Tunisie : De jeunes talents prennent leur destin en main, des success stories inspirantes

28-01-2022
De jeunes entrepreneurs racontent une histoire de réussite

Ce sont des jeunes qui ont choisi d’être leur propre patron, en se lançant dans l’entreprenariat. Alors que tous les indicateurs économiques sont au rouge en Tunisie, ces jeunes Startupers, créatifs et ambitieux, avec une vision pour l’avenir, sont partis à l’aventure dans le but de concrétiser une idée innovante de projet, qui les passionne. 

En effet, la Tunisie compte plus de 1000 startups et près de 983 entrepreneurs. La plupart de ces startupers ont compté sur leurs compétences, créativité et ingéniosité pour lancer différents projets d’avenir spécialisés dans l’IT, le digital et le e-commerce…Avec ou sans financement dans leurs débuts, et malgré les différentes difficultés et obstacles qu’ils ont dû confronter, ils se sont battus pour pouvoir investir dans leurs business et voir grandir leurs boites au fil du temps… 

Comment ces jeunes ont-ils franchi le pas vers le monde de l’entreprenariat ? Comment ont-ils réussi à convaincre leurs clients et partenaires par leurs idées ? Quelles stratégies ont-ils adopté pour se démarquer sur le marché ? Gnetnews est allé à leur rencontre, pour savoir plus sur leurs libres initiatives.

Tahiti Création : Une solution pour un shopping intelligent 

Le shopping intelligent, c’est ce que Meriem Mseddi a voulu démocratiser à travers sa ligne de vêtements « Tahiti Création ».

Ingénieure financier, elle a quitté son poste de responsable de formation dans une société privée de renommée,  après 4 ans pour se libérer à sa réelle passion : la mode. Guidée par son intuition, elle a lancé un projet de vente de vêtements pour femme, en 2018.

Son concept, était non seulement de créer une ligne de vêtements branchés, fabriqués localement, mais aussi d’offrir à la clientèle tunisienne un produit qui pourra concurrencer les habillements importés qui envahissent nos marchés, et qui affichent des tarifs exorbitants. « Tahiti création se présente comme une autre alternative pour les Fashionistas qui voudraient dépenser moins pour quasiment les mêmes articles, inspirés d’enseignes étrangères très appréciées par les Tunisiennes. L’objectif étant de proposer des prix doux pour des collections tendances, et de très bonne qualité», indique la créatrice.

En parlant de ses débuts, cette créatrice de mode a indiqué qu’elle a démarré par la confection de maillots de bain pour femme et paréos, pour évoluer ensuite vers la création de modèles plus recherchés de robes, chemises, vestes, pantalons, et tailleurs. « Le look « Matchy-Matchy », le fait que la maman et sa fille s’habillent identiquement a attiré les mères de familles, ce qui est devenu la particularité de la marque, à ma surprise », nous confie la créatrice.  Encouragée par les bons retours de sa clientèle, elle a fait de chaque nouvel article un défi, pour séduire les acheteuses. 

Tahiti création ne s’est pas limité à la vente directe à partir d’une boutique. Pour conquérir un plus grand marché, Meriem Mseddi a adopté un autre atout : le e-commerce. 

  « J’ai choisi d’aller vers un public plus vaste. Le e-commerce était donc un passage obligatoire pour atteindre les clientes de toutes les régions de la Tunisie. Avec une page Instagram de Tahiti création, et le recours à des influenceuses qui détiennent le secteur de la mode sur cette application, la stratégie marketing digital a donné ses fruits…Avec la hausse de la demande, j’ai dû ouvrir mon propre atelier de confection. Jusqu’à présent Tahiti Création, n’a pas suffisamment d’articles en Stock. Malgré cela, nous tentons avec nos moyens, de respecter les deadlines de livraison», ajoute-t-elle.

 Nous sommes une équipe d’une dizaine de personnes, restreinte mais efficace, souligne l’entrepreneuse.

Dans cet atelier, nous disposons d’une salle de découpage avec laser, une modéliste styliste, quatre couturières qui s’occupent de l’exécution sur machine, une gestionnaire, un Community Manager, un chargé de la logistique et des livraisons, un service contrôle et après-vente…En effet, nous nous adaptons aux attentes de nos clientes, qui exigent un habillement confectionné soigneusement, avec des tissus de qualité supérieure et un style moderne à l’air du temps ».

Pour les femmes ayant une idée, une ambition, un rêve qu’elle souhaite réaliser, cette jeune entrepreneuse, les conseille de suivre leur intuition, et de ne jamais baisser les bras devant les difficultés, pour savoir rebondir. « Le meilleur moyen pour réaliser son rêve est de passer à l’action et de tenir à ses objectifs », a-t-elle conclu.

FarmTrust : La pandémie a valorisé la consommation BIO

Wessim Khiari, 27 ans, est Co-fondateur de Farm Trust, une plateforme de e-commerce, spécialisée dans la vente et livraison des produits alimentaires locaux 100% BIO. Ce jeune entrepreneur est titulaire d’une licence en gestion des PME. Installé aux Etats Unis après l’obtention de son diplôme, il a été inspiré avec son partenaire Anis Mezgheni, par magasin du coin qui vend seulement des produits organiques et de terroir.

Une fois rentré à Tunis en 2017, les deux jeunes hommes ont eu l’ambition d’entamer un projet similaire. Bénéficiant aussi de connaissances en matière d’agriculture grâce à leurs terrains agricoles familiaux, ils se sont lancés dans la découverte des réseaux d’agriculteurs BIO dans chaque région du pays, des méthodes de livraison, de la clientèle cible…Un business plan a été ainsi dressé, par curiosité. « Et depuis, l’aventure a commencé et le projet a commencé à voir le jour », nous raconte-t-il.

 Mais avant de franchir le pas, les deux partenaires ont tenté d’élaborer encore plus leur idée via leur participation au concours d’entreprenariat « Bloomasters », organisé par la fondation BIAT. « Nous avons été sélectionnés parmi 300 startups, et nous avons aussi bénéficié d’un « Boot camp » de formations, présentées par des experts internationaux en gestion d’entreprises de renommée venant de l’Arabie Saoudite, Turquie,  comme MIT Panarab. Plus tard, c’était le CEO de Flat6lab, Yehia Houry, qui a été attiré par le concept de FarmTrust, et qui a choisi d’investir dans notre projet », nous précise le fondateur de la marque.

Revenant sur le côté innovateur du projet, le créateur de FarmTrust a souligné que le défi réside au niveau du Process.

D’habitude les agriculteurs passent par des intermédiaires, qui vendent la marchandise à des grossistes, qui s’adressent à leurs tours aux autres chaines de distribution.  Après ce trajet, le cout des aliments augmente, et ternissent avec tout ce chemin à parcourir pour atteindre le consommateur. Un deuxième avantage qu’offre la startup, c’est que les aliments sont livrés en moins de 24h depuis leur récolte. La fraicheur est ainsi garantie pour les  plus exigeants », souligne-t-il.

D’après Wessim Khiari, bien que la culture du BIO et du manger sain n’était pas encore ancrée dans nos habitudes alimentaires, la pandémie du covid-19 a vite changé la donne en 2020. « L’apparition du virus a incité les Tunisiens à reprendre soin de leur santé, et à penser autrement. Depuis cette date, l’affluence des acheteurs a augmenté, outre l’intérêt aux aliments naturels qui s’est renforcée », a constaté l’entrepreneur.

 

Plateforme IDARATY, ou comment booster la digitalisation de l’administration

La pandémie du Covid-19 a aussi boosté la visibilité d’IDARATY. Une plateforme tunisienne qui regroupe plus de 1800 procédures en ligne de 3500 administrations, dans le but de faciliter ces démarches aux citoyens. Près de 350 000 visiteurs ont été accompagnées par ce portail, qui traduit les différentes démarches par le dialecte tunisien également.

D’après Ahmed Zoghlami, le co-fondateur d’IDARATY, le site a gagné de la visibilité lors de l’annonce 2020, des mesures sanitaires restrictives aux voyageurs vers la Tunisie, venant des zones classées à cette époque par couleur, selon le taux de positivité par pays… »Nous avons résumé les papiers nécessaires à présenter à l’aéroport sur le portail. Chose, que l’Observatoire nationale des maladies nouvelles et émergentes n’a pas réussi à communiquer convenablement…Les informations précises qu’on fournissait sur le portail ont intéressé 10 000 internautes. Un score record, qui nous a dévoilés qu’on devrait développer cette piste, très utile pour les utilisateurs.

En effet, Ahmed Zoghlami pure produit de l’école publique, est autodidacte. Il n’a pas compté uniquement sur l’apprentissage académique et son diplôme d’informatique obtenu de l’Université de Carthage. « J’ai vite compris que j’avais deux choix devant moi, soit approfondir mes connaissances en un seul domaine avec des études supérieures approfondies (doctorat), soit je multiplie les formations en différents domaines d’actualité qui m’aideront à atteindre mes objectifs. Et mon choix était de développer mon profil, et d’aller vers des expériences variées et enrichissantes dans des ONG, institutions et structures internationales », nous dit-il.

Conscient de l’importance de la digitalisation pour la société, et de la lenteur de la bureaucratie et de la complexité des procédures administratives qui entravent le quotidien de tous les citoyens en Tunisie, l’équipe IDARATY a eu l’idée de présenter une solution numérique pour ce casse-tête quotidien. « Il s’agit de faciliter aussi le numérique pour la population, et de contribuer à la transformation digitale dans le pays ».

Le conseil de ce startuper pour les jeunes qui hésitent encore avant de lancer leurs projets : « Pour créer un projet innovant et pertinent, il faut identifier un problème qu’on cherche à résoudre. Choisir un domaine qui correspond à son expertise. Ensuite opter pour une optique de Design Thinking : « Développer une idée, la tester, pour la transformer en  projet concret ».

Mon resto : Précurseur de la livraison de repas en Tunisie

Nous avons aussi contacté Sami Tounsi, co-fondateur de l’application téléphone Mon Resto, fondée depuis 2008, qui sous traite les livraisons depuis les restos, épiceries fines, et supermarchés. Un créneau qui n’existait pas encore à cette époque…

Diplômé en management de l’Institut supérieur de Gestion (ISG), et d’un MSB en Information System Technologie de l’Université de Maryland, Sami a eu l’idée de créer ce marché de livraison, alors que les restaurants de proximité venaient d’apparaitre en Tunisie.

« Les consommateurs cibles étaient les jeunes  professionnels en début de carrière, absorbés par le travail et qui n’ont pas assez de temps pour se déplacer à la pause déjeuner. Pour leur faire gagner du temps, la livraison aux bureaux était un avantage pour cette population âgée de 25 à 35 ans. Nous avons commencé par un simple site web appelé Mon Resto en 2008, qui a été développé ensuite en application avec l’apparition des smartphones. Le projet a pris un nouvel élan en 2016, pourtant la période n’était pas favorable, crise économique, instabilité politique et sociale…Ensuite Flat6Lab, a investi dans l’application pour booster ses capacités…. ». 

D’après Sami Tounsi, le marché de la livraison a depuis, été conquis par plusieurs concurrents, mais Mon Resto demeure quasiment la seule application tunisienne locale qui travaille sur cette niche.  » La startup génère 18 emplois directs dont des développeurs IT, commerciaux, administrateurs/dispatcheurs, des chargés de service client et des commandes, outre les 60 emplois indirects des livreurs. »

Le co-fondateur de Mon Resto nous a aussi dévoilé quelques secrets de sa réussite en tant qu’entrepreneur :

« Le leadership est le premier atout à acquérir en tant qu’entrepreneur.  Cette qualité se traduit  par une vision claire et bien définie de l’avenir de la startup. S’entourer de co-fondateurs qui partagent les mêmes valeurs et la même passion que vous pour l’idée. A part  la capacité d’influencer et de motiver, il faut savoir communiquer sa vision à l’équipe. Sans oublier de bien s’entourer en termes de coaching et de mentorat, et de s’ouvrir aux conseils pour évoluer… ».

 

 

Emna Bhira