La « Kharja » de Sidi Ben Arous fait vibrer les ruelles de la Médina

17-05-2019

Pour la septième soirée de la 37ème édition du festival de la médina, le palais Kheireddine a vibré aux rythmes de la « Kharja » en l’honneur de Sidi Ben Arous, durant la soirée du jeudi 17 mai.

Les visiteurs, les curieux, et les habitants de la vieille ville, affluaient pour former un cortège, devancé par les porteurs de drapeaux et d’encens, suivis de chanteurs, qui psalmodiaient les chants liturgiques émouvants, rythmés par le son des « bendirs ». Cette tradition qui se perpétue, a été célébrée depuis la rue de Sidi Ben Arous, située à la croisée de la rue du « petit souk des chechias ».

Pour cette année, c’est la Aissaiouia de l’association de la sauvegarde du patrimoine de l’Ariana, qui a défilé dans les ruelles labyrinthiques de la médina, partant de la « Zaouia » de Sidi Ben Arous, fondée depuis le XIIIème siècle par le sultan hafside, Abou Amr Othman. Le spectacle s’est poursuivi jusqu’au palais Kheireddine, pas loin de la Hafsiya, à la place du tribunal.

En commentant ce rituel spirituel de la médina de Tunis, le chef de la troupe, Cheikh Marwen Jammel, a expliqué à GnetNews, que « les gens confondent encore, le soufisme et les chants fondés sur l’adoration et la dévotion « Rouhaniyet », avec la danse mystique et la transe soufi ».

« Il ne faut pas oublier que, la Aissaouia est dominée par le côté musical et artistique, l’empreinte tunisienne y est fortement présente. Même le Malouf s’est inspiré de ses notes, notamment Malouf Al Jadd, qui est basé sur des chants liturgiques aussi ».

« La Aissaouia est fondée sur des Maqâm purement tunisiens, à l’instar de Hussein, Sikah, et des Iqaât comme Libtayhi, Doukhoul Brawl. Notre objectif est de contourner les préjugés, par la mise en exergue du volet artistique de la Aissaouia, afin de renforcer l’identité tunisienne et notre patrimoine culturel en premier lieu ».

En effet, ce spectacle fait partie des trois grandes « Kharja », qui s’organisent chaque année en l’honneur d’un saint. Les plus célèbres sont celles dédiées, à Sidi Bou Said El Béji qui dure en moyenne trois jours (village Sidi Bou Said), la « kharja » de Sidi Ben Arous (la médina de Tunis), et celle de Sidi Ammar (Ariana).

Le programme de la 37ème édition du festival de la médina a choisi de mêler chants soufis, grands classiques du Tarab oriental et Malouf tunisien, avec des spectacles modernes et des thématiques revisitées.

Cette dualité du classique et moderne, se traduit aussi par le choix des espaces qui vont abriter ces nuits ramadanesques : palais Kheireddine, Dar Lasram, Dar Hassine et cité de la culture.

Reportage réalisé par Wissal Ayadi et Emna Bhira