La Tunisie gagnerait à promouvoir l’économie circulaire pour régler ses problèmes écologiques

17-11-2022

Le Megara Challenges 2022 revient dans sa troisième édition après, les annulations des précédentes années dues à la pandémie du Covid-19. Ce forum, d’envergure internationale, s’intéresse aux questions environnementales.

Cette année,  c’est l’économie circulaire dans la région MENA et en Afrique qui s’invite au cœur des débats qui se déroulent à Tunis les 17 et 18 novembre.

Cet événement est organisé par l’association MEGARA des villes durables et intelligentes, en partenariat avec l’Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANGED) et les communes de Sidi Bou Saïd et de Carthage. Il est également appuyé par le projet ” Protection du climat à travers une économie circulaire en Tunisie (ProtecT) ” mis en œuvre par l’agence allemande de coopération, GIZ Tunisie et la fondation Heinrich Böll Stiftung (HBS).

L’objectif est de permettre à la Tunisie de se familiariser avec les fondements et le principes de l’économie circulaire et de l’importance d’élaborer une stratégie nationale dans ce sens.

Des représentants gouvernementaux, des bailleurs de fonds, des ONG, des experts et consultants nationaux et internationaux des pays arabes, africains et européens (Algérie, Libye, Togo, Côte d’Ivoire, Cameroun, Sénégal, France, Belgique, Allemagne, Portugal, Hungary, Italie, Espagne, Albanie, Syrie, Arabie Saoudite, Liban, Oman, Jordanie …) ont été invités à prendre part aux débats et ateliers afin de livrer leur expérience dans le domaine de l’économie circulaire.

Qu’est ce que l’économie circulaire ?

L’objectif principal de l’économie circulaire est la préservation de l’environnement à travers un nouveau modèle économique basé essentiellement sur le recyclage. Aujourd’hui, nous sommes dans une économie dite linéaire qui consiste à extraire ou récolter des matières premières, à les utiliser pour fabriquer des produits qui seront ensuite commercialisés. Une fois obsolètes, ou hors services, ces produits seront finalement jetés à la poubelle, devenant ainsi des déchets qui s’ajoutent à ceux déjà existants.

L’économie circulaire apparait ici comme une nouvelles manière de penser et de consommer, en essayant de trouver une solution durable à ces produits afin qu’ils ne se retrouvent pas dans les décharges, voire dans la rue. Ce nouveau modèle, considéré comme un pole important dans les pays développés, permet en somme de passer d’un modèle de réduction d’impact à celui de création de valeur, bénéfique sur les plans à la fois, social, économique et environnemental.

Le tri sélectif: un des premiers enjeux de l’économie circulaire

Lors de cet événement, une récente étude, réalisée à la commune de la Soukra a été présentée. Les résultats ont permis d’aboutir à la quantification du manque à gagner annuel relatif à la non récupération des déchets plastique.

Il a été démontré que chaque année en Tunisie, ce manque à gagner, du à l’absence de politique de tri sélectif, s’élève à 350 millions de dinars par an. La composante la plus importante qu’il contient est la charge additionnelle d’importation des matières premières engendrées par l’absence de mécanisme fiable de tri sélectif des déchets et qui représente 2% du déficit commercial du pays.

« L’intégration des aspects liés à l’économie circulaire ainsi qu’aux changements climatiques, dans le domaine de la gestion des déchets est fondamentale. Si on donne une seconde vie aux objets, on pourra baisser la quantité de déchets, surtout électriques et électroniques », affirmé Larbi Ben Tili, président de l’Association MEGARA des villes durables et intelligentes.

L’économie circulaire semble être un modèle dont la Tunisie ne pourra pas se passer si elle veut sortir du marasme écologique dans lequel elle se trouve. Les décharges à ciel ouvert, à l’image de celles de Sfax, constituent aujourd’hui un véritable problème de santé publique et une menace pour la paix sociale.

A cet égard, le chef de l’Etat, Kaïs Saïed a ordonné, à la ministre de l’Environnement, Leïla Chikhaoui, ce mercredi 16 novembre « de prendre des mesures immédiates afin de mettre un terme à cette catastrophe environnementale ». Il a considéré cette situation comme étant « anormale »

En ce qui concerne le secteur privé dans le développement de l’économie circulaire, Ben Tili a indiqué que « les entreprises doivent s’adapter en intégrant l’économie circulaire au centre de leur stratégie en mettant en place des programmes ambitieux combinant éco-conception, utilisation de matériel reconditionné, réparation, et recyclage, entre autres ».

Cette troisième édition du Megaera Challenges sera conclue par la rédaction d’une feuille de route qui permettra de mettre en lumière les besoins en matière de législation et d’institution afin d’encourager le développement de l’économie circulaire.

Wissal Ayadi