Trump menace de rompre toute relation avec la Chine, la barre des 300 mille morts du Coronavirus dépassée

15-05-2020

AFP – Donald Trump durcit encore le ton face à la Chine sur le coronavirus: le président américain a menacé jeudi de rompre toute relation avec le géant asiatique et assuré qu’il ne souhaitait plus parler à son président.

Le locataire de la Maison Blanche martèle depuis plusieurs semaines que le lourd bilan du Covid-19 — près de 300.000 morts à travers le monde — aurait pu être évité si la Chine avait agi de manière responsable dès l’apparition du virus dans la ville de Wuhan.

Dans un entretien à Fox Business diffusé jeudi, il s’est dit « très déçu » de l’attitude de Pékin et a rejeté l’idée de s’entretenir directement avec son homologue Xi Jinping pour apaiser les tensions.

« J’ai une très bonne relation (avec lui) mais pour le moment, je ne veux pas lui parler », a-t-il déclaré.
Interrogé sur les différentes mesures de rétorsion qu’il envisageait, M. Trump, qui a ces derniers jours évoqué la possible instauration de taxes douanières punitives, s’est montré à la fois évasif et menaçant.

« Il y a beaucoup de choses que nous pourrions faire. Nous pourrions rompre toute relation », a-t-il lancé.
« Si on le faisait, que se passerait-il? », a-t-il poursuivi. « On économiserait 500 milliards de dollars si on rompait toute relation », a encore dit le milliardaire républicain, coutumier des mises en garde sans lendemain.

« Ce qui est arrivé au monde et à notre pays est très triste, tous ces morts », a poursuivi Donald Trump, critiqué aux Etats-Unis pour son manque d’empathie vis-à-vis des victimes.

« Ils auraient pu l’arrêter (le virus) en Chine, d’où il est venu. Mais cela ne s’est pas passé comme ça », a encore dit le président américain, qui briguera le 3 novembre un deuxième mandat et avait fait de la bonne santé de l’économie l’un de ses principaux arguments de campagne.

Pékin affirme avoir transmis le plus vite possible toutes les informations à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et à d’autres pays, dont les Etats-Unis.

Les deux premières puissances économiques du monde sont engagées dans une escalade verbale à l’issue incertaine.

Les économies mondiales mises à bas

Rivalités américano-européennes sur un futur vaccin, tensions renouvelées entre Donald Trump et la Chine : les divisions entre grandes puissances se sont creusées dans la lutte contre le Covid-19 qui a tué plus de 300.000 personnes dans le monde.

Outre les ravages humains, la pandémie de nouveau coronavirus continue de mettre à bas les économies mondiales, avec de lourdes conséquences sociales.

L’Allemagne se prépare à la récession : attendu vendredi, le produit intérieur brut devrait donner un avant-goût du choc infligé par la catastrophe sanitaire à la première économie européenne. Pour 2020, le gouvernement prévoit une récession de 6,3%, la plus forte depuis le début des calculs en 1970.

Les ministres des Finances de la zone euro doivent se réunir vendredi à Bruxelles pour discuter de la riposte à la crise.

De l’autre côté de l’Atlantique, près de 3 millions de personnes se sont inscrites au chômage en une semaine aux Etats-Unis, qui compte désormais 36,5 millions de chômeurs – près de 15% de la population active – depuis l’arrêt brutal de l’économie mi-mars en raison des mesures de confinement pour endiguer la progression du virus.

« Des décisions difficiles nous attendent », a prévenu de son côté Gavin Newsom, le gouverneur de Californie – 5ème économie mondiale – qui prévoit cette année un déficit de 54 milliards de dollars et des coupes sombres, notamment dans des programmes visant les plus démunis et les subventions à l’enseignement public.

Pour stopper l’hémorragie, le président Trump assène qu’il est temps de « retourner au travail », alors que la moitié des Etats américains ont commencé à reprendre une partie de leurs activités commerciales.

La récession a déjà frappé de nombreux pays: en Italie, des millions de « nouveaux pauvres », contraints de recourir à l’aide alimentaire, ont fait leur apparition et en Inde, le confinement a provoqué un exode de travailleurs migrants, petites mains des grandes villes privées de leur gagne-pain. Mais la solution que tous attendent est un vaccin contre le virus, apparu en décembre en Chine.

Plus de 100 projets pour trouver un vaccin

Au vu des efforts déployés, il pourrait être disponible dans un an, a estimé jeudi l’Agence européenne du Médicament (EMA). Une perspective « optimiste », a nuancé Marco Cavaleri, directeur de la stratégie à l’EMA, dont le siège est à La Haye.

Plus de 100 projets ont été lancés dans le monde et une dizaine d’essais cliniques sont en cours pour tenter de trouver un remède contre la maladie, qui a fait 300.140 morts et contaminé 4.403.714 personnes sur la planète, selon un nouveau bilan.

Mais le sujet aiguise les convoitises et les rivalités.

Le géant pharmaceutique français Sanofi a provoqué l’indignation en Europe en annonçant qu’il distribuerait un éventuel vaccin en priorité aux Etats-Unis, qui ont investi 30 millions de dollars pour soutenir ses recherches.