Tunisie/ Passation de pouvoirs : Fakhfakh en larmes, Chahed : « je suis de tout cœur avec toi »

28-02-2020

Le gouvernement d’Elyes Fakhfakh a été officiellement investi ce vendredi 28 février, à Dar Dhiafa à Carthage, après la passation des pouvoirs qui s’est tenue lors d’une cérémonie solennelle où les deux chefs du gouvernement ont échangé les marques de courtoisie, et de sympathie, se présentant comme deux acteurs de la nouvelle génération politique qui est en train de se former et de prendre le flambeau depuis la révolution, pour reconstruire la Tunisie. L’émotion était présente dans cette cérémonie, avec les larmes de Fakhfakh au souvenir des martyrs, l’amertume l’était aussi, celle de Chahed pour avoir essuyé plusieurs critiques notamment en matière de lutte contre la corruption.

La passation s’est faite concrètement par la remise par Youssef Chahed à son successeur du document 2016 – 2020 de l’action de son gouvernement, qui servira de base de travail à la nouvelle équipe gouvernementale.

« Le spectre de la faillite est derrière nous »

Premier à intervenir, le chef du gouvernement sortant a évoqué « un moment historique, celle de la consécration de la démocratie, à travers, l’alternance pacifique au pouvoir après les élections ».

Chahed qui a rappelé avoir occupé le palais de la kasbah pendant trois ans et demi, a déclaré « attendre ce moment depuis longtemps, et partir en ayant la conscience tranquille et avec la satisfaction du devoir accompli ».

Il a affirmé que son gouvernement avait pris ses fonctions dans une situation difficile, en aout 2016, trois mois après la signature de l’accord avec le FMI, mais qu’actuellement, « cette situation d’ajustement macroéconomique est dépassée et le spectre de la faillite est derrière nous ». « Avec mon respect à tous ceux qui ne veulent pas reconnaitre cette vérité », a-t-il lancé à l’intention de ses détracteurs.

Il a, par ailleurs, souligné que la situation sécuritaire s’est améliorée sensiblement, et la Tunisie a gagné 15 points dans le global terrorisme index entre 2016 et 2019. Il a salué les forces sécuritaires et militaires qui se prévalent de plusieurs victoires contre le terrorisme dont certaines n’ont pas été dévoilées, comme l’exige la nature de la bataille.

Il a, également, fait état de l’amélioration des indicateurs économiques, reconnaissant que d’autres restent encore à améliorer.

Youssef Chahed a assuré Elyes Fakhfakh de son soutien. « Je suis de tout cœur avec toi », lui a-t-il dit, le préparant aux critiques qu’il risque de se voir adresser tout au long de son mandat.

« Les deux grands défis qui restent à relever sont la relance de la croissance économique et la question sociale », a-t-il souligné, appelant les différentes parties « à mettre la main dans la main pour le bien du pays, qui a besoin de stabilité politique ».

« Je suis venu pour rester, et non pour partir »

Elyes Fakhfakh a commencé où a fini son prédécesseur, plaidant pour la stabilité gouvernementale. » Je suis venu et ne m’apprête pas à partir, mais je m’apprête à rester », a-t-il rétorqué à Youssef Chahed au sujet de l’instabilité qui risque de toucher son gouvernement. « Notre pays est las du changement des gouvernements », a-t-il déclaré.

« Nous ne voulons pas qu’il y ait ni Carthage 1, ni Bardo 1, ni Kasbah 1, ce que nous voulons c’est le bien du pays ». Fakhfakh a remercié son prédécesseur et le gouvernement sortant, pour les avancées réalisées dans le pays, et « d’avoir travaillé en silence jusqu’à la dernière minute ».

« Il y a une nouvelle génération politique qui est en train de se créer dans le cadre de la continuité de l’Etat, c’est celle qui va bâtir la Tunisie », a-t-il souligné, faisant état « d’une réconciliation en cours entre toutes les familles politiques ».

Fakhfakh a prôné « une Tunisie démocratique, forte économiquement et juste socialement », se disant confiant dans la capacité du pays à se relever.

Il a cité Ibn Khaldoun qui écrivait il y a 15 siècles, que « le peuple d’Ifriqya (Tunisie) a une capacité d’apprentissage et d’adaptation cinq fois supérieure à la moyenne de l’Afrique du Nord ».

Elyes Fakhfakh a terminé ses propos, ému jusqu’aux larmes, lorsqu’il a rendu hommage aux martyrs, qui se sont sacrifiés, pour que ce moment devienne réalité en Tunisie, et leur a promis loyauté.

Gnetnews