Les docteurs sans emploi en sit-in depuis 5 mois, face à l’indifférence du gouvernement

03-12-2020

Les docteurs au chômage observent depuis 5 mois un sit-in ouvert devant le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, pour revendiquer leur droit à l’emploi. Le 30 novembre, ils ont annoncé une semaine de colère, optant ainsi  pour l’escalade.

A cet effet, la coordination Tunisienne des docteurs et doctorants chercheurs au chômage, a tenu un sit-in  qui dure depuis l’été dernier. Pour ces bac+10, il n’est plus question d’emploi, il s’agit désormais d’une cause nationale qui concerne tous les Tunisiens n’ayant plus espoir en l’ascenseur social.

« Avec la baisse du budget consacré à l’enseignement supérieur et la recherche scientifique de 4.9% en 2014 à 4% en 2019, l’Etat a montré que les problèmes de son élite ne fait pas partie de ses priorités ».

En effet, le dernier concours national de recrutement des docteurs a été annoncé en 2018. Il n’a été tenu qu’on 2020. Sinon, il est fermé depuis 5 ans. Le taux d’emploi des docteurs reste très faible notamment entre les années 2013 et 2019.

« Parmi 9010 docteurs, seulement 1378 personnes ont été affectés dans le ministère de l’enseignement supérieur en tant que professeur ».

Ce chiffre représente un total de 15% des doctorants au chômage, qui a été recruté en 6 ans, sachant qu’aucun poste n’a été proposé pour les docteurs en Biologie, chimie et physique, les spécialités les plus touchées par le chômage.

 Par ailleurs, la Tunisie compte entre 3000  et 4000 docteurs au chômage, dont la moitié est âgée entre 31 et 35 ans, et 76% sont des femmes. Ils sont au chômage depuis des années,  alors qu’il existe 3000 postes vacants dans le ministère, a indiqué le porte-parole de la coordination des  docteurs au chômage. « Ces postes sont occupés par des contractuels ou des vacataires, qui souffrent de conditions économiques déplorables ».

D’autre part, dans les universités privées, ces bac+10 sont exploités. Dans ces établissements, ils ne bénéficient d’aucune couverture sociale.

« Certaines universités proposent aux docteurs des contrats fictifs, afin de les présenter au ministère de l’enseignement supérieur pour bénéficier d’une autorisation de master. Alors que ces chômeurs, contraints de travailler dans des conditions précaires, ils n’ont aucun cadre juridique qui les protège des abus du secteur privé ».

Rappelons que le ministère avait annoncé, fin août dernier, le recrutement de 250 assistants dans les universités, au titre de l’année 2020 -2021. Cette proposition a été refusée par les docteurs au chômage, estimant qu’il s’agit de solutions provisoires, voire de la poudre aux yeux. Pour eux, un tel recrutement ne garantirait pas l’emploi à la moitié des docteurs protestants.

Face à l’indifférence du gouvernement qui fait la sourde oreille, les protestations des docteurs au chômage devant le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique continuent. De nombreux protestataires y passent la nuit. Certains dorment même sur le trottoir du département, et d’autres ont entamé une grève de la faim.

Rappelons aussi que, les docteurs chômeurs ont été agressés par la police, le jour de la colère tenu le 30 novembre 2020, a annoncé la coordination Tunisienne des docteurs et doctorants chercheurs. Selon la même source, la police a même fait usage de gaz lacrymogène et deux sitineurs ont été transportés à l’hôpital.

Emna Bhira