Tunisie : Des urgences encombrées, un personnel fragilisé par le virus…l’hôpital dans la tourmente !

25-01-2022

La Tunisie connait un rebond, sans précédent, de la pandémie du covid-19 en ce mois de janvier 2022. A cause de la la forte contagiosité du variant Omicron, le pays enregistre quotidiennement en moyenne 8000 contaminations par jour. Un chiffre qui se répercute également sur le nombre des personnes hospitalisées…

Cette hausse des infections présentera-t-elle des risques sur la prise en charge des malades chroniques ? Un éventuel surpeuplement des services de réanimation, aurait-il un impact sur la population qui nécessite des soins réguliers ?

Des médecins nous répondent à ces questions.

Dans un entretien accordé à Gnetnews, Dr. Rafik Boujdaria, chef de service de médecine d’urgence à l’hôpital Abderrahmen Mami des maladies pneumologiques (Ariana), a confirmé une réduction du nombre des opérations chirurgicales et non leur déprogrammation, pour éviter que la situation des malades présentant de graves pathologies, s’aggrave. 

«  Sinon, les soins et la prise en charge consacrés aux malades chroniques continue comme d’habitude, vu l’ importance du taux de vaccination au niveau national.  Contrairement à ce qui a été adopté durant la 4ème vague de l’été dernier, survenue à cause de la pénurie de vaccin, ce qui a engendré l’annulation des consultations des malades non covid sauf nécessité, à cause de la propagation du variant Delta qui était plus virulent… ».

Le même constat a été confirmé par Dr. Emna Mhamdi, médecin généraliste à l’hôpital de circonscription de Krib (Siliana), une région qui témoigne d’une hausse des infections par le virus avec un taux de positivité est de 57%, selon les derniers chiffres publiés par la direction régionale de la santé à la date du 22 janvier 2022.

Selon elle, malgré le caractère fort contaminant d’Omicron, les médecins continuent à traiter les malades chroniques normalement, vu que ce variant a des effets moins graves sur la santé. « Sans oublier aussi que le taux important de vaccination qui s’élève à 59% au Krib est rassurant », explique-t-elle.

Dr.Mhamdi a aussi rappelé que ce variant touche notamment la tranche d’âge jeune, comme les collégiens et les lycéens, qui viennent dépister massivement ces dernières semaines. « Alors que le variant delta touchait les plus âgées en entrainant leur hospitalisation, le variant Omicron infecte les bas âges, avec des formes plus légères de complication… ».

Prolifération des contaminations dans les milieux hospitaliers

Une autre difficulté se pose au corps médical, ce sont les contaminations qui se multiplient de jour en jour dans les milieux hospitaliers.

L’hôpital de la circonscription de Krib fonctionne avec 1/3 de son effectif d’infirmiers, vu que près de 60 à 70% du personnel paramédical est contaminé par le virus, selon Dr.Emna Mhamdi.

 « Théoriquement, si un test est positif, l’infirmier prend 5 jours de repos et reprend immédiatement le travail après cette période tout en adoptant les gestes barrières. Mais en réalité, le taux d’absence dans les milieux hospitaliers ne cesse de se multiplier, alors que nous serons face à un pic imminent de la pandémie, qui aura lieu dans quelques semaines… ».

A l’hôpital Abderrahman Mami, près de 25 à 30% du personnel hospitalier est contaminé », révèle Dr.Boujdaria, indiquant qu’à la date du 08 janvier 2022, 5 infections ont été détectées dans le corps médical et paramédical en 24h seulement. Ces contaminations sont signalées notamment dans les services d’urgences, précise-t-il.

 Si ces contaminations sont sans gravité, les absences qu’elles engendrent entraînent un manque dans les équipes infirmières, ce qui affecte le travail de ces services qui nécessitent une prise en charge rapide, vu que le nombre d’arrivées dans ces départements sont en hausse…Nous avons même des équipes de 5 infirmières, qui ont été réduite à 2/3 d’effectif », déplore Dr.Boujdaria.

Selon lui,  il y aura peut-être recours aux compensations pour le corps paramédical. « Mais cette formule des heures supplémentaires ne sera pas facile à mettre en place avec un faible effectif de paramédicaux », a-t-il averti.

On se bouscule aux urgences !

S’y ajoute l’encombrement des services des urgences qui seront bientôt dans l’incapacité de recevoir les patients, notamment à l’hôpital Abderrahman Mami, dont les 10 lits de réanimation sont tous occupés par les patients covid+, et cela depuis dimanche 16 janvier 2022. « Ils sont généralement des personnes âgées non vaccinées qui succombent au virus. Les jeunes sont, quant à eux, les plus touchés par Omicron, avec des formes légères d’infection », indique le chef de service des urgences.

Pour éviter de revivre les pires scenarios, un plan de redéploiement régional a été lancé dans les établissements hospitaliers de Tunis, dans le but de renforcer la capacité d’accueil dans les services de réanimation.

« Près de 15 lits supplémentaires ont été sollicités auprès du ministère de la santé pour pouvoir gérer l’affluence des malades durant le pic pandémique prévu  dans une semaine, a dévoilé Dr.Boujdaria.

Emna Bhira