel était le titre du premier panel de cette section organisée par l’organisation internationale pour la migration (OIM) ; la première séance a été tenue le 29 octobre, à la cité de la culture.Â
La réalisatrice franco-tunisienne du film « Paris Stalingrad », Hind Meddeb, y était présente pour discuter de son documentaire traitant un phénomène de campement des réfugiés, qui a pris de l’ampleur dans la station Stalingrad de Paris.
A ce sujet, Hind Meddeb a souligné qu’entre les années 2015 et 2017, la station Stalingrad située au centre-ville de Paris, a été envahie par des hommes, des femmes et familles, venus clandestinement de différents pays comme le Mali, la Somalie, Afghanistan, la Lybie, Bengladesh…
« Ces immigrés, ont choisi de s’installer dans les rues, pendant des années dans des conditions inhumaines, en attendant une réponse à leur demande d’asile, fuyant des conditions déplorables dans leurs pays à cause de la guerre et des menaces terroristes… ».
Ces réfugiés ont passé deux ans, à vivre dans le même endroit, sans aucune ressource et sans la moindre médiatisation par les chaines françaises ou étrangères, a-t-elle dénoncé.
Une question humanitaire, traitée d’une manière policière
Dans son œuvre, Hind Meddeb a dénoncé la réaction de l’Etat français, qui a tout fait pour rendre ces personnes invisibles, et les faire disparaître du champ de vision des Parisiens.
En parlant de son approche cinématographique, la réalisatrice a confié à Gnetnews qu’elle a tenté d’inverser les regards.
Pour elle, « Paris-Stalingrad » n’est pas un film sur les réfugiés, c’est plutôt un film ou les réfugiés regardent la France, et disent comment ils voient les choses de leur côté ».
« Ce n’est pas un film qui cherche à être exhaustif entre la situation et sa globalité. La caméra était avec eux, et a filmé des personnes qui ne parlent pas la langue et qui arrivent avec leur imaginaire et culture, et qui croyaient être dans le pays des droits de l’homme ».
« Paris Stalingrad » révèle un choc suite à la violence policière gratuite contre des populations qui sont extrêmement vulnérables, alors qu’il n’y a aucune raison que ces gens-là soient malmenés par la police. On est face à une question humanitaire, traitée d’une manière policière », a-t-elle déploré.
Concernant la création de son œuvre, Hend Meddeb a révélé qu’elle a trouvé du mal à obtenir un financement pour le film.
Les producteurs occidentaux préfèrent que les cinéastes africains, se penchent plutôt sur des questions polémiques, comme le terrorisme, Daech, le voile, a-t-elle constaté.
Quant à la distribution de ce film dans les salles, la réalisatrice a souligné que son œuvre n’a pas été diffusée, seuls les réfugiés filmés l’ont regardé pour l’instant. « L’objectif de cette stigmatisation est de dissimuler les maltraitances qu’ont subies les immigrés à cette période. »
Paris-Stalingrad sera en salle, dans la catégorie hors compétition, à compter du mercredi 30 octobre, au 4ème art à 18h, et à Amilcar à 17h. Ce documentaire cinéma sera projeté aussi à la salle Omar Khelifi, de la cité de la culture le 31 octobre à 21h.
Emna Bhira