Parents/ Enfants : De nouvelles relations à l’épreuve de la génération Z décryptées par Dhouha Becheikh

19-02-2021

La relation enfant-parent a bien évolué avec cette génération Z née vers la fin des années 90. Nées alors que le numérique est bien installé, ces personnes ont marqué des changements importants en ce qui concerne leur lien étroit avec leurs parents ou encore avec leurs familles. Que ce soit sur le plan affectif ou financier, « la nouvelle génération », n’a rien à avoir avec celles qui l’on précédée.

Nées dans une période de crise économique persistante, crise sanitaire, chômage, et manque d’opportunités, ces enfants désormais adultes depuis quelques années, semblent déléguer plusieurs tâches à leurs parents.

 Gâtée, assistée, mais aussi distinguée par une intelligence intellectuelle et émotionnelle attachante, la pédopsychiatre Dr. Dhouha Becheikh nous révèle tout sur les secrets d’une génération exigeante, libre et rebelle, lors d’une interview accordée à Gnetnews.

 » Les nouvelles génération, le fruit d’une évolution naturelle de l’éducation »

Selon Dr.Becheikh, l’autoritarisme et la dominance, autrefois, symboles d’une bonne éducation, ne sont plus désormais à l’ordre du jour. Ce à que nous avons « survécu » durant notre enfance, de dureté, discipline et de fermeté, vit un nouvel élan celui de la compréhension, le dialogue et l’échange. Il s’agit aussi d’une simple évolution des relations modernes parents-enfants, nous a confirmé Dr. Becheikh.

En expliquant cette évolution, la pédopsychiatre a souligné qu’avec le train-train de la vie effréné du monde moderne, les parents ne trouvent plus le temps de s’occuper réellement de leurs enfants. Une fois rentrés du boulot, ils occupent leurs enfants par les écrans pour avoir la paix,  le temps d’effectuer les tâches ménagères et puis se reposer.

« Dans ce cas, la relation enfant-parent s’est estompée. Les petits n’ont plus l’occasion de faire des bêtises et laisser les parents les corriger. Ils sont hypnotisés par les jeux et les dessins animés, la discipline est ainsi absente, voire inexistante puisqu’il n’y a pas de motif pour l’évoquer ».

D’autre part, les parents comme dans toutes les relations humaines, ils apprennent de leurs fautes. En observant les mamans qui ont des enfants dont l’écart d’âge est important, elles auront différentes manières de les traiter.

« Avec le premier enfant la mère commettra plusieurs erreurs en matière d’éducation. Par ignorance ou par manque de patience, elles vont « s’initier à la maternité avec le plus ainé. Ses frères arrivant bien plus tard, ils auront droit à une mère qui maitrise plus son rôle, et qui a appris sans doute de son expérience avec le premier. Elle sera plus indulgente, et plus aptes à écouter, dialoguer et cerner les besoins de son enfant ».

« Des enfants sollicitant plus d’affection, de compréhension et d’amour »

Lorsqu’un gamin s’initie prématurément à internet ainsi qu’à la technologie, dès son plus jeune âge, en passant des heures sur les tablettes ou smartphones, il s’ouvre sur tout un monde à la fois virtuel et enrichissant. Ceci lui permet d’acquérir un tas d’informations le rendant ainsi plus intelligent et éveillé, nous explique la pédopsychiatre.

Ces enfants conscients d’une manière précoce de leurs droits, ils demandent des explications et des arguments pour pouvoir les convaincre d’une telle ou telle décision. Ils se sentent libres de refuser les « ordres » de leurs parents, sous prétexte qu’ils ne sont pas assez convaincants…Face à cela, les parents se retrouvent dans des situations où ils sont confrontés à une intelligence  hors du commun, et obligés de discuter et de dialoguer pour expliquer leur point de vue, au sujet des horaires de sortie, de choix des amis ou encore des choix de la vie…

D’autre part sur le plan affectif, Dr. Becheikh nous a précisé que cette génération Z,  est plus tactile, plus expressive et sollicite beaucoup d’affection, d’amour et de compréhension. Ainsi, les parents stimulés par leurs enfants qui s’expriment aisément et le fait qu’ils revendiquent cette sécurité affective, ne leur laisse pas le choix, que d’opter un cet échange émotionnelle.

En effet,  comparée avec les générations d’antan, celles de nos parents et grands-parents, où la moindre remarque de reconnaissance doit être gagnée dignement et bien méritée, les parents d’aujourd’hui  sont en train de s’adapter avec de nouveaux profils d’enfants, bien différents, nous indique la pédopsychiatre.

« Conscients de l’importance de ces relations étroites avec la famille et les proches, et des liens que nous nouons avec les autres, les jeunes semblent garder ce lien ombilical avec leurs parents jusqu’à l’âge adulte. Aussi, avec les circonstances par lesquelles ils passent, et les difficultés économiques qui les entravent, ils ne trouvent aucun mal à demander de l’aide financière. Certains sont assistés par leurs familles même en étant à l’âge adulte ou marié. Pour eux, c’est évident de rester couvés par ses parents. Il s’agit du rôle naturel des parents, celui de materner, protéger et soutenir leurs enfants à tout âge ».

Propos recueillis par Emna Bhira