Tunisair est en train de « survivre pour peu de temps » (Elyes Mnakbi)

15-05-2020

« L’épidémie nous fait beaucoup de mal, mais nous vivions déjà une période difficile avant», a déclaré le PDG de Tunisair, Elyes Mnakbi dans un entretien avec Le Point Afrique, en ajoutant sans vouloir dramatiser : « Nous sommes en train de survivre pour peu de temps. »

Un plan de sauvetage vient de s’ajouter au plan de restructuration signé en mai 2019. Il a été déposé sur le bureau du nouveau ministre des Transports, Anouar Maârouf. Document qui liste un arsenal de requêtes afin de ne pas frôler « l’article 388 du Code des sociétés commerciales, celui qui induit la faillite quand la compagnie a consommé ses fonds propres par rapport à son capital ». Du classique en ces temps dramatiques : demande du report des échéances pour six mois, report des dettes avec le Trésor public, exemption de charges… « Il nous faut cent millions de dinars d’ici fin mai afin de payer les salaires et les primes, pouvoir redémarrer l’entreprise, payer nos fournisseurs, acheter du carburant », égrène Elyes Mnakbi, précisant que « ça urge ! ». Les Airbus attendus pour 2021 (trois Airbus Neo) et 2022 (2) vont être l’objet de renégociation. La société risque d’avoir « recours au chômage économique de mai à octobre pour une partie importante de son personnel », poursuit-il.

Les déboires de Tunisair ne datent pas de 2020. Selon une source interne à la compagnie, « depuis sa création en 1948, elle a été rentable jusqu’en 2009, affichant pour cet exercice cent millions de dinars de bénéfices ». La révolution survient, provoquant mécaniquement un ralentissement de l’économie. Les effectifs augmentent jusqu’à 7 500 employés pour l’ensemble du groupe, la société mère et ses six filiales. La masse salariale bondit de 220 à 380 millions en six ans. En 2014, le conflit en Libye met un terme aux 69 vols hebdomadaires. Cinq cent mille passagers par an disparaissent ainsi qu’un avantage non négligeable : les avions s’alimentaient à prix très avantageux en kérosène libyen.

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