Tunisie : Les boutiques de dépôts-vente prennent le dessus sur le troc

10-11-2022

Vêtement, services ou produits alimentaires, il est possible de ne rien dépenser pour en disposer. En effet, le troc fait son grand retour dans le monde.

Une tendance devenue presque un mode de vie pour certains qui y voient là une manière de pouvoir faire des économies et par la même occasion de faire le chemin vers un mode de consommation plus durable.

Le troc c’est quoi ?

Le troc consiste à s’échanger des biens, des services, des produits, des savoirs ou encore des espaces. En réalité tout peut être troqué. Le troc peut être considéré comme étant l’ancêtre de notre économie moderne. En effet, avant l’invention des systèmes monétaires, les échanges se faisant en nature.

Les avantages du troc

Le premier avantage du troc est bien sur l’économie. Dans cette société de surconsommation, où la « fast-fashion » a pris une ampleur importante, l’achat d’objets ou de vêtements dont on se lasse rapidement nous pousse, nous consommateurs, à se retrouver avec des placards remplis à raz-bord dont on ne sait comment se débarrasser. Il y a la solution d’en faire don, certes, mais la crise économique nous contraint à économiser d’avantage.

Le troc s’impose donc comme étant une manière de se faire plaisir en dépensant le moins possible et soulager ainsi notre porte-monnaie.

Autre interêt du troc, la préservation de la nature. A cet égard, le troc donne une seconde vie aux objets, limite les déchets et s’inscrit pleinement dans une économie circulaire et collaborative, s’appuyant également sur la notion d’entraide et de bien-vivre ensemble, sentiment réveillé par la pandémie de Covid-19.

A l’étranger, le troc est en pleine expansion

En France, par exemple, les boutiques de troc font florès. Des événements éphémères sont même  organisés plusieurs fois dans le mois. On les appelle les « Troc Party ». Il suffit, pour les visiteurs, de s’inscrire au préalable, d’apporter les articles qu’ils veulent troquer, à les disposer sur les étals triés par catégories, puis d’aller faire son shopping gratuitement et sans limitation dans le nombre de produits sélectionnés.

Les objets qui n’ont pas trouvé preneur sont ensuite donnés à des associations. Cette méthode a donc un triple avantage. Elle permet de se désencombrer, de faire des acquisitions gratuitement et de faire une bonne action en faisant fonctionner un événement solidaire et plus responsable.

Le troc en Tunisie…un secteur à développer

Le troc en Tunisie est encore loin de faire l’unanimité. En parcourant les réseaux sociaux, nous avons constaté que les pages, les annonces, ou les boutiques consacrées au troc sont quasi-inexistantes.

Certains groupes ont tenté de promouvoir cette nouvelle forme de consommation, sans vraiment de succès. Contacté par GnetNews, les administrateurs de l’un d’entre eux explique que la Tunisie n’est pas vraiment encore prête pour le troc. « J’avais lancé ce groupe pendant la crise du Coronavirus. Très vite, les membres ont commencé à proposer des articles, non pas pour les troquer, mais pour les vendre. Les Tunisiens ont du mal à concevoir le fait qu’on puisse échanger par exemple un pull contre une paire de chaussure. Ce qui les importe c’est la valeur », nous indique Rym.

Il existe bien des enseignes avec le mot « troc » dedans en Tunisie, mais à y regarder de plus près, il s’agit en réalité de boutiques de dépôts-vente, très tendance depuis quelques années. Ces magasins proposent aux particuliers de vendre des articles, en contrepartie d’une commission sur chaque transaction. Sous couvert d’anonymat, la responsable l’une de ces enseignes, nous explique elle-aussi, que si son idée de départ était le troc, elle a vite déchanté, aux vues de la faiblesse de l’offre et de la demande.

Un autre site internet a vu le jour en 2020, appelé « Aya Nbadlou » (aller on échange). Malgré nos demandes d’interview , personne n’a répondu à nos messages. En fouillant leur page Facebook, nous avons observé que cette plateforme consacrée au troc n’a posté aucune publication depuis environ plus d’an.

Ainsi, le troc s’inscrit dans une démarche plus globale, à savoir l’explosion du marché de la seconde main. Pour le moment en Tunisie, ce secteur est dominé par les dépôts-vente, la vente entre particuliers et la friperie, nécessitant dans tous les cas une transaction financière.

Pourtant, le troc pourrait s’imposer comme une alternative économique, écologique et favorisant l’humain afin de faire face à la crise économique qui semble s’installer dans le temps et à une inflation galopante.

Wissal Ayadi