La Commune de la Soukra préconise le tri sélectif des déchets, avec l’implication des « barbecha »

18-03-2021

Trier ses déchets pour une meilleure qualité de l’environnement… C’est le défi que s’est lancé la commune de la Soukra. La municipalité a décidé de mener une guerre contre les déchets pour une approche plus verte de leur gestion.

Ce jeudi 18 mars marque la journée mondiale du recyclage… c’est donc ce jour que la commune de la Soukra a décidé de présenter les résultats d’une étude réalisée sur le tri des déchets.

Intégrer les chiffonniers dans le développement du tri sélectif

Cette étude a été réalisée à la fin de l’année 2020 par la municipalité de la Soukra en collaboration avec l’association ACTOGEN et la fondation allemande Heinrich Böll Stiftung. Appelée, « Tri sélectif : Défis et manque à gagner », elle est axée sur le recyclage du plastique, une des principales sources de pollution en Tunisie.

A l’issue de cette étude, des axes de développement ont été mis en place au niveau de la collecte et du tri de ces déchets.

Du point de vue technique, les équipes qui ont mené cette étude se sont concentrés sur les déchets qui émanent des ménages et des commerçants qui sont principalement collectés par les agents municipaux, l’association Tunisie Recyclage et les chiffonniers.

Il a été convenu que cette étude portera sur des déchets collectés sur une journée, en axant principalement sur les matières plastiques. Ainsi il a pu être démontré que la commune génère 7340 tonnes de déchets plastiques par jour, dont 65% sont collectés par les chiffonniers.

Ces deniers plus communément appelés « barbecha » en dialecte tunisien, jouent un rôle important dans le tri des déchets.

« Au nombre de 217 rien que dans la ville de la Soukra, il paraît donc essentiel de les faire participer à cette démarche de tri sélectif », nous dit Sofiene Bouslimi, chargé de la direction de la propreté et de l’environnement à la mairie de la Soukra.

Si leur activité est totalement informelle, faute de statut et de cadre juridique, ces derniers ont su apporter une nouvelle mentalité de tri chez les Tunisiens. En effet, les déchets en plastique et notamment les bouteilles sont presque systématiquement retrouvés dans des contenants séparés des autres déchets.

Grâce à leur identification par les service municipaux, il s’agira, dans un premier temps, de répartir ces chiffonniers par secteur afin qu’ils puissent mieux s’organiser. Il est également question de créer un comité de suivi et d’appui local pour l’implantation d’une entreprise sociale et solidaire des chiffonniers avec le concours de différents organismes sociaux, d’emplois et d’associations.

Le plan d’action prévoit la mise en place de 100 cages a proximité des poubelles qui seront dédiées uniquement au plastique et donc faciles d’accès pour les chiffonniers.

La commune de la Soukra génère chaque année près de 40.000 tonnes de déchets en tout genre. Ainsi, un tri sur les échantillons collectés a été réalisé afin de déterminer les ratios des différents déchets présents dans les poubelles de la Soukra afin de pouvoir penser à une politique de recyclage. En voici la composition:

La commune de la Soukra souhaite également imposer aux syndics des résidences déjà existantes de faire le tri sélectif à travers un arrêté municipal et aussi aux nouvelles résidences de créer des points écologiques pour la collecte des déchets recyclables.

Plusieurs campagnes de sensibilisation au tri sélectif seront organisées au profit des syndics de co-propriété, dans les écoles, auprès des chiffonniers et des ouvriers municipaux.

Trier les déchets pour faire des économies

En 2016, le coût de collecte et de transport des déchets de la commune de la Soukra en régie directe était estimé à 80DT par tonne. Ce chiffre comprend le personnel, le carburant et les dépenses relatives à l’entretien des équipements. Quatre ans plus tard, ce montant est passé à 97 dinars.

Ainsi, chaque année la municipalité doit dépenser près de 360.000 dinars rien que pour la collecte de ses déchets.

Voici le détails des dépenses:

« Si nous arrivons a recycler tous nos déchets plastiques, cela pourrait nous faire gagner 5 milliards de dinars et la création d’une cinquantaine d’emplois, sachant que le projet que nous voulons mettre en place ne coûte que 90.000 DT  », nous dit Sofiene Bouslimi.

Wissal Ayadi