Les avis des Tunisiens partagés, sur les nouvelles restrictions décidées par le gouvernement pour freiner l’épidémie

19-04-2021

Face à une troisième vague de plus en plus importante de la pandémie de coronavirus en Tunisie, le gouvernement a fait le choix de durcir les mesures sanitaires samedi dernier. Interdiction de se déplacer en voiture ou en moto à partir de 19h, fermeture des établissements scolaires… Une situation qui commence à devenir flou pour bon nombre de Tunisiens allant parfois jusqu’à l’agacement.

Les avis sur les nouvelles restrictions sont mitigés… Si pour certains, elles sont impossibles à tenir, pour d’autres elles arrivent trop tard ou ne sont pas assez restrictives.

Les changements et rétropédalages répétitifs font douter les citoyens de la capacité des autorités à gérer cette crise… Voici leurs témoignages.

Les Tunisiens entament ce lundi la deuxième semaine du mois de ramadan. L’Avenue Habib Bourguiba est quasiment vide. D’après le gouvernement, la recrudescence du nombre de cas de contamination en Tunisie est due principalement au relâchement de la population vis-à-vis des gestes barrières.

En regardant attentivement les gens qui passent, l’on constate que le port du masque n’est pas totalement respecté. Certains ne le portent pas du tout, d’autres le positionnent sous le nez avec de sérieux doutes sur sa propreté.

Nous abordons un salarié qui travaille dans le privé, en congé aujourd’hui. Il explique que les nouvelles mesures sont bonnes mais, arrivent trop tard. Il estime, par ailleurs, que les Tunisiens doivent avoir confiance dans les décisions qui sont prises par le comité scientifique et le gouvernement. « Il faut se mettre à leur place. C’est une situation qui n’a pas de précédent en Tunisie. Nous, en tant que peuple, nous devons les soutenir et surtout les aider pour qu’ils prennent les bonnes décisions », conclue-t-il.

Au niveau des arcades de l’Avenue Habib Bourguiba, un propriétaire de café a bien voulu nous donner son avis, d’autant plus que son secteur est un de ceux les plus touchés par la crise.

Selon lui, les mesures sont tardives et elles ne sont que le fruit du relâchement de la population. « La situation actuelle est le résultat des manifestations politiques qui ont eu lieu ces derniers mois », nous dit-il.

Son café tourne au ralenti depuis la fin de l’été et il a dû se séparer de plus de la moitié de ses salariés. « Le couvre-feu à 22h ne sert à rien. Je n’atteint même pas les 30% de remplissage le soir. De plus, je me rend compte que ce n’est pas rentable. Faire déplacer deux salariés pour seulement 1H30 d’ouverture n’a pas de sens ». Il explique que plusieurs de ses collègues ont décidé finalement de fermer complètement leurs établissements pour la période de ramadan.

Nous interrogeons une mère de famille qui se promène avec son fils âgé d’une dizaine d’années. La fermeture des établissements scolaire pour les 15 prochains jours inquiète cette maman. « Mon fils est en sixième et il n’arrive plus à travailler correctement à cause des arrêts de cours à répétition». Afin qu’il puisse finir l’année scolaire correctement, elle a décidé de lui payer des cours particuliers. Encore des dépenses qui vont peser lourd dans le portefeuille de cette mère de famille.

Enfin, il y en a pour qui ces mesures sanitaires sont une bonne chose et qu’elles sont même insuffisantes. Un retraité nous indique que le autorités devraient intensifier les contrôles pour non-respect des gestes barrières. Selon lui, ils n’ont jamais été respectés et que c’est pour cela que la Tunisie est dans une situation sanitaire grave. « Ceux qui ne portent pas le masque sont les premiers à se plaindre, quand ils ne trouvent pas de place dans les hôpitaux », lance-t-il.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus notre micro-trottoir sur les nouvelles mesures sanitaires.

Wissal Ayadi