Tunisie/ Réseaux sociaux : Un univers encore et toujours fascinant, mais tant de liens brisés !

16-09-2022

Aujourd’hui, avec l’avènement des réseaux sociaux, nous vivons dans un monde ultra connecté. Facebook, Snapchat, Instagram, liens, pages, groupes, évènements, stories…Demander à n’importe qui de se passer des réseaux sociaux plus de 48 h, et la plupart ressentiront le même effet qu’un drogué sans son produit. En effet, tant de liens sociaux ont été créés en 10 ans, depuis l’apparition de cet univers virtuel, grâce auquel on peut se rapprocher des gens qui sont loin, on peut resauter professionnellement, et on peut sortir de la solitude lorsqu’on est isolé. On peut également se cultiver et accéder à une multitude d’informations en seulement quelques clics.

Les réseaux sociaux ont certes des avantages non négligeables. Pouvoir joindre une personne en quelques secondes, est certainement une belle avancée, rejoindre des groupes de solidarité également…Ce moyen de communication permet de lancer des opérations de grande envergure, par exemple des manifestations, des pétitions, ou encore se faire connaitre en tant qu’artiste ou professionnel.

Pourtant, les réseaux sociaux sont à l’origine de nombreux maux sociétaux. En réalité, ces réseaux, divisent, fragmentent et détruisent le lien social plus qu’ils en créent. Selon une étude britannique, « Status of Mind », réalisé par la Royal Society pour la santé publique (RSPH), Instagram est le réseau social qui suscite le plus d’anxiété chez les jeunes. Corps parfaits, paysages magnifiques, couples heureux, plats délicieux. Un beau monde parfait qui défile via des images publiées tout le long de la journée. Un univers idyllique, quand ce n’est pas la confiance en soi des personnes fragiles qui vole en éclat.

Passer des heures à trouver le meilleur angle pour prendre le meilleur selfie ou photo de profil. Espérer obtenir quelques likes et se faire connaitre du grand public. Il y a une envie constante de se valoriser et de s’exhiber. Le succès des réseaux repose effectivement sur une valeur phare, celle du regard et du voyeurisme. Regarder des photos qui nous font découvrir un « monde meilleur » que le nôtre, provoque de la jouissance et du plaisir. Une curiosité malsaine se crée autour de ces réseaux. On cherche à savoir plus sur les gens, et à ce que ces derniers veulent bien nous montrer.

Il a été prouvé que les réseaux sociaux exacerbent les troubles de l’image chez les adolescents, particulièrement pour les jeunes femmes. Plusieurs reconnaissent qu’Instagram leur fait sentir mal dans leur peau. Cela peut entrainer des maladies graves, comme la dépression ou l’anorexie. Ou des moins graves comme les troubles du sommeil ou de l’estime de soi.

Le plus grave, c’est l’effet de ces réseaux sur la santé mentale des utilisateurs, nous confirment la psychologue Semia Derouiche, dans un entretien accordé à Gnetnews. Elle a évoqué un danger qui va dans les deux sens, qui concernerait les utilisateurs comme les influenceurs qui travaillent via ces plateformes.

Les réseaux sociaux : quel danger pour les utilisateurs et les influenceurs ?

« Nous avons tendance à minimiser  le travail des instagrameurs/influenceurs, alors que pour générer un contenu influent et attirer les regards sur ce monde virtuel, il y a tout un travail de recherche et de création à effectuer, de l’énergie et de la pression subies par ces personnes. Ces derniers vivent à la merci des algorithmes, et sont désormais les esclaves des likes, et des interactions des followers. Pour s’adapter à ce système, ils sont contraints de partager leurs vies privées voire intimes, ils se surexposent, filment leurs maisons, ce qu’ils mangent, leurs familles et entourages, et prennent des risques en s’exposant dans un espace virtuel non régulé par une législation. Ils s’exposent aussi aux critiques, menaces, harcèlement, insultes, et jugements positifs ou négatifs venant de communautés virtuelles, capables de les valoriser ou de les dévaloriser en quelques commentaires…D’ailleurs, leur popularité dépend des utilisateurs, et tout leur travail est tributaire de l’engagement des internautes, qui veulent en savoir plus.

Instagram : Le revers de la médaille

 Au final, se surexposer sur les réseaux peut attirer des personnes malveillantes, et pourtant les instagrameurs tentent sans cesse de nous montrer que le bon côté de leurs vies…Par ailleurs, le fait de mettre en exergue ses richesses, voyages, bijoux, mondanités et un Lifestyle inaccessible pour la plupart de la population, creuse les écarts entre les catégories sociales. Cela peut provoquer les sentiments haineux et l’envie chez certains, ce qui pousse les consommateurs des stories et images de décharger leurs pulsions agressives, sur ces gens. Car filmer tous les détails de sa vie et les rendre partageables avec le grand public peut se retourner contre nous. Il y a le danger de l’instantanéité qui suscite la curiosité chez l’internaute, qui vit une constante attente de la photo suivante qui va leur révéler où est cette personne (Instagrameur) en ce moment,  et que fait-elle. Résultat : les utilisateurs s’attachent à ces personnages virtuels, et oublient qu’il s’agit d’un vrai métier d’influence, ayant pour but de créer  l’addiction des suiveurs. Un effet qui peut provoquer les troubles de comportement, si on n’arrive plus à se détacher et à cerner le fossé existant entre la réalité et l’univers fictif, de mise en scène…

La psychologue Semia Derouiche a appelé à protéger les enfants de l’addiction aux smartphones et tablettes jusqu’à l’âge de 6 ans. Pour les adolescents, il faut contrôler leurs utilisations de ces plateformes. « Plusieurs Youtubeurs, artistes, ou encore des personnalités publiques idolâtrées par les jeunes, partagent des propos haineux, incitent leurs fans à suivre leurs consignes, et les inspirent positivement ou négativement. Certains s’instagrameurs ne sont pas conscients aussi du danger de parler de ses expériences personnelles, des pensées suicidaires,  encourager à l’immigration illégale…Il faut donc faire attention au contenu consommé par les adolescents et les enfants. Pour les adultes, la meilleure chose à faire serait de se détacher de son smartphone, afin d’éviter outre les dangers psychiques des réseaux sociaux, comme l’addiction et la dépression, mais aussi l’influence marketing, qui incite à la surconsommation et les dépenses inutiles, recommande la psychologue.

E.B