D’Ennasr à El-Menzah, cafés et restaurants toujours désertés, malgré la rentrée

08-09-2020

La première semaine du mois de septembre est terminée. Les journées de travail ont repris au rythme de la double séance et les préparatifs de la rentrée scolaire battent leur plein. C’est aussi la fin des vacances et l’odeur de l’automne commence à se faire sentir.

Les Tunisiens sont unanimes, l’ambiance de cette rentrée n’est pas comme d’habitude. Le mot qui revient sur toutes les lèvres est « lourde ». Qu’en est-il vraiment à l’extérieur ? C’est la question à laquelle nous avons voulu répondre, en faisant un tour dans les quartiers animés d’Ennasr et d’El Menzah.

Le café du matin, la pause de 10h et le déjeuner du midi sont des rendez-vous incontournables pour les Tunisiens. Des habitudes qui marquent depuis toujours le quotidien aussi bien des gens qui travaillent et de ceux qui ne travaillent pas.

C’est également un rituel chez les lycéens. Nous nous sommes rendus devant le lycée d’El Menzah 6 à Tunis. Les élèves ont pour habitude d’investir les cafétérias, les salons de thé et les fast food qui se trouvent aux alentours. Sauf qu’avec le  confinement, ces commerçants ont du faire face à de nombreuses difficultés puisque le clientèle a déserté suite à la fermeture du lycée. Nous avons interrogé le propriétaire d’une cafétéria installée en face des portes de l’établissement depuis plus de 10 ans. « J’ai rouvert mon commerce le 4 juin. Mais malheureusement les affaires ne redémarrent pas ». Il nous explique que son chiffre d’affaire a baissé de près de 80%. De plus, avec la baisse de la fréquentation, il ferme ses portes à 21h, alors qu’avant il pouvait rester jusqu’à une heure du matin.

Il espère une reprise avec la rentrée scolaire prévue pour le 15 septembre prochain. « Nous allons imposer le port du masque et retirer les chaises afin qu’ils ne restent pas trop longtemps à l’intérieur », nous confie-t-il. Il ajoute qu’il redoute un peu ce moment car selon lui, les jeunes sont incontrôlables et qu’il est difficile de leur imposer des règles.

Un peu plus loin, nous entamons la discussion avec le serveur d’un salon de thé. Salons feutrés, décoration moderne…pourtant aucun client n’est attablé. « Il n’y a qu’en fin de journée que cela bouge un peu », nous dit-il. Installé dans le quartier depuis seulement un an, le propriétaire a dû faire face au confinement quelques mois après son ouverture. « Nous attendons la rentrée du lycée avec impatience pour espérer le retour des clients. Nous leur avons même préparé des menus avec des tarifs spécial étudiants », indique le gérant. De son côté, le serveur ne cache pas ses difficultés. « J’étais serveur dans un hôtel à Gammarth. J’ai démissionné car avec le confinement je ne recevais que 40% de mon salaire ».

Il est midi quand nous décidons de nous rendre sur l’avenue commerçante du quartier d’El Menzah 5. Habituellement, très fréquentée à toute heure de la journée, aujourd’hui c’est le calme et le vide total. Pour preuve, il est très facile de pouvoir stationner en voiture. Les restaurants sont quasiment vides. Certains cafetiers ont carrément retirer les chaises et les tables qui se trouvent à l’extérieur, faute de clientèle. Nous entrons dans l’un d’eux. La distanciation entre les tables est respectée, mais le port du masque  ne l’est pas…alors qu’il est normalement obligatoire comme l’indique le protocole sanitaire imposé par le ministère de la Santé. Et c’est le cas dans tous les établissements que nous avons visités.

Le restaurateur nous explique que la fréquentation de son restaurant n’a pas repris. « Avec la recrudescence de l’épidémie, les gens ont peur de venir manger au restaurant », nous dit-il. Nous interrogeons alors des clients attablés. « C’est vrai que l’on mange de moins en moins dehors. Je préfère rentrer déjeuner chez moi à midi ou apporter ma propre nourriture », confie une femme qui travaille dans le quartier.

Cette situation est-elle passagère ou risque-t-elle de perdurer  ? Peut-on espérer une augmentation de la fréquentation pendant l’hiver ? Seule l’évolution de la situation épidémiologique nous le dira. En attendant, de nombreux acteurs du secteur de la restauration ont du mettre la clé sous la porte…pour preuve l’augmentation inquiétante du nombre de rideaux de commerces fermés dans ces quartiers réputés comme étant très animés.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi