Reportage dans des établissements scolaires et préscolaires, à l’approche d’une rentrée redoutable !

27-08-2020

Le retour en classe  de près de 150 000 élèves  est maintenu pour le mardi 15 septembre 2020. Il s’agit de la date d’une rentrée scolaire particulière pour cette année, marquée par une crise sanitaire sans précédent. Les enfants y ont subi un bouleversement de leurs vies éducative et sociale.

Confinement, déconfinement, outre un éventuel rebond du virus, avec lequel ils doivent apprendre à vivre notamment dans les milieux scolaires.

Ces élèves peuvent-ils vraiment compter sur les établissements, qu’ils soient publics ou privés, au sujet des conditions sanitaires préventives. Seront-ils capables d’assurer un retour en toute sécurité des écoliers, corps enseignant et le personnel administratif ? Y aura-t-il un ajustement  du protocole sanitaire officiel avec la hausse des cas de contamination notamment en mois d’aout ?

Pour répondre à ces questions, Gnetnews s’est rendu dans les locaux de quelques établissements scolaires dédiés à des âges et niveaux différents, dont un jardin d’enfant situé au gouvernorat de l’Ariana, ayant repris son activité depuis le déconfinement (mai 2020).

Des efforts personnels dans les jardins d’enfants pour renforcer les mesures préventives

Selon la directrice du jardin d’enfant, le personnel a continué d’appliquer le premier protocole sanitaire envoyé par le ministère de la femme, de la famille, et de l’enfance mis en place depuis mai.

« Port du masque obligatoire, rinçage des mains avec le gel désinfectant pour tous les enfants, et distanciation sociale d’au moins un mètre  entre toutes les personnes se trouvant dans le jardin d’enfant, sont les principales consignes à suivre », résume-t-elle.

« Mais avec la recrudescence alarmante du nombre de contaminations, j’ai dû prendre des mesures préventives plus hardies », a-t-elle ajouté.

« Les parents sont interdits d’entrer dans l’espace, ils déposent leurs enfants à l’entrée. Sinon, les personnes obligées de se rendre à l’administration doivent mettre une sur-chaussure. Nous désinfectons leurs vêtements avec un produit spécial, le gel est également obligatoire. Nous mesurons leur température. Et, les mêmes mesures sont appliquées sur les enfants. Ces derniers mettent des crocs désinfectés pour entrer en classe. Leurs maitresses sont obligées de porter un masque durant les cours ».

« Pour les plus petits, comme les bébés et les moins de 4 ans, ils sont isolés au 1er étage, question d’éviter le brassage entre les enfants des classes maternelles et les moins âgés dans les couloirs ».

Quant au corps enseignant, il semble plutôt inquiet malgré les règles sanitaires strictes qu’ils tiennent à appliquer rigoureusement.

Une autre responsable administrative, a rappelé  que les enfants sont des vecteurs du coronavirus. Selon elle, ils peuvent à tout moment contaminer leurs collègues ou les adultes vu qu’ils sont de nature, plus indulgents quant à l’application des gestes barrière et d’hygiène.

Par ailleurs, la directrice a expliqué que les parents hésitent encore pour inscrire leurs enfants. Ils ont peur de payer des semestres, alors que le contexte sanitaire est encore sensible. Pour eux, un confinement peut être annoncé à tout moment par l’Etat si les contaminations ne cessent d’augmenter… 

L’enfer de la surcharge des classes dans les  lycées et écoles

« L’enfer de la surcharge des classes revient avec acuité dans ce contexte sensible. Quarante enfants sont entassés chaque année dans la même classe alors qu’une salle de cours ne peut accueillir que 32 écoliers en règle générale ».

C’est ce que nous a indiqué le superviseur général d’une école primaire située à El Manar, perplexe devant l’impossibilité d’appliquer la distanciation sociale avec les locaux disponibles. L’équation concerne aussi les élèves anciens résidents à l’étranger souhaitant s’inscrire et s’installer en Tunisie.

D’autre part, il a évoqué les toilettes qui sont généralement en panne dans les anciennes bâtisses des écoles et lycées. « Nous n’avons qu’un seul bloc sanitaire mixte dans cette école qui contient une vingtaine de classes. Les WC ne sont pas fonctionnels depuis l’année dernière. Pourtant l’administration a fait appel à l’aide au ministère de l’éducation, pour lancer des travaux de restauration. Mais, sans réponse.» déplore-t-il.

Quant au protocole sanitaire que l’école doit préparer dans moins de 20 jours, le surveillant général de l’école qu’ils n’ont ni le budget pour l’appliquer également ni les moyens humains pour le rendre applicable. Surveillance, nettoyage, et le maintien d’un suivi…Tout cela demande une anticipation, et une organisation exceptionnelle… ».

Dans les lycées l’inquiétude est plus intense, notamment chez les parents des élèves du bac.

« Rien n’est garantie avec la pandémie. Tout peut basculer subitement. Arrêt des cours, fermeture de l’établissement à cause d’une contamination, absence des profs qui se méfient de plus en plus des élèves, et réciproquement…Tout est possible, surtout qu’il n’y a pas de consignes claires et fermes de la part des autorités ».

C’est le cri d’alarme d’une parente venue pour inscrire son enfant de 17 ans dans un lycée de la région d’El Menzeh. « Je voudrais savoir si les récréations vont être maintenues. La sécurité psychique de nos enfants, l’angoisse ambiante est-elle prise en considération, car elle sera doublée pour les élèves du bac… ». Tant de questions qui tourmentent la plupart des Tunisiens plongés dans le flou, à l’approche de la rentrée scolaire 2020/2021.

Emna Bhira