Menacées de faillite, les agences de voyage en colère face au silence de l’Etat
Les propriétaires d’agences de voyage ont crié leur colère mais surtout leur désespoir ce mardi matin. Ils étaient une centaine de personnes à avoir répondu à l’appel de la Fédération tunisienne des agences de voyage et de tourisme (FTAV). Il se sont réunis devant le ministère du Tourisme et de l’Artisanat à Tunis, afin de protester contre une situation devenue plus que précaire avec la crise du Covid-19.
Le tourisme est un des premiers secteurs à être touché de plein fouet par la pandémie du coronavirus. Si l’on a tendance à parler en premier lieu des hôteliers et des compagnies aériennes, les agences de voyage ne sont pas en reste.
En effet, c’est un vent de catastrophe qui semble s’abattre sur elles à en croire la centaine de professionnels venus manifester devant le ministère du Tourisme. La baisse de l’activité des agences de voyages aurait atteint plus de 80 % au cours des 9 premiers mois de l’année 2020.
Pour les agences qui opèrent strictement avec les marchés étrangers, ou celles qui sont spécialisées sur les voyages de la Omra et du Hajj, qui ont été, rappelons-le, suspendus, la situation est encore plus grave.
Au nombre de 1300 sur tout le territoire, ces agences emploient environ 24.000 personnes en Tunisie. D’après la FTAV, 28% ont déjà été licenciés, 70% d’entre eux sont aujourd’hui au chômage et 95% des agences seront en faillite d’ici la fin du mois d’octobre si rien n’est fait. Les pertes, elles sont estimées à plus de 300 millions de dinars.
Ainsi, les voyagistes réclament tout d’abord la mise à disposition d’une ligne de crédit de 500 millions d’euros promise par le gouvernement, destinée à permettre aux établissements hôteliers et touristiques touchés par la pandémie du Covid-19, de payer les salaires de leurs employés.
« Depuis le mois de mars, les agences ont fait zéro dinars de recette. Ils ont tout vendu et hypothéqué tous leur bien afin de rester en vie en vue d’une reprise… mais il n’en est rien », affirme Jabeur Ben Attouch, Trésorier général de la FTAV.
Les protestataires réclament également, le report des échéances de la CNSS, le report des déclarations mensuelles des impôts et le paiement de leurs crédits. Ils exigent également le report des mensualités de leasing, le chômage technique pour leur secteur et la retraite anticipée.
Jabeur Ben Attouch affirme que la CNSS et les impôts n’hésitent pas à envoyer des huissiers de justice car ils n’honorent pas leur créances alors que ces agences sont dans un état de survie.
« Cela fait plusieurs mois que nous rencontrons les responsables au niveau de l’Etat, mais rien n’avance. Nous avons écrit à toutes les instances, ministères, banques, banque centrale, chef du gouvernement… mais nous n’avons obtenu aucune réponse », déplore Ben Attouch.
« Nous voulons que le secteur des agences de voyage soit considéré comme prioritaire par le gouvernement », ajoute-t-il.
Retrouvez ci-dessus notre reportage consacré à la manifestation des agences de voyage ce mardi 20 octobre.
Wissal Ayadi