Saison des céréales 2024 en Tunisie : D’importants dégâts dans une large étendue des cultures au Nord-Ouest

02-05-2024

La saison des récoltes de céréales en Tunisie est marquée par un mélange d’anticipation et d’appréhension alors que les agriculteurs se préparent à récolter leurs champs de blé dur, blé tendre et d’orge. Une entrevue avec Imed Ouadhour, céréalier dans la région de Bizerte et président de la section régionale du Syndicat nationale des agriculteurs (SYNAGRI), offre un aperçu des défis auxquels sont confrontés les agriculteurs tunisiens.

Des prévisions en baisse

Avec environ 1.100 millions d’hectares de grandes cultures, les attentes pour la récolte étaient initialement optimistes, tablant sur une production entre 9 et 10 millions de quintaux. Cependant, l’absence des pluies cruciales au mois de mars a provoqué une révision drastique de ces estimations, réduisant la récolte prévue d’environ 30%, soit à 6.5 millions de quintaux. Cette baisse significative est attribuée aux changements climatiques qui ont un impact dévastateur sur la production agricole.

Le manque de pluie et l’augmentation des températures, combinés à une période de chaleur intense, ont entraîné d’importants dégâts dans une large étendue des cultures pluviales des régions du Nord-Ouest. Ces cultures dépendent principalement de la régularité des précipitations pour leur rendement, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux conditions météorologiques défavorables.

Ce dernier souligne que bien que la récolte de cette année soit meilleure que l’année précédente, elle demeure insuffisante par rapport aux attentes et aux besoins. « Jusqu’au 11 mars, les prévisions promettaient une bonne saison, mais la hausse des températures qui ont parfois atteint les 30 degrés, a eu des répercussions néfastes dans certaines régions déjà confrontées à un déficit de pluie.

Les pluies irrégulières et les sécheresses croissantes sont des défis constants auxquels les agriculteurs font face. Dans la région de Bizerte, par exemple, les quantités de pluies ont considérablement diminué, avec seulement 30mm de pluie reçus au lieu des 150mm attendus au mois de mars », nous dit-il.

Les agriculteurs en difficulté

Les agriculteurs dépendent des récoltes pour leur subsistance. Lorsque les cultures échouent en raison de la sécheresse, les agriculteurs subissent des pertes financières importantes, ce qui peut compromettre leurs revenus de manière substantielle.

Et les conséquences sont déjà visibles sur les champs, avec certains agriculteurs fauchant le blé avant la récolte en raison de son mauvais développement, utilisant la récolte pour en faire du fourrage et du foin pour les animaux. Cette mesure, autorisée par l’État dans certaines régions, témoigne de la gravité de la situation et de la nécessité de solutions immédiates pour atténuer les pertes.

 « Même les aides gouvernementales, quoique bien intentionnées, se révèlent souvent insuffisantes pour compenser les pertes dues aux aléas climatiques. Même si des pluies arrivent maintenant, elles auront peu d’impact sur la récolte en cours », déplore Imed Ouadhour.

Face à ces défis persistants, la solution réside, selon le céréalier, dans l’agrandissement des périmètres irrigués. « Cela pourrait offrir une certaine résilience face aux caprices du climat et assurer une production agricole plus stable et prévisible à long terme ».

Alors que la saison se poursuit, il est essentiel que les autorités et les parties prenantes travaillent ensemble pour mettre en Å“uvre des solutions durables qui répondent aux défis pressants posés par le changement climatique. L’avenir de l’agriculture en Tunisie dépend de la capacité des autorités compétentes à anticiper et à s’adapter à ces défis de manière proactive et collaborative.

Wissal Ayadi