Jordanie : Libération de 16 des suspects arrêtés après un complot contre le Royaume

23-04-2021

AFP – Seize des personnes arrêtées dans le cadre d’un « complot » contre le roi Abdallah II de Jordanie ont été libérées jeudi à la demande du souverain, mais les deux principaux suspects à l’origine de cette crise qui avait ébranlé le royaume restent en détention.

« Compte tenu du souci du roi Abdallah II en ce mois du pardon (le mois du jeûne de ramadan, NDLR), 16 détenus arrêtés lors d’événements récents ont été libérés » à « ce stade de l’enquête », a indiqué le général Hazem Majali, procureur général de la Cour de sûreté de l’Etat, selon l’agence de presse officielle Petra.

Les deux principaux suspects dans cette affaire, Bassem Awadallah, un ancien chef du bureau royal, et Cherif Hassan ben Zaid, qui fut un temps émissaire spécial du roi en Arabie saoudite, restent toutefois en détention, selon le procureur général.

Le 3 avril, le prince Hamza, arrière-petit-fils du fondateur de la monarchie et demi-frère de l’actuel souverain, avait annoncé avoir été assigné à résidence. Il avait ensuite été accusé d’être impliqué dans un « complot maléfique » contre son pays, ce dont il se défend.

Le roi avait affirmé quelques jours plus tard que la crise inédite, qualifiée de « sédition », était « terminée », précisant que le prince Hamza se trouvait chez lui « sous sa protection ». Ce dernier ne sera pas jugé.

Sous la pression de sa famille, le prince a promis de « rester fidèle » au roi qui lui avait retiré en 2004 le titre de prince héritier au profit de son fils aîné. Il a toutefois critiqué la mauvaise gestion du souverain, affirmant qu’elle pourrait conduire le pays à sa perte.

Pour tenter de mettre fin à cet épisode qui a profondément troublé les Jordaniens, la justice avait interdit à la presse locale de publier des informations sur l’enquête « des services de sécurité concernant le prince Hamza et d’autres ».

Les deux principaux suspects encore en détention

Une vingtaine de personnes ont été arrêtées dans cette affaire.

Plus tôt jeudi, des personnalités issues de différents gouvernorats et tribus du royaume avaient appelé le roi à libérer les détenus lors d’une rencontre à Amman, selon un communiqué du palais royal.

« En tant que père et frère de tous les Jordaniens, et en ce mois sacré (…) au cours duquel nous voulons tous être entourés de nos familles, je demande aux parties concernées d’envisager un mécanisme approprié afin que tous ceux qui ont été induits en erreur ou traînés dans ce conflit soient parmi leur famille le plus tôt possible », a déclaré le roi Abdallah selon le communiqué.

Il n’a pas été précisé dans l’immédiat si les seize suspects libérés allaient être jugés libres, si leur libération était temporaire ou s’ils avaient été blanchis ou graciés.

Les deux principaux suspects n’ont pas été libérés en raison de « leur rôle, des faits qui leur sont reprochés et du degré d’implication dans cette crise, ce qui fait la différence avec le reste des accusés libérés », a précisé M. Majali.

L’un d’eux, M. Awadallah, détient également la citoyenneté saoudienne et serait un proche du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

La chaîne de télévision jordanienne al-Mamlaka avait affirmé mi-avril que les suspects arrêtés pour tentative de « déstabilisation » la monarchie seraient jugés par la Cour de sureté de l’Etat, dont les prérogatives se limitent depuis 2013 à quatre domaines: haute trahison, espionnage, drogue et terrorisme.

« Ce qui s’est passé est douloureux », a ajouté le roi jeudi. « La sédition, comme je l’ai dit, a été stoppée. Mais si elle n’avait pas été tuée dans l’oeuf, elle aurait pu mettre le pays dans une position délicate. »

Cette crise inédite a secoué le royaume à quelques jours de son centenaire. Les dirigeants actuels se vantent de la longévité remarquable de leur lignée dans une région si turbulente.