Hôpital Charles Nicolle : La colère du personnel soignant, en mal de matériel anti-Coronavirus

24-09-2020

C’est à bout de nerfs que le personnel soignant de l’hôpital Charles Nicolle à Tunis a crié sa colère ce jeudi matin. Ils étaient près d’une centaine à s’être réunis devant le bâtiment de l’administration afin de de protester contre leurs conditions de travail, notamment au moment où l’épidémie se fait de plus en en plus inquiétante.

C’est sur un parking, devant les porte de l’administration de l’hôpital que corps médical et paramédical a décidé de faire son rassemblement, dans l’espoir d’être entendu par la direction. Ils ont répondu à l’appel du syndicat relevant de l’UGTT.

Leur principale revendication concerne la mise à leur disposition du matériel minimum pour se protéger du Covid-19. En effet, l’hôpital Charles Nicolle abrite en son sein un service dédié aux malades du coronavirus ainsi qu’un laboratoire où sont effectués les tests PCR.

Mohieddine El Ouni est le Secrétaire Général du syndicat de base de l’hôpital. Il a commencé son discours par une pensée pour les membres du personnel soignant qui sont actuellement atteints du coronavirus suite à une infection au sein de centre hospitalier. « Hier nous avons entendu parler d’un collègue qui a transmis le virus à sa propre fille ».

Le syndicaliste a ensuite déploré le manque de matériel de protection. « Nous avons des masques chirurgicaux, mais pas assez. Il y en a qui restent avec le même masque toute une journée alors que normalement il doit être changé toutes les 4 heures », dit-il. Il explique même que certains peuvent le porter jusqu’à trois jours d’affilée.

Par ailleurs, il explique que la distribution de masques est très réglementée. En effet, chaque soignant qui prend un masque doit signer une décharge en contrepartie. Ainsi sur une garde de 8h, il doit signer pas moins de 4 fois juste pour avoir un masque. « Normalement cela doit être en libre-service. Ne parlons même pas des masques FFP2, avec lesquels nous devrions impérativement travailler. Il n’y en a pas du tout », affirme-t-il.

Autre aberration, celle du gel hydroalcoolique. La quantité réservée au personnel est insignifiante, puisque seul 1L de gel est mis à disposition pour 50 personnes et ce sur une semaine entière.

Le discours de Mohieddine El Ouni retentit comme une sonnette d’alarme. Ce dernier n’a pas manqué de rappeler le scénario italien en soulignant que la propagation du virus a commencé quand le personnel hospitalier quittait l’hôpital pour se rendre chez lui en transport en commun sans aucune précaution. A cet égard, il explique qu’aujourd’hui environ 700 soignants sont atteints du Coronavirus en Tunisie.

Le syndicaliste a également dénoncé le manque de personnel au sein de l’hôpital suite au non-renouvellement des départs à la retraite. A ce sujet, il évoque le cas où des médecins travaillant dans d’autre services qui sont appelés à se rendre dans le service dédié aux malades du Covid-19, revenant par la suite dans son département d’origine sans avoir pu se désinfecter.

« Le pseudo circuit Covid n’est pas adapté », reproche t-il.

Ainsi, ils réclament à la direction de l’hôpital ainsi qu’au ministère de la Santé de mettre à leur disposition le matériel nécessaire à leur protection, tout en dénonçant l’abandon du secteur de la santé de la part de l’Etat.

A noter que le CHU de Charles Nicolle n’est pas le seul établissement hospitalier à s’indigner des conditions de travail. Il y a quelques jours, c’est le corps médical de l’hôpital Mongi Slim qui a également effectué un rassemblement.

Retrouvez ci-dessus la vidéo du rassemblement.

Wissal Ayadi