Les interprétations de la visite d’Erdogan en Tunisie sont « excessives » (Olivier Poivre D’Arvor)

27-12-2019

L’ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre D’Arvor, a affirmé ce vendredi 27 décembre que « les interprétations de la visite de Recep Tayyip Erdogan en Tunisie sont quelque peu excessives ». « Il ne faut pas aller vers ce pessimisme ambiant, et cette mélancolie qui consiste à croire que tout ce qui se passe est mauvais », a-t-il dit.

Dans une interview avec Express, le diplomate français a souligné qu’ »il ne lui appartenait pas de juger les visiteurs que la Tunisie accueille, c’est son droit le plus absolu ». « Le sujet libyen est si important, essentiel et central pour la Tunisie, que le président de la république a souhaité avoir des initiatives, et il en a eu en recevant les tribus libyennes, et puis le président turc Erdogan. La diplomatie ce n’est pas uniquement parler avec des amis, c’est aussi parler avec des gens qui ont des points de vue différents, c’est aussi de parler avec des adversaires », a-t-il souligné.

Olivier Poivre d’Arvor a considéré qu’ »il y a urgence dans le dossier libyen avec la montée des puissances la Turquie, la Russie, et les puissances occidentales, la Libye ne peut pas être un terrain de jeu ».

« La conférence de Berlin prévue fin janvier a pour but d’unifier la parole des interlocuteurs occidentaux de la Libye afin de permettre aux Libyens de trouver leur solution inclusive, » a-t-il dit en substance.

Il a souligné que « la Tunisie était absolument opposée à une solution militaire et c’est rassurant », signalant que le président et le ministre des Affaires étrangères français avaient dit à Haftar qu’ »il ne pourra y avoir une solution militaire », « nous voudrions être des faiseurs de paix ».

« La Tunisie est un acteur important, car elle est extrêmement touchée par ce qui se passe en Libye sur les plans économique et sécuritaire, et par ce qu’elle entre au Conseil de sécurité, et va ainsi porter la voix de la Ligue arabe », étant sa présidente, a-t-il encore souligné.

Sur un autre plan, l’ambassadeur français a indiqué que les bailleurs de fonds attendent « qu’il y ait des interlocuteurs » dans les ministères économiques en Tunisie.

« Nous attendons la formation du futur gouvernement, qui nous permettra nous Européens, Français, FMI et Banque mondiale de pouvoir discuter et insister sur un nombre de mesures qui sont partagées par tout le monde, comme la restructuration des entreprises publiques, la réduction des déficits, la baisse de la masse salariale qui pèse lourdement sur les finances publiques tunisiennes3.

« Nous sommes confiants dans la capacité de la Tunisie à nous donner des interlocuteurs », a-t-il affirmé, reconnaissant que « la situation économique et financière de la Tunisie est difficile et dégradée ; ce n’est pas le seul pays, tous les pays connaissent des grands moments de questionnement sur les modèles économiques », a-t-il tempéré.

Gnetnews