L’administration tunisienne digitalisée à 85%, 120 services en ligne entièrement transactionnels
« Les enjeux de la transition numérique de l’administration, quid du rôle des Stratups », telle était la thématique abordée lors de la conférence-débat organisée tout récemment par le Centre des jeunes entrepreneurs (CJD) en Tunisie en partenariat avec Konrad Adenauer Stiftung, ayant pour objectif de dresser un état des lieux de la digitalisation en Tunisie, et de débattre de l’éventuel rôle que pourront jouer les Startups tunisiennes pour une transition numérique réussie.
La pandémie du Covid-19 a révélé le retard de la Tunisie en matière de digitalisation des services dédiés aux citoyens ainsi qu’aux entreprises.
« Une chose est sure, c’est qu’il reste beaucoup d’efforts à fournir dans les structures de l’Etat en matière de système d’information numérique, au niveau des ministères, des administrations ainsi que des services rendus aux citoyens et aux autres usagers comme les entreprises et la société civile », a souligné Hassen Harrabi, chargé de la stratégie numérique au sein du ministère de la technologie.
Selon lui, le bilan acquis en matière de digitalisation n’est certes pas à la hauteur des ambitions des citoyens et des entreprises, en ce qui concerne la qualité, et la rapidité…
« Tout de même, la Tunisie est classée dans le rapport des nations unies 4ème en Afrique en matière de digitalisation, après l’Afrique du Sud, Les Seychelles et les Iles Maurice », rappelle-t-il
Selon le même rapport, Harrabi a dévoilé qu’en matière des services en ligne, la Tunisie est classée parmi les premiers par rapport aux pays de l’Afrique du Nord.
« D’une manière plus globale, comparée aux pays arabes, la Tunisie est située en milieu de classement, vu que les pays du Golfe ont beaucoup investi dans ce domaine, et grâce à cela, ils sont désormais classés parmi les 30 premiers pays dans le monde, en matière de digitalisation des services ».
Concernant les avancements de la Tunisie dans ce secteur, le chargé de la stratégie numérique au sein du gouvernement a cité plusieurs projets de digitalisation qui ont été réalisés, méconnus par le grand public comme la plateforme GEC spécialisée dans la Gestion économique des Correspondances, reliant tous les ministères, pour accéder à une base de données commune.
« Cette plateforme est désormais fonctionnelle », confirme-t-il.
Il a, également, annoncé le lancement d’une autre plateforme qui va voir le jour la semaine prochaine. « Baptisée « Alyssa », cette plateforme permettra une signature électronique des arrêtés gouvernementaux ».
D’autre part, la Tunisie a réussi la digitalisation de tous les achats publics qui se font désormais, en toute transparence, à travers la plateforme TUNEPS, a ajouté Harrabi. « 1300 structures publiques sont inscrites sur site et 12 000 fournisseurs de services y sont inscrits également ».
Les services des administrations tunisiennes sont digitalisés à 85%, a révélé Hassen Harrabi.
« 120 services en ligne sont entièrement transactionnels, et cela dans les domaines de la sécurité sociale, de paiement des factures, d’éducation et d’enseignement supérieur ».
En revanche, les citoyens ne sont pas en train de profiter amplement de ces services.
« 50% d’entre eux préfère les services des guichets en présentiel, notamment en ce qui concerne le paiement des factures », déplore-t-il.
Ceci n’est pas le cas pour les entreprises dont 90% récupèrent les papiers concernant les taxes et les impôts à travers des plateformes de déclaration pour les sociétés ayant un important chiffre d’affaire. « Il existe des services qui sont bien épuisés, d’autres n’ont pas su convaincre les Tunisiens », commente-t-il.
La présidente du CJD, Mouna Chaieb, a confirmé ce constat. « Selon une étude élaborée par le CJD en 2016 sur la satisfaction des chef d’entreprises des services administratifs, 89% des jeunes entrepreneurs se sont avérés pas satisfaits de ces prestations nécessaires à l’évolution et l’épanouissement de leurs projets.
Vers la simplification des procédures administratives
La digitalisation des procédures administratives est sans doute un tremplin vers le développement économique, dans une ère où le digital s’impose comme étant une étape inévitable pour réussir et progresser.
A ce sujet, Zakaria Belkhoja, conseiller auprès du chef du gouvernement, a indiqué que l’Etat est conscient que le pays est à la traine dans le domaine du numérique, et cela malgré les efforts fournis pour intégrer la digitalisation.
« Sachant que 2/3 de la population tunisienne est composé de jeunes de moins 25 ans, née à l’ère du numérique, la digitalisation est désormais au centre des préoccupations du gouvernement actuel », confirme-t-il.
Belkhoja a rappelé que le gouvernement tente sans cesse d’avancer en matière de numérique, une tendance accélérée par la pandémie.
« Cette transformation exige aussi de la patience, car avant de numériser les services administratifs, il faudra simplifier les procédures et supprimer des démarches qui ne font qu’entraver et ralentir les lancements de projets, et qui suscitent la réticence des jeunes, souhaitant se lancer dans l’entreprenariat. La pression vient des deux sens, des simples citoyens et des Startupers. Néanmoins, la digitalisation, facilitera également le long travail fastidieux des fonctionnaires, qui peinent à répondre aux exigences des usagers, qui souhaitent accéder à des services plus rapides et d’une meilleure qualité ».
Emna Bhira