Kaïs Saïed dévoile son projet et sa position sur les affaires de l’heure

27-09-2019

Le candidat à l’élection présidentielle et finaliste du second tour, Kaïs Saïed, a déclaré avoir dépassé dans son projet (de gouvernance locale) la classification traditionnelle gauche / droite, le but étant, selon ses dires, « de hisser la volonté du peuple au niveau de la prise de décision ».

Dans une interview sur el-Wataniya, retransmise hier, jeudi 26 septembre, dans la soirée, le candidat a souligné que « l’affaire principale en Tunisie est fondamentalement économique et sociale, et que le peuple tunisien n’a pas posé les questions identitaires ou autres », le fait de les évoquer vise, à ses yeux, « de détourner l’attention sur les vrais problèmes ».

Interrogé sur l’homosexualité, il a souligné que « les autorités n’interviennent pas dans l’espace privé ». « Pour l’espace public, il y a un certain nombre de valeurs et l’équilibre de la société à préserver ». « La culture doit être bâtie sur la liberté et non sur la contrainte et la coercition », a-t-il insisté.

A propos de l’égalité dans l’héritage, il a rétorqué que le droit successoral tel qu’il est inscrit dans le code du statut personnel repose sur la justice et non sur « une égalité de façade ».

Les libertés sont irréversibles
Kaïs Saïed a fait savoir qu’une « mosaïque » de personnes soutient son projet. « Indépendamment des appartenances, ce qui importe c’est le respect de la constitution et de la loi. »

Il a dit son rejet de la violence, la calomnie et le dénigrement, appelant « à placer le débat autour de la pensée, des idées et des propositions. »

Saïed a qualifié sa victoire au premier tour d’une révolution, qui est l’œuvre de la jeunesse tunisienne, « dans le cadre de la légalité et de la constitution ».

Il s’est engagé pour le respect de la constitution, la consolidation du dispositif des droits de l’homme. « Il n’y a pas lieu de revenir sur les libertés, les traités internationaux, les droits de l’homme, de l’enfant, de la femme », a-t-il affirmé.

Il a annoncé qu’il allait présenter une initiative législative pour l’introduction de son projet de gouvernance locale, concédant que l’amendement de la constitution est tributaire de la volonté du parlement et requiert une majorité des deux tiers, comme le prévoit, la loi fondamentale.

Il a exclu l’existence de comités populaires dans le projet de gouvernance locale, mais des conseils locaux élus de manière à ce que le pouvoir soit organisé de la base au centre.

« Le contrôle des électeurs est important dans la gouvernance locale, le but est que le marginalisé soit celui qui prend la décision ». Ce mode de gouvernance n’est pas une hérésie, a-t-il dit, évoquant le self-governement de la démocratie en Amérique d’Alexis de Tocqueville.

Eloigner la politique des palais de justice
Au sujet de l’affaire communément appelé « l’appareil secret » et des assassinats politique, source de tensions entre la magistrature et le barreau, Kaïs Saïed a réitéré qu »’une justice indépendante est mieux que 1000 constitutions ». « Lorsque la politique se faufile aux palais de justice, la justice sort de ces palais, » a-t-il dit, appelant à faire en sorte que ce service public soit basé sur l’impartialité.

Sur la libération de Nabil Karoui, il a indiqué qu’il n’est nullement responsable de cette situation qu’il juge « inconfortable ». « Adressez-vous aux juges d’instruction et à la chambre d’accusations et dites-leur de le remettre en liberté », a-t-il suggéré.

Il a dit s’être éloigné des médias cette dernière période pour « des raisons éthiques », afin qu’il ne soit pas accusé d’utiliser les tribunes médiatiques à son avantage.

Saïed a, par ailleurs, imputé le blocage en matière de l’installation de la Cour constitutionnelle aux calculs politiques, « on ne choisit pas quiconque sur la base de l’allégeance mais de la compétence et l’intégrité ».

Le candidat préconise que « l’Etat revienne à un rôle social, comme c’était le cas, après l’indépendance où il avait joué un rôle social pour la santé et l’éducation ».

« La Tunisie est toujours au bord de la faillite, c’était le cas en 1986, à une période antérieure…, jusqu’à quand va-t-on rester dans cette situation où les Tunisiens ne sont pas sûrs de percevoir leur salaire le mois suivant », a-t-il rétorqué, en réponse à une question sur le risque de banqueroute de l’Etat.

Le finaliste du deuxième tour a exclu toute intention de rentrer en confrontation avec la Kasbah et le Bardo une fois élu président, prônant une action collective pour relever les défis. « Nous sommes face à une affaire nationale, celle de la patrie, il faut que nous assumions ensemble la responsabilité pour répondre aux demandes d’une majorité des Tunisiens ».

Il a écarté les propos qui lui sont attribués de revoir les relations avec la France, faisant prévaloir « la continuité de l’Etat, et le respect des engagements et des conventions, indépendamment des personnes ». « Notre environnement naturel est le Maghreb arabe et la rive nord de la méditerranée », a-t-il souligné.

Gnetnews