L’école privée en Tunisie : Les raisons d’un engouement !
Les grèves répétitives des enseignants, les reports récurrents des examens et l’instabilité des enfants, poussent de plus en plus les parents à « fuir » les établissements éducatifs publics pour inscrire leurs enfants dans des écoles, collèges et lycées privés.
Selon l’Organisation tunisienne pour l’éducation et la famille, 5% des élèves sont inscrits dans le privé. Â
« Ce taux reste limité, mais la prolifération des écoles primaires, secondaires et collèges privés, démontre qu’il existe une demande pour ces établissements ». Â
C’est ce que nous a confié le directeur pédagogique d’une école primaire privée à Cité Ennasr, Tunis, en soulignant que la majorité de sa « clientèle » est prête à dépenser des sommes importantes, pour les bonnes conditions qu’offrent ces établissements.
« Ces parents visent surtout la réussite de leurs enfants dans les concours nationaux de la 9ème année et du baccalauréat, afin qu’ils puissent intégrer les grandes écoles et les universités de haut niveau ».
En effet, ce ne sont pas les uniques causes qui expliquent cet engouement croissant pour l’enseignement privé. « Les parents cherchent, en premier lieu, l’épanouissement de leurs enfants et un enseignement de qualité qui permettra aux élèves d’accéder aux collèges et lycées pilotes», a-t-il ajouté. Â
Concernant le niveau des enseignants, il a insisté sur l’importance de l’expérience pédagogique dans les critères d’embauche. Il a indiqué aussi qu’une unité de formation pédagogique continue, proposée par l’école, assure un suivi pédagogique et psychologique, des enseignants fraîchement recrutés.
 « S’ajoute à cela, la richesse des plaquettes de cours, qui sont homologuées et conformes au programme pédagogique étatique, mais qui offre en plus un apprentissage supplémentaire des matières culturelles, de l’informatique, des langues française et anglaise dès les classes préparatoires ». Â
Tous ces avantages sont bien séduisants, pour certains, mais pour d’autres, ces programmes qui chargent les emplois du temps des élèves, ne sont que de la poudre aux yeux pour attirer plus de gens.
Certains « clients » déposent des chèques sans provision pour payer les tranches de chaque semestre. Plusieurs chèques sont rejetés par la banque, et les parents des élèves continuent à cumuler les impayés, nous a révélé l’économe d’un établissement.
 Une parente, insatisfaite du niveau de l’oral de son fils en français comme en anglais, estime que les enseignants du public sont toujours avantagés par rapport à ceux du privé grâce à leurs expériences.
« Je suis universitaire, et je peux vous garantir que les enseignants recrutés au privé sont très jeunes parfois pour acquérir des méthodes pédagogiques fondamentales. Quant aux meilleurs profs du public, ils sont généralement embauchés au privé pour les niveaux de la 6ème année, 9ème ou au baccalauréat, à cause des concours ».
Une autre maman qui travaille à plein temps, nous a confié que la sécurité de ses enfants était la première raison qui l’a poussée à inscrire ses enfants dans ces établissements.
 « Je suis déléguée médicale, et je n’ai pas le temps de les déposer à la maison pour le déjeuner », nous a-t-elle dit, en soulignant que les écoles publiques ne disposent ni d’une cantine ni de système de garde en cas de grève ou d’heure creuse ».
« Avec la propagation de la drogue, et la mauvaise fréquentation dans la rue, je préfère que mes enfants soient plus protégés. Il est vrai qu’à cause de l’éducation de mes enfants dans le privé, je n’arrive plus à faire des économies, mais c’est l’avenir de mes enfants qui est en jeu. Quant aux écoles publiques, ils n’ont qu’à améliorer les conditions pour les élèves, afin d’affronter cette concurrence avec le privé », a-t-elle conclu.
Emna Bhira Â