Maroc : Démission collective de la direction du parti islamiste, après la déroute aux législatives

10-09-2021

AFP – Le parti islamiste PJD, à la tête du gouvernement marocain depuis une décennie, a essuyé une défaite historique lors des élections législatives, au profit de partis considérés comme proches du palais royal.

À l’issue du scrutin de mercredi, le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste modéré) s’est effondré, passant de 125 sièges dans l’assemblée sortante à 12, a indiqué jeudi le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit.

Selon des résultats provisoires, après dépouillement de 96 % des bulletins, le PJD arrive loin derrière ses principaux rivaux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM), tous deux de tendance libérale, et le vieux Parti de l’Istiqlal (centre droit), qui ont totalisé respectivement 97, 82 et 78 sièges (sur 395).

Résultat : la direction du parti a pris toute sa responsabilité politique et présenté sa démission jeudi après-midi, y compris le secrétaire général et chef du gouvernement sortant, Saad Eddine El Othmani. Ce dernier n’a pas été réélu député dans sa circonscription à Rabat.

Le PJD va désormais basculer dans l’opposition, sa position naturelle, selon un communiqué de cette formation.

Une nouvelle séquence s’ouvre avec des partis qui ne contestent pas les fondements du pouvoir et ont une proximité avec le roi, a déclaré à l’AFP le politologue Mustapha Sehimi.

Ainsi, le RNI, qui appartenait à la coalition gouvernementale, est dirigé par un homme d’affaires fortuné, Aziz Akhannouch, décrit comme proche du palais.

Et le PAM, principale formation de l’opposition, a été fondé par l’actuel conseiller royal, Fouad Ali El Himma, en 2008, avant qu’il n’en démissionne en 2011.

L’ampleur de la défaite des islamistes est inattendue. Malgré l’absence de sondages, médias et analystes pensaient que le PJD figurerait dans le peloton de tête.

Longtemps cantonné dans l’opposition, le PJD espérait briguer un troisième mandat d’affilée à la tête de l’exécutif. Il reviendra au roi Mohammed VI de nommer le nouveau chef du gouvernement, issu du parti arrivé en tête.

M. Akhannouch, président du RNI, est le favori pour succéder à Saad-Eddine El Othmani.
Les résultats définitifs devraient être connus dans les prochaines heures (…).

Sonné, le PJD a qualifié les résultats du scrutin d’incompréhensibles, illogiques et ne reflétant pas la position du parti sur l’échiquier politique.

Autre aspect inédit : pour la première fois depuis les premières élections au Maroc (1960), la répartition des sièges à la Chambre des représentants était calculée sur la base du nombre d’électeurs inscrits et non de votants.

La compétition électorale a été caractérisée par l’absence de polarisation bien définie sur les choix politiques.

Après le scrutin, les partis politiques seront invités à adopter un pacte découlant d’un nouveau modèle de développement, qui préfigure une nouvelle génération de réformes et de projets, comme l’a promis récemment Mohammed VI.