Tunisie : Le Salon du bâtiment du 23 au 29 Mai au Kram, nouveautés et dernières tendances

24-05-2022

Après deux ans d’absence pour cause de pandémie, le Salon international de la construction et bâtiment, revient dans sa 15ème édition 23 au 29 mai 2022 au Parc des expositions du Kram à Tunis.

« Carthage Expo »réunit plus de 200 exposants venant de toutes les branches d’activité du secteur et 50.000 visiteurs sont attendus.

L’occasion pour les entreprises tunisiennes mais aussi étrangères de présenter les toutes dernières tendances dans les  matériaux de construction et autres accessoires de finitions. Certains promoteurs  n’ont pas hésité à faire le déplacement afin de présenter les biens immobiliers disponibles sur le marché.

Le secteur du bâtiment pâtit d’une crise qui dure depuis plusieurs années. Nous sommes allés à leur rencontre.

Construire une maison ou devenir propriétaire d’un appartement ou d’une villa déjà bâtie, est sur le point de devenir un rêve plus qu’une réalité. En effet, les prix des biens immobiliers ont connu une flambée inédite sur les dix dernières années et les coûts de construction en sont la principale cause.

Hausse du prix des matériaux de construction

Une situation que nous confirme Noureddine Boukhris, Directeur commercial de la cimenterie Jbel Oust. « Ces dernières années, le coût de production a augmenté de manière exponentielle à cause principalement de l’augmentation du coût de l’énergie. Le secteur cimentier est un secteur énergivore.

Le coût d’un sac de ciment est composé à 50% du coût de l’énergie », nous dit-il.

Ciment Jbel Oust

Les cimenteries utilisent l’énergie électrique ainsi que l’énergie fossile à travers le petcoke. « Le coke de pétrole a augmenté d’environ 250% en seulement 2 ans. Et ces derniers mois son prix a encore augmenté à cause de la hausse du prix du baril de pétrole », a-t-il précisé.

De plus les cimenteries, bénéficiaient jusqu’en 2014, d’une subvention de l’Etat sur l’énergie. Sa suppression par le gouvernement de Mehdi Jomâa et la libéralisation des prix ont eu un impact sur les prix du ciment. « La facture qui était partagée, est aujourd’hui supportée en totalité par les sociétés. De plus, les cimenteries payent l’électricité sur un tarif qui est indexé au prix du gaz. Rien que pour le mois d’avril, la facture a augmenté de 70% », ajoute Noureddine Boukhris.

Aujourd’hui un sac de ciment coûte 14,5DT contre environ 11DT il y a seulement un an.

A noter que la production annuelle du secteur cimentier en Tunisie est de 12 millions de tonnes. La consommation nationale ne dépasse pas les 6 millions de tonnes, soit une surproduction de 50%.

Ainsi en 2018, la Tunisie a commencé à exporter le clincker (principal composant du ciment). « Une bonne quantité est absorbée par le marché libyen et il y a des tentatives d’export vers certains pays européens, mais cela ne couvre pas la totalité de l’excédent », indique Boukhris.

Il faut ajouter à cela que l’Etat est un des principaux clients des cimenteries avec la réalisation des grands projets d’infrastructure. Aujourd’hui, ils sont presque à l’arrêt et ne consomment donc plus de ciment comme avant.

Pour les autres matériaux c’est le même constat : une barre de fer coûte aujourd’hui 35DT contre 13DT en 2012, la brick rouge a augmenté récemment de 50 millimes. Ainsi un camion rempli coûte 300DT de plus, sans parler des câbles pour l’électricité, des tuyaux pour la plomberie ou la boiserie.

Les coûts de construction ont subi une hausse vertigineuse due notamment à l’augmentation du coût des matériaux de construction mais aussi de la main-d’œuvre qui a plus que doublé. Aujourd’hui, un maçon est payé 50DT la journée et son ouvrier 35DT alors que leurs tarifs étaient respectivement de 25DT et 10DT il y a encore quelques années.

TMM et TVA en hausse

Nous nous sommes également entretenus avec Yassine Mamlouk, fondateur Arcane Immobilière, spécialisée dans les biens de luxe à Tunis. Le jeune agent s’est orienté dans la vente de biens dits « sur plan ».

« Le secteur de l’immobilier ces 10 dernières années est passé par plusieurs crises: la révolution, le terrorisme, le COVID et aujourd’hui, la guerre russo-ukrainienne. Mais il tient encore debout.

L’immobilier est un besoin fondamental. Il y a de la demande et les Tunisiens ont encore la capacité pour acheter ».

Pour autant, Yassine Mamlouk explique que cet équilibre demeure tout de même fragile. En effet, l’augmentation récente du taux du marché monétaire (TMM) passé à 7% et la reconduction pour trois ans de la TVA à 13% sur les biens immobiliers ne font que rendre encore plus difficile un secteur déjà en crise.

Yassine Mamlouk / Arcane Immobilière

La dépréciation du dinar a fortement impacté le coût des produits importés. « Aujourd’hui pour avoir de la bonne qualité il faut tout importer. Les menuiseries, les sols, les accessoires de plomberie, les ascenseurs… », déplore l’agent immobilier.

En somme, l’appartement qui coûtait 120.000DT en 2010, coûte aujourd’hui prés de 250.000 avec les mêmes caractéristiques.

« Soit on diminue la TVA ou alors on instaure des crédits fixes pour que les Tunisiens puissent continuer à acheter des biens. La classe moyenne est la plus touchée par la flambée des prix de l’immobilier. Ils peuvent encore acheter mais cela dépend des endroits : Mourouj, Borj Louzir, Chotrana, Jardins d’El Menzah, Mnihla sont les derniers quartiers qui restent accessibles. Aux Jardins de Carthage par exemple il faut compter au minimum 4000DT le m2 », indique Yassine Mamlouk.

Wissal Ayadi