La HAICA livre sa première évaluation de la couverture des campagnes présidentielle et législative
La haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), est revenue ce jeudi 17 octobre, sur la couverture des campagnes des récentes élections législatives et les deux tours de la présidentielle.
L’unité de monitoring mise en place pour surveiller les différentes campagnes, a observé quotidiennement le contenu de 16 chaines de télévision et de radios tunisiennes de 18h à minuit, et cela durant 9 jours à partir du début de la campagne, le jeudi 03 octobre au vendredi 11 octobre, le jour du silence électoral.
A cet effet, 42 amendes ont été décidées entre le 16 juillet et le 13 octobre 2019, notamment contre les médias opérant hors la loi.
Pour la campagne des législatives, la HAICA a relevé 18 infractions, dont 5 sont liées à la publicité politique, 12 autres dépassements concerneraient la violation du silence électoral, et une infraction liée aux sondages.
Le rapport a révélé aussi, que les plus graves dépassements enregistrés, concernent les chaines qui diffusent illégalement, avec une absence totale d’impartialité et de transparence financière, comme le cas de Nessma TV dont le propriétaire est aussi le président du parti Qalb Tounes et ex-candidat à la présidentielle.
Il s’agit aussi de la radio coranique ayant soutenu Said Jaziri du parti Errahma, et de la chaine Zitouna qui a fait les deux campagnes pour le mouvement d’Ennahdha.
A ce sujet, Hichem Snoussi membre de la HAICA, a mis en doute l’intégrité des élections, car il y avait des candidats qui se sont servis de leurs propres médias pour mener les campagnes électorales. Alors que d’autres « petits partis » ne disposent pas des mêmes moyens de propagande…
Selon lui, les sanctions et pénalités financières ne suffisent pas pour faire face à ce problème, d’autres mesures constitutionnelles doivent être mises en place avant les prochaines élections…
La HAICA a noté également un déséquilibre au niveau de la couverture des activités et des programmes des différentes listes électorales qui se sont présentés.
« Une majorité de 96% de ceux qui ont soutenu Nabil Karoui à travers sa chaîne de télévision, appartiennent au parti Kalb Tounes. Quant aux provenances des 46% des intervenants qui ont soutenu Kais Saied dans différentes émissions de débats, ils proviennent du mouvement Ennahdha, 33% sont apolitiques, et le reste de ces soutiens sont issus de différents partis, comme le courant démocrate et Tahya Tounes ».
Par ailleurs, six heures au total ont été consacrées au candidat à la présidentielle Kaïs Saïed durant le deuxième tour, et cela dans les plateaux de débats politiques. Quant aux soutiens de Nabil Karoui, ils y étaient présents durant 7 heures.
L’instance de régulation a noté également un manque frappant de la participation féminine dont la moyenne ne dépasse pas les 12% pour les médias audiovisuels publics et privés.
Emna Bhira