Près de deux milliards d’habitants confinés, état d’urgence sanitaire en France

24-03-2020

AFP – Plus de 1,8 milliard d’habitants confinés, un bilan qui dépasse 16.000 morts et les systèmes de plusieurs pays développés au bord de l’asphyxie : la pandémie de coronavirus continue de s’accélérer et de semer le chaos partout à travers le monde.

La pandémie de coronavirus « s’accélère » mais sa trajectoire peut être modifiée, a estimé lundi l’Organisation mondiale de la santé, appelant les pays à passer à l' »attaque » en testant tous les cas et en plaçant en quarantaine leurs proches contacts.

Ce mardi, ce sont les Britanniques qui découvrent le quotidien calfeutré. Le Premier ministre Boris Johnson, après des semaines d’atermoiements, s’y est finalement rallié, décrétant lundi soir un confinement pour au moins trois semaines au Royaume-Uni.

En Russie, c’est la fermeture effective des écoles qui est entrée en vigueur cette semaine, tandis que les Moscovites âgés de plus de 65 ans étaient contraints soit de rester chez eux, soit de se retirer dans leur maison de campagne.

En Europe, le cap des 10.000 personnes tuées par le coronavirus a été franchi en ce début de semaine, la majorité en Italie (environ 6.000), pour un total de près de 185.000 cas d’infection – une comptabilité officielle sans doute inférieure à la réalité.

Et les systèmes de santé, y compris des pays les plus développés, sont au bord de l’explosion.
Avec une image symbolique, une patinoire devenue morgue: à Madrid, les autorités ont dû opérer cette transformation pour entreposer des cadavres, lors d’une journée noire avec près de 500 morts en 24 heures. L’Espagne, deuxième pays le plus touché d’Europe, déplore au total 2.182 décès et plus de 33.000 infections (…).

Le retour à la normale n’est pas pour demain en France
(…)La France est officiellement en état d’urgence sanitaire pour deux mois, éloignant ainsi la perspective de sortir fin mars du confinement imposé par la pandémie de coronavirus, qui a tué 186 nouveaux malades lundi et qui soumet le système de santé du pays à très rude épreuve.

Le Parlement a adopté dimanche ce texte « d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19″, à l’issue de quatre jours de travaux intensifs en comité restreint. Publié mardi au Journal officiel, il prévoit ce nouveau régime d' »état d’urgence sanitaire », sur le modèle de l’état d’urgence prévu par une loi de 1955, et activé après les attentats de novembre 2015.

Le Covid-19 a fait 860 morts en France depuis le début de l’épidémie, donc cinq médecins, et 2.082 patients étaient lundi soir en réanimation, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran. Vingt résidents d’un Ehpad de Cornimont (Vosges) sont notamment morts « en lien possible avec le Covid-19 », selon les autorités régionales.

Face à cette aggravation de la situation, le Premier ministre Edouard Philippe a averti lundi que « le temps du confinement peut durer encore quelques semaines ».

« Beaucoup de nos concitoyens aimeraient retrouver le temps d’avant, le temps normal, mais il n’est pas pour demain », a-t-il prévenu, en annonçant un durcissement des mesures de confinement.

Ainsi, il ne sera plus possible d’aller faire du sport loin de son domicile et pendant le temps que l’on veut. « Sortir pour promener ses enfants ou faire du sport c’est dans un rayon de 1 km de chez soi, maximum pour une heure, tout seul et une fois par jour », a précisé le chef du gouvernement.

Les sanctions ont été durcies pour ceux ne respectant pas ces consignes. Les 135 euros d’amende forfaitaire doivent passer à 1.500 euros en cas de récidive « dans les 15 jours », et « quatre violations dans les trente jours » pourront valoir jusqu’à « 3.700 euros d’amende et six mois de prison ».

Sur près de 1,8 million de contrôles, les forces de l’ordre ont relevé plus de 90.000 infractions pour non-respect des restrictions depuis leur mise en place mardi, selon Alain Thirion, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises.

« Fantassins » de première ligne dans la guerre contre l’épidémie, deux nouveaux médecins, du Haut-Rhin et de Haute-Saône, sont décédés dimanche des suites d’une contamination au coronavirus, portant à cinq le nombre de praticiens morts du virus.