Les transporteurs annoncent un mouvement qui paralysera la capitale pendant trois jours

04-04-2019

La Fédération Nationale des Transports a donné, ce mercredi, une conférence de presse au siège de l’UTICA à Tunis. La FNT dénonce la dernière hausse de carburant et prévoit un large mouvement contestataire, et des perturbations au niveau du trafic la semaine prochaine, si le gouvernement ne revient pas sur cette décision.

Trop c’est trop ! C’est le sentiment qui régnait ce mercredi dans les locaux de l’UTICA. La Fédération Nationale des Transports, épaulée par ses différentes chambres syndicales, refuse catégoriquement la hausse du prix de l’essence annoncée le week-end dernier par le gouvernement.

La FNT regroupe les chambres des taxis individuels, du transport rural, des taxis touristiques, des louages, des taxis collectifs, des auto-écoles et de la location des voitures ainsi que d’un nombre de professionnels opérant dans le secteur.

Pour Moez Sellemi, Président de la Fédération, « il s’agit encore d’un affront ». «Les décisions étaient prises sans concertations avec les syndicats », s’est-il élevé. Sellemi a également exhorté les autorités à annuler cette hausse et celles prévues dans les prochains mois.

Un mouvement protestataire étendu sur trois jours est annoncé. Il commencera le lundi 8 avril à 7h du matin jusqu’à midi. Les perturbations concerneront surtout la zone de Bab Saadoun, le centre-ville de Tunis, ainsi que l’entrée sud de la capitale.

Les deux autres jours de grève se dérouleront le mercredi 10 et le jeudi 11 avril, dans tout le pays, tout au long de la journée, durant les horaires dits administratifs (7h-18h). Prévoyez donc des perturbations importantes.
D’après Sellemi, « jusqu’à maintenant environ 1900 chauffeurs ont décidé de suivre le mouvement ».

A la sortie de la conférence de presse, une cinquantaine de chauffeurs de taxis, louages et autres transports irréguliers, se sont retrouvés dans le hall de l’UTICA afin de manifester leur mécontentement. Affiches à la main, ils refusent eux aussi cette hausse injustifiée du prix du carburant.

Gnet est parti à leur rencontre. Ils sont épuisés et s’inquiètent pour leur avenir. Pour la plupart ils sont uniquement chauffeurs et non pas licenciés. Ils travaillent au bon vouloir de leur patron. L’un deux laisse exploser sa colère : « Le propriétaire de la voiture ne veut plus que l’on travaille la nuit à cause de la hausse du prix du carburant, alors que c’est là qu’on peut gagner plus grâce à la majoration. La plupart du temps je rentre avec environ 15dt en poche. C’est trop peu ! J’ai une femme et des enfants. Je n’arrive plus à payer mon loyer, les couches, la nourriture, etc. ».

Autre secteur touché par cette hausse, celui de l’activité portuaire. En effet, le matériel utilisé dans le domaine de l’acconage, nécessite une consommation importante de carburant et la hausse du prix de l’essence est un véritable danger pour la pérennité de ces entreprises. Gnet a rencontré Faouzi Ben Abdallah. Il est le Président de la Chambre syndicale nationale des entrepreneurs de manutention portuaire. Selon lui, « il faut que le gouvernement arrête rapidement cette spirale inflationniste ». Ben Abdallah a également ajouté que « les prix étaient fixés par l’Etat, que certains contrats étaient conclus sur une période de trois ans et ne prennent pas en compte l’indexation. Les prix facturés ne peuvent donc pas être changés ». « si les augmentations continuent comme cela, les entreprises devront licencier du personnel », prévient-il.

Pour autant, les professionnels de l’acconnage ne prévoient pas de grève. Toujours selon Ben Abdallah, il en va de l’intérêt commun. Stopper l’activité portuaire pourrait avoir de lourdes conséquences économiques.
Moez Sellemi a affirmé que ce mouvement pourrait être annulée si le gouvernement accède à leurs revendications. A noter que la FNT demande à l’Etat une subvention sur les hydrocarbures depuis 2011.

Wissal Ayadi