Tunisie/ TICAD VIII : Une chance à saisir pour la reprise de l’investissement et la relance de l’économie

26-08-2022

La Tunisie se prépare à accueillir dans trois jours la huitième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), les 27 et 28 août prochain.

D’importants projets avec des financements colossaux seront proposés par la partie japonaise à l’Afrique dont la Tunisie. Il s’agit donc là d’une occasion exceptionnelle pour le pays de tirer bénéfice de cet événement afin de booster son économie et de se positionner sur les projets qui seront présentés.

Moez Hadidane, économiste, nous donne son analyse sur la question.

Une occasion pour la Tunisie de rayonner sur la scène internationale

Après l’Afrique du Sud et le Kenya, le Japon a choisi la Tunisie pour organiser cette huitième édition du TICAD. Une reconnaissance des relations historiques qui unissent les deux pays.

Ainsi pour Moez Hadidane, le premier bénéfice de cette conférence internationale est avant tout immatériel. « La Tunisie commence à devenir un centre de crédit de quelques régions démocratique dans le monde comme le Japon. Le fait de voir que la Tunisie est le centre de cette conférence mondiale améliore l’image et la crédibilité du pays », nous dit-il.

Il ajoute par ailleurs que le fait que cette conférence soit organisée en Tunisie va permettre de remettre en question l’oeil critique du monde occidental envers la Tunisie. « Le Japon est la troisième puissance mondiale et c’est un pays démocratique qui croit en la Tunisie ».

La Tunisie doit signer le maximum de contrats

Hedi Ben Abbes, le président de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-japonaise a fait savoir que la chambre avait reçu 225 projets du secteur privé, pour les présenter à la partie japonaise pendant la conférence de Tokyo et que 81 d’entre eux avaient été sélectionnés.

Le coût ce ces projets est estimé à 2,7 milliards de dollars. S’ils sont acceptés, ces projets permettraient de créer 35 mille postes d’emploi. D’après Ben Abbes, l’accent sera mis principalement sur sept secteurs: la santé, la digitalisation, l’intelligence artificielle, l’économie bleue, l’économie verte, l’énergie durable et renouvelable, l’infrastructure et la formation.

Ainsi, la TICAD se pose comme étant une des plus importante opportunité pour la Tunisie de booster son économie. « La Tunisie doit tirer profit directement et indirectement des projets qui seront présentés. Signer le maximum de projets ou être partenaires d’une manière ou d’une autre dans le maximum de projets, qui concernent la Tunisie directement ou non, à travers notamment les fournisseurs, les expertises, etc », analyse Hadidane.

Booster les IDE

Cette conférence est également l’occasion pour la Tunisie de remettre en marche les investissements directs étrangers (IDE) qui ont connu une baisse importante ces dernières années.

Selon l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur (FIPA), les investissements étrangers sont passés de 924,1 millions de dinars fin mai 2018 à 981,4 millions de dinars fin mai 2019, à 713,3 fin mai 2020 à 611,1 fin mai 2021 puis à 841,2 millions de dinars fin mai 2022. Ainsi, le flux des investissements internationaux en Tunisie n’a pas retrouvé son niveau de 2019, avant la pandémie du Covid-19.

« Ces IDE permettent à la Tunisie de capter des flux de devise sans endettementet de plus ils vont permettre la création de richesse et d’emplois », souligne l’économiste.

Les causes de la baisse des IDE sont multiples d’après Moez Hadidane. D’abord la révolution de 2011 qui a entraîné un grand nombre de revendications sociales au sein des entreprises étrangères qui ont poussé un grand nombre d’entre elles à quitter la Tunisie. D’autre part, la situation politique du pays, qui depuis plus d’une décennie souffre d’une instabilité politique qui n’encourage pas les investisseurs étrangers à venir. Et enfin, la dévaluation du dinar et une inflation galopante qui les dissuade de choisir la Tunisie pour installer leurs sociétés.

De plus Moez Hadidane explique que le Japon n’a pas d’intérêt politique à investir en Tunisie. « C’est une occasion de mettre un terme à l’idée perçue que les IDE sont considérés comme une ingérence dans la souveraineté du pays. Par le passé le Japon a aidé la Tunisie à plusieurs reprises sans contrepartie d’orde politique ou géopolitique ».

A cet égard, l’expert rappelle notamment l’emprunt « samouraï » effectué en 2014. La Banque centrale de Tunisie avait émis un emprunt obligataire de 50 milliards de yens soit environ 825 millions de dinars tunisiens sur le marché domestique japonais. D’une maturité de 10 ans, ces obligations ont été émises au taux très avantageux de 1,61 %, avec la garantie du Japon, soit le niveau le plus faible de toutes les émissions obligataires réalisées par la Tunisie depuis 1994.

La TICAD est également une occasion pour la Tunisie de conclure des contrats d’export avec le Japon afin de doper le commerce extérieur. Une opportunité pour rééquilibrer ses partenariats afin d’être moins dépendante de l’Europe lorsque celle-ci est aujourd’hui confrontée à une dégradation conjoncturelle en l’occurrence, le choc énergétique et la résurgence de l’inflation.

Wissal Ayadi