Tunisie : Etude de la perception des acteurs politiques du droit à la différence

« Plus de 650 000 cas de violation des droits à la différence et à l’égalité ont été enregistrés par l’Observatoire pour la défense du droit à la différence en Tunisie ».
C’est ce qu’a révélé Salwa Ghrrisa, coordinatrice générale de l’Observatoire, lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi, pour la présentation des rapports élaborés durant une période qui s’étale sur plus de deux ans, du mois d’avril 2018 au mois de février 2020.
« Près de 233 violations basées sur les tendances sexuelles ont été enregistrées également, 80 agressions en lien avec les libertés, et 14 cas concerneraient des propos racistes basés sur la couleur de la peau, ou encore le dialecte », a ajouté Ghrissa.
D’autre part, le rapport de l’observatoire sur les libertés individuelles et l’égalité sur les programmes des élections présidentielles et législatives (2019), a montré que les électeurs tunisiens se sont inspirés dans leur choix de vote de l’image du père.
« C’est une culture qui a été instaurée à l’époque de Bourguiba. D’ailleurs, c’est pour cela que plusieurs candidats à la présidentielle ont eu recours au « discours paternel », pour attirer les électeurs, comme Kais Saied, Abdelfattah Mourou et Abdelkrim Zbidi. »
D’autre part, « près de 10.6% des candidats à la présidentielle (2019) qui ont déclaré clairement qu’ils étaient en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité, des libertés individuelles, l’égalité dans héritage et la suppression de la peine de mort, ont perdu une grande partie de leurs bases électorales. Tandis que le reste des candidats à la présidentielle qui ont exprimé des réserves ou encore leur refus de ces principes, ont gagné en popularité ».
« Quant aux positions du président de la république, Kais Saied, qu’il a dévoilées durant sa campagne électorale à la présidentielle, elles sont identiques à celles du président du bloc parlementaire « coalition Al Karama », Seif Eddine Makhlouf, a commenté Salwa Ghrissa présidente de l’Observatoire.
Elle a parlé aussi « d’une montée signifiante de nouvelles forces populaires conservatrices qui rejettent la majorité des principes en rapport avec les libertés et les droits ». A titre d’exemple elle a cité le parti destourien libre (PDL) et la coalition Karama. « A cet égard, le parti islamiste Ennahdha s’est montré plus progressiste », a conclu Salwa Ghrissa.
Emna Bhira