Municipales en France : Une vague verte, Anne Hidalgo l’emporte largement à Paris

29-06-2020

AFP – « Vous avez choisi un Paris qui respire » : avec sa campagne résolument écolo, la maire sortante PS Anne Hidalgo l’a largement emporté à Paris dimanche, face à une droite qui a tenu ses positions et l’effondrement de la majorité présidentielle, Agnès Buzyn (LREM) n’obtenant même pas son siège au Conseil de Paris.

« Particulièrement émue », entourée de ses adjoints sur le parvis de l’Hôtel de Ville, la socialiste de 61 ans a salué une « victoire collective », grâce à une « alliance écologique, sociale et humaniste ». Formellement, elle doit encore attendre le Conseil de Paris, vendredi, pour être officiellement réélue.

Selon les estimations, Mme Hidalgo est largement en tête, obtenant entre 49,3% et 50,2% des voix, loin devant Rachida Dati (31,7 à 32,7%) et Agnès Buzyn (de 13,7 à 16%). Elle récolterait ainsi une centaine de sièges pour sa coalition Paris en Commun, contre une cinquantaine pour la droite LR et de 6 à 12 seulement pour la majorité présidentielle.

« Dans une triangulaire », ce score est « tout à fait exceptionnel », s’est réjoui Jean-Louis Missika, président de la plateforme Paris en Commun, qui rassemble socialistes, écologistes, communistes ou membres de Générations. « ça veut dire que la confiance des Parisiens qui était manifeste au premier tour s’est confirmée et amplifiée ».

Le PS conserve la capitale après 19 ans de règne: 13 ans de mandat de Bertrand Delanoë puis six de la maire sortante, son héritière et ancienne première adjointe Anne Hidalgo.

En endossant un programme résolument écologiste, la maire sortante a contenu ses partenaires d’EELV au premier tour, puis obtenu leur ralliement.

C’est un triomphe pour une édile très contestée pendant son mandat, critiquée pour la piétonnisation des quais de Seine, l’arrêt brutal du service d’autopartage Autolib, le fiasco de la nouvelle version de Vélib’ ou l’annulation par la justice d’un marché publicitaire de la Ville avec JCDecaux.

Le premier tour le 15 mars dernier avait déjà donné un net avantage à la maire socialiste, arrivée largement en tête (29,3%) devant Rachida Dati (22,7%) et Agnès Buzyn (17,3%). Depuis, le classement restait inchangé dans toutes les enquêtes d’opinion.

Les grandes villes se sont parées de vert
Une abstention record et une vague verte inédite : le second tour des municipales dimanche s’est révélé hors normes, offrant également une confortable réélection à Edouard Philippe au Havre et la prise de Perpignan au Rassemblement national.

De Marseille à Lyon, de Strasbourg à Bordeaux, les grandes villes se sont donc parées de vert dimanche soir, à l’issue d’un second tour qui a confirmé, et même amplifié, les espoirs des écologistes nés lors du 1er tour le 15 mars.

Cette déferlante devrait amener Emmanuel Macron à intervenir dès lundi matin en recevant à l’Elysée les membres de la Convention citoyenne sur le climat à qui il entend apporter des « réponses fortes » et « à la hauteur des enjeux et des attentes », fait savoir l’Elysée à l’AFP.

Le chef de l’Etat devrait de manière générale préciser, dans les jours qui viennent, son intention affichée de « se réinventer » pour les deux dernières années de son mandat. Mais les résultats de dimanche rendent la thématique écologiste incontournable.

A Marseille, la candidate écologiste Michèle Rubirola à la tête d’une coalition de gauche a provoqué un coup de tonnerre en mettant fin à 25 années de règne de la droite. La candidate LR Martine Vassal, adoubée par le sortant Jean-Claude Gaudin, est donnée largement distancée par toutes les estimations.

Les Verts ont même fait coup double à Lyon: Bruno Bernard s’y est adjugé la métropole, siège du véritable pouvoir, et Grégory Doucet la ville, en battant Yann Cucherat, poulain du maire sortant Gérard Collomb.

Les Verts ont également pu revendiquer la victoire à Strasbourg, avec Jeanne Barseghian, et à Bordeaux, avec Pierre Hurmic qui a devancé le maire LR sortant Nicolas Florian, soutenu par LREM. Un petit séisme après 73 ans d’élections de maires de droite sur les rives de la Garonne.

Dans la capitale nordiste en revanche, la maire sortante PS Martine Aubry a fini par l’emporter d’un cheveu face au candidat vert Stéphane Baly, au terme d’un thriller.

D’autres grandes villes – Besançon, Tours Poitiers, Annecy… – sont tombées dans l’escarcelle des Verts, qui ont longtemps servi de force d’appoint mais s’affirment comme les premiers à gauche avant les prochaines échéances électorales.

A Grenoble, l’écologiste Eric Piolle (EELV), à la tête d’une large coalition de gauche, a annoncé sa réélection avec plus de 50% des voix.