Tunisie : Etudes médicales, gestion, informatique…les filières les plus prisées

09-01-2024

En Tunisie, le système d’orientation universitaire repose principalement sur le baccalauréat, qui est l’examen national de fin d’études secondaires. Si certains bacheliers ont obtenu leur choix de prédilection pour l’année en cours, d’autres se préparent à passer les concours de réorientation qui auront lieu en mars prochain et qui leur permettront d’intégrer le parcours qu’ils avaient souhaité en septembre dernier

Dans une interview approfondie, Moncef Ben Youssef Khemiri, Conseiller général d’orientation scolaire et universitaire à la retraite, a partagé ses perspectives éclairantes sur les défis actuels du système d’orientation. Cette analyse se penchera sur les différents aspects de l’orientation universitaire en Tunisie, explorant les obstacles auxquels les étudiants sont confrontés, les opportunités offertes par les concours de réorientation, et les pistes de réflexion proposées pour améliorer le système éducatif.

En cette période charnière, où la formation doit s’aligner sur les besoins changeants du marché, la Tunisie se trouve à un moment propice pour revoir ses approches et forger un avenir éducatif plus adapté et prometteur.

Comment se passe l’orientation universitaire ?

L’orientation universitaire en Tunisie est actuellement déterminée par la moyenne obtenue au baccalauréat et des notes spécifiques en fonction des filières demandées. Un calcul spécifique génère un score qui dicte le placement des étudiants selon leurs vœux exprimés. Certains obtiennent leur premier choix, tandis que d’autres doivent se résigner à des filières alternatives.

Moncef Khemiri expose les défis auxquels les étudiants sont confrontés après leur inscription. « Certains s’inscrivent mais abandonnent par la suite, d’autres reportent leur inscription pour l’année suivante, tandis que certains choisissent des alternatives telles que des facultés privées, des parcours de formation professionnelle, voire tentent leur chance à l’étranger. Pour ceux optant pour un cursus parallèle, le concours de réorientation universitaire offre une opportunité d’intégrer la filière souhaitée », nous dit-il.

Le concours de réorientation universitaire : Une chance pour les étudiants

Accessibles aux nouveaux bacheliers et aux lauréats de l’année précédente, ces concours représentent une chance significative pour les étudiants de réorienter leur parcours sans perdre de temps. Réussir le concours ne les classe pas comme redoublants, mais plutôt comme de nouveaux inscrits. Toutes les filières, à l’exception des classes préparatoires, sont concernées, avec chaque établissement réservant environ 15% des inscriptions pour les étudiants passés par ce processus.

« Malheureusement, les statistiques exactes du nombre d’étudiants participant au concours de réorientation restent indisponibles. Cependant, la tendance inquiétante se dessine avec un nombre croissant d’abandons universitaires, certains experts évoquant un taux alarmant de 30% d’étudiants n’achevant pas leur première année », relève Ben Youssef Khemiri. En effet, selon l’expert, la principale cause d’abandon demeure dans le non accès à la filière demandée par l’étudiant.

Par ailleurs, certaines filières peuvent accueillir des étudiants sans concours, garantissant qu’aucun étudiant ne se retrouve sans filière.

Les études médicales et paramédicales occupent la première place en termes de demande, suivies par les études de gestion dans des universités prestigieuses comme l’IHEC, l’ISG, la Tunisian buisness school ou encore l’ESC.

Les cursus d’informatique, proposés par l’ISET Radès ou l’ISI Manar, sont également très sollicités. « Les filières menant à un poste de professeur des écoles, dispensées dans plusieurs régions de la Tunisie, sont également populaires en raison de la garantie d’un emploi à la sortie des études », souligne Moncef Ben Youssef Khemiri.

Déséquilibre entre formation et emploi : Une réforme s’impose

Moncef Ben Youssef Khemiri souligne un problème fondamental en Tunisie : le déséquilibre entre la formation et l’emploi. Il plaide pour une réforme systémique impliquant une collaboration plus étroite entre l’éducation, la formation professionnelle, l’enseignement supérieur et l’emploi. « Le manque de coordination entre ces acteurs entrave actuellement toute stratégie efficace d’adaptation ou de réforme des filières », nous dit-il.

Selon ce dernier, la réforme du système d’orientation ne devrait pas impliquer la suppression de filières, mais plutôt l’adaptation du menu de formation en fonction des changements nationaux et internationaux. « De nouvelles filières doivent s’adapter à l’avènement de nouveaux métiers qui apparaissent suite aux évolutions technologiques et notamment au développement exponentiel de l’intelligence artificielle », ajoute l’ancien conseiller général d’orientation.

A cet égard, il souligne l’importance de formations généralistes initiales, suivies d’une spécialisation progressive dans les dernières années. « Actuellement, en Tunisie, la spécialisation directe dans des formations très pointues dès le départ est une pratique à revoir », conclut-il.

Ainsi, la Tunisie se trouve à un carrefour crucial, où la réforme de l’orientation universitaire peut offrir une opportunité de mettre en adéquation la formation avec les besoins changeants du marché, créant ainsi un avenir éducatif plus adapté et prometteur.

Wissal Ayadi