Trump relance l’offensive contre Pékin mais accorde une trêve à ses alliés commerciaux

10-04-2025

Dans un spectaculaire revirement, le président américain Donald Trump a durci le ton contre la Chine tout en temporisant ses attaques contre d’autres partenaires commerciaux. Un double mouvement qui bouleverse les marchés mondiaux.

La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine franchit un nouveau cap. Mercredi, Donald Trump a annoncé une nouvelle hausse des droits de douane sur les produits chinois, portant les surtaxes à 125 %, contre plus de 100 % précédemment. Le président américain justifie cette décision par le « manque de respect » de Pékin et accuse la Chine de « dépouiller les États-Unis », selon un message publié sur son réseau Truth Social.

Dans le même temps, Washington accorde une trêve de trois mois à plus de soixante autres pays, en suspendant certaines surtaxes douanières. Cette décision inattendue a immédiatement été saluée par les marchés : Wall Street a rebondi après plusieurs séances de chute, et les cours du pétrole, affaiblis par les craintes de récession, sont repartis à la hausse.

Une escalade inquiétante

Quelques heures seulement avant cette annonce, les États-Unis avaient entamé l’application de surtaxes de 20 à 24 % sur les produits en provenance d’une soixantaine de partenaires commerciaux, notamment européens et asiatiques. La Chine, visée plus sévèrement avec un taux initial de 104 %, avait répliqué dans la foulée, annonçant qu’elle augmenterait ses propres droits de rétorsion à 84 % dès jeudi.

Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé les mesures américaines et promis des « réponses fermes pour défendre les intérêts légitimes » de son pays. Washington, de son côté, met en garde les pays qui envisageraient de suivre Pékin dans l’escalade, le ministre des Finances Scott Bessent allant jusqu’à qualifier une telle posture de « suicidaire ».

L’Europe entre résistance et prudence

Déjà ciblée depuis mars par des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium, l’Union européenne a adopté ses premières mesures de riposte : près de 20 milliards d’euros de produits américains, allant du soja aux motos en passant par le riz, sont concernés. Bruxelles se dit néanmoins disposée à suspendre ces sanctions en cas d’accord « juste et équilibré » avec Washington.

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz appelle, lui, à une réponse « européenne commune », tandis que Londres, moins touché par les sanctions, préfère accélérer les négociations bilatérales avec les États-Unis dans un contexte géopolitique mouvant.

Un bouleversement de la mondialisation en cours ?

La crise actuelle fait planer de lourdes menaces sur le commerce mondial. Les experts redoutent une poussée de l’inflation, une contraction de la consommation et une remise en question profonde des chaînes de production internationales.

Par ailleurs, les tensions sino-américaines pourraient déboucher sur une escalade diplomatique. Pékin a déjà appelé ses citoyens à faire preuve de « prudence » face aux risques liés aux voyages aux États-Unis, une mesure lourde de symboles.

À quelques mois des élections américaines, Donald Trump semble déterminé à transformer la guerre commerciale en duel politique, quitte à secouer l’ordre économique mondial.

Gnetnews