Lancée à Bizerte, l’opération tout à 0.990 millimes fait des émules à travers toute la Tunisie

04-11-2022

Depuis quelques jours, dans la ville de Bizerte, d’étranges scènes se déroulent devant certains commerces. Des files d’attente, parfois d’une centaine de personnes, attendant patiemment leur tour. Dans leur portefeuille, il y 0,990 millimes, soit moins d’un dinar.

C’est la brillante idée de Mohamed Kosksi, jeune bizertin, responsable marketing dans une grande entreprise de produits laitier mais surtout militant actif du tissu associatif à Bizerte. Il est également à l’origine d’une page Facebook appelée « Bizerte Tomorrow », qui regroupe aujourd’hui plus de 140.000 abonnés.

Contacté par Gnetnews, il nous explique le principe de cette curieuse démarche. « L’idée était de faire comme un Black Friday à l’image de ce qui se fait dans le monde entier, mais à la sauce tunisienne. Il s’agit de mettre en place un prix psychologique de 0,990 millimes sur certains produits proposés par les commerçants volontaires ».

En seulement quelques jours, cette idée à fait le tour de la toile et des médias faisant un buzz incroyable. En effet, en ces temps de crise économique et d’inflation inédite, personne ne s’attend à pouvoir acheter quelque chose à moins de un dinar.

« Nous avons commencé notre partenariat avec 2 ou 3 petits restaurants qui ont accepté de faire des « happy hour » sur certains produits. Vue la réussite de cette initiative nous avons voulu faire quelque chose à plus grand échelle en élaborant un teasing qui a duré quelques semaines avec juste l’affiche avec écrit dessus 0,990 en jaune et noir. Tout le monde se demandait ce que c’était. Puis quelques jours plus tard, nous avons fait le lancement officiel de l’opération une fois que nous avons pu faire des partenariats avec plusieurs enseignes », explique Mohamed Kosksi.

 

Aujourd’hui près de 120 commerçants, grands ou petits, ont adhéré à cette idée. Cela va de la nourriture, à l’esthétique, à la réparation automobile, le textile, en passant par la restauration et même le cinéma.

« Pour nous, c’était très important de travailler avec les petits commerces pour montrer leur appartenance au gouvernorat et l’importance du commerce de proximité et puis cela les met en valeur par la même occasion ».

Très vite, cette initiative a été développée dans plusieurs grandes villes de la Tunisie, et le jeune Mohamed a même réussi le tour de force de l’exporter à l’international, le poussant à déposer son concept auprès de l’Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle (INNORPI).

« Aujourd’hui des commerçants de Nabeul, Sousse, Zaghouan, Tunis et même à l’étranger ont souhaité participer », ajoute-t-il. Ainsi, depuis ce mercredi un restaurant Tunisien situé à Paris a mis en place les 0,990 millimes tunisiens sur certains plats comme les fricassés et les bricks. Des boulangeries ont également promis de tenter l’idée.

D’après l’initiateur de cet événement, il y a deux objectifs dans cette opération. D’abord la partie marketing commercial. « Cela permet aux commerçants de faire connaître leurs produits et leurs enseignes. Tous les jours, il y a des files interminables devant les magasins pour bénéficier de l’offre. Cela permet également à ces commerçants de se débarrasser de leurs surplus de stocks qu’ils n’ont pas écoulé à la fin de l’été afin de renouveler leur marchandise.  Et puis, il y a a bien sur le côté solidarité en ces temps difficiles. Cela permet aux personnes qui n’ont pas forcément les moyens de s’acheter tel ou tel produit, de le faire », affirme Kosksi.

Enfin, amoureux de sa ville, Mohamed Kosksi, a voulu monter une bonne image de la ville de Bizerte.

« C’est une action qui est ouverte à tous. Il n’est pas noble d’identifier les personnes en difficulté, en faisant la queue devant un magasin. Ici ils se mélangent à tout le monde », a-t-il conclu.

Cette opération se déroulera jusqu’à la fin du mois de novembre.

Un bel exemple, nous montre que finalement rien n’est impossible en Tunisie si la volonté y est. Espérons que cette initiative puisse contaminer toute la Tunisie et devienne un événement récurrent afin de promouvoir les valeurs d’entraide et de solidarité, dans un moment où la Tunisie en a le plus besoin.

Wissal Ayadi