La Tunisie est « sur la bonne voie », mais il est prématuré de crier victoire (Fakhfakh)

03-04-2020

Le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a déclaré que « la méthode anticipative adoptée par la Tunisie en matière de lutte contre le Coronavirus est efficace, et le confinement total a produit ses effets ». « Plus on respecte le confinement, la distanciation sociale, l’auto-isolement et les règles d’hygiène, plus on arrive à aplatir la courbe », a-t-il souligné ce jeudi soir, lors d’une interview télévisée à al-Wataniya et el-Hiwar ettounsi.

« La situation épidémiologique est suivie par un Conseil scientifique constitué de15 professeure, qui atteste que la Tunisie est sur la bonne voie », a-t-il affirmé, estimant qu’ »il est encore prématuré de dire qu’on est tiré d’affaires et que l’on va retourner à une vie normale ».

« Patience » les Tunisiens
Fakhfakh a déploré le laxisme constaté hier et aujourd’hui en matière de respect de confinement, signalant que « l’observance de ces restrictions relève de la responsabilité collective pour sortir de cette crise avec moins de dégâts », et appelant les Tunisiens « à patienter ».

Il a assuré que « les moyens de protection sont disponibles pour les médecins qui sont en première ligne », ainsi que les médicaments (chloroquine) qui existent en quantités suffisantes « pouvant soigner 20 mille malades ». « Nous avons des stocks pour tous les scénarios, et sommes en train de nous préparer même pour le scénario catastrophe ».

Pour le moment trois établissements hospitaliers Covid-19 ont été aménagés, et le pays est doté de 100 lits de réanimation et 700 lits équipés d’oxygène, a-t-il dit, saluant « le génie tunisien pour avoir aménagé le plus grand nombre de lits ».

A ce stade, 27 patients contaminés par le coronavirus sont hospitalisés  en Tunisie.

400 mille tests rapides d’ici le 10 avril
Le chef du gouvernement a annoncé l’arrivée de 400 mille tests rapides d’ici le 10 avril, qui seront effectués d’une manière ciblée sur le corps médical, les sécuritaires, les clusters (foyers de contamination), reconnaissant qu’ils ont un taux de fiabilité de 70 à 80 %. Il a souhaité que les analyses PCR atteignent les 10 000 d’ici la même date.

Il a encore souligné que d’ici la fin de semaine, on aura 10 000 chambres d’isolement, affirmant que tous les Tunisiens rapatriés doivent se conformer à l’isolement obligatoire. Le nombre de Tunisiens bloqués à l’étranger est estimé à 2200, a-t-il dit, promettant qu’ils seront tous rapatriés, notamment ceux d’Afrique où même les Tunisiens résidents seront ramenés au bercail.

« Les gens sont devenus hystériques »
Le chef du gouvernement a affirmé que « le pays est en guerre, et se doit de mobiliser des moyens financiers », signalant que la stratégie de lutte contre le coronavirus et les mesures d’accompagnement socio-économiques requièrent une restructuration du budget. « Le pays a mobilisé des ressources des bailleurs de fonds et de ses partenaires estimées à 2000 millions de dinars », a-t-il révélé.

Il a plaidé pour  un élan de solidarité notamment « des Tunisiens riches qui ont les moyens », appelant « à éviter les querelles marginales notamment avec les hommes d’affaires », et récusant toute intention de « confiscation ». « Les gens sont devenus hystériques », a-t-il déploré, souhaitant que le gouvernement ne soit pas obligé de prendre des décisions comme le fait d’imposer de nouveaux impôts, et que ceux qui ont les moyens puissent aider l’Etat de leur propre chef.

Fakhakh a mis l’accent sur l’importance du secteur privé qui emploie 1,5 million de Tunisiens, et génère 2/3 des impôts pour l’Etat.

Stocks stratégiques doublés
Le chef du gouvernement a rassuré sur « l’état d’approvisionnement du marché qui s’améliore », signalant que « toutes les usines travaillent à plein temps ». « Les stocks stratégiques en céréales, médicaments et énergie ont été doublés’, a-t-il dit.

Le locataire de la Kasbah s’est défendu de tout conflit de pouvoir  en allusion à ses rapports tendus cette dernière période avec l’Assemblée sur fonds du recours à l’article 70. Il a réitéré que l’application de l’article 70 vise à éviter un vide au niveau de l’Etat et à gouverner par décrets-loi pour des finalités déterminées liées à la guerre contre le coronavirus. « L’Assemblée devrait aider le gouvernement en pareilles circonstances, et le projet de loi aurait dû passer comme une lettre à la poste », a-t-il souligné, expliquant son refus de se rendre à l’Assemblée par sa volonté « de ne pas créer un précédent, et de ne pas sortir des institutions ». « Le chef du gouvernement ou le ministre doit se rendre en plénière ou en commission, et non au bureau de l’Assemblée », a-t-il dit.

Fakhfkah s’est voulu rassurant en conclusion,  signalant que cette épidémie pose des difficultés pour la Tunisie, mais présente des opportunités qu’il faut savoir saisir dans la mesure où elle donnera lieu à une nouvelle configuration du monde.

La Rédaction