Tunisie/ 08 Mars : Les luttes s’intensifient pour améliorer la condition des femmes et aller plus loin que le CSP

08-03-2023

A l’instar de la communauté internationale, la Tunisie célèbre ce mercredi 08 Mars, la journée internationale des droits des femmes. Une occasion renouvelée pour s’arrêter à la condition de la gent féminine dans nos contrées, réputée pour être avant-gardiste, dans la région arabo-musulmane, à la faveur d’un arsenal législatif avancé. Même si le hiatus persiste entre le texte et le contexte.

Qui dit femme tunisienne, dit Code du statut personnel promulgué le 13 aout 1956, à peine quelques mois après l’indépendance du pays. Initié par Bourguiba, le CSP a promu le statut de la femme tunisienne, et lui a conféré une place de choix dans la société, unique et sans pareille à l’époque dans sa région ; à travers notamment l’abolition de la polygamie, l’abrogation de la répudiation, l’institution du consentement mutuel entre époux pour le mariage, etc.

Depuis des avancées ont été réalisées, et des textes progressistes n’ont cessé de paraître pour servir la cause de la femme, et en faire l’égale de l’homme, et sa partenaire.

En 67 ans d’indépendance, la femme tunisienne s’est émancipée, s’est affranchie, peu à peu, des archaïsmes et des stéréotypes, et a investi tous les champs d’activités, y compris ceux que l’on croyait, naguère, l’apanage de l’homme.

Cette évolution portait, en elle-même, les germes de nouveaux combats pour la réalisation et la confirmation de soi, au mépris des difficultés et des défis.

La citadine et la rurale, à chacune ses heurs et ses malheurs !

La Tunisie en est une et indivisible soit, la condition féminine n’est pas, en revanche, homogène et unique. Il y aura autant de conditions et de vécus, que de femmes, et ce n’est pas la philosophie et la psychanalyse qui le contrediront.

Mais, disons pour faire court, que la ligne de fracture reste nette et palpable entre la femme citadine, et la femme rurale. L’une serait-elle mieux lotie que l’autre ? Ou, posons la question à l’envers, moins avantagée et moins favorisée que l’autre ? Là aussi, comparaison n’est pas raison, et l’analogie ne pourrait avoir lieu d’être, à plein d’égards.

D’instinct, on a tendance, néanmoins à affirmer, que la citadine est privilégiée, celle qui, après avoir fait des études, investi la sphère active, réalisé son indépendance financière, et entré, pour certaines, dans le champ public etc., aura épousé, ainsi, l’ère contemporaine, accédé aux standards de la vie moderne, et tiré profit du confort et des facilités qu’elle offre.

Là où la femme rurale est toujours confrontée à la rudesse d’une vie dépouillée, obligée qu’elle est de subvenir aux besoins de sa famille et de nourrir des bouches, en se réveillant aux aurores, pour travailler dans les champs, et remuer de ses mains rêches une terre, qui, bon an, mal an, reste, quasiment, sa seule source nourricière.

Tant en ville, que dans la ruralité, les femmes ne sont pas, néanmoins, à l’abri des souffrances, des tourments et des aléas de la vie. L’une est prise dans le tourbillon d’un quotidien où tout avance rapidement, d’un stress permanent, et d’une solitude intérieure que rien ne vient combler. Elle devra, de surcroît, toujours témoigner de performances, et se plier aux exigences que lui impose l’entourage et la société : Etre une bonne épouse, une ménagère soignée, une mère attentionnée, et une employée exemplaire…la femme citadine est toujours habitée par ce devoir d’exemplarité, cherchant à être irréprochable, même si elle finit par s’oublier elle-même.

Alors qu’en milieu rural, ces femmes qui, certes, se livrent à un combat quotidien pour apprivoiser des réalités dures, se prévalent d’une certaine sérénité, corollaire, de la simplicité, de la sobriété, et de ce temps qui s’égrène, dans la lenteur et le calme, loin du vacarme tonitruant des grandes villes.

La condition de la femme est ce qu’elle est en Tunisie, la cause féminine est toujours vivante, notamment chez celles qui ont choisi le combat politique et civil, revivifiant à chaque occasion, cette flamme militante pour cumuler encore plus de droits politiques, civils, mais essentiellement socioéconomiques, à même d’améliorer la condition féminine.

La bataille se fait, particulièrement, à ce stade en Tunisie, sur le champ de la préservation de la dignité des femmes, de leur intégrité physique, psychique, et morale, de leur droit à une source de revenu, garante de leur indépendance financière et économique. Les luttes contre les violences se renforcent et se multiplient, mais les chiffres, sont inexorablement, sur une courbe ascendante. Les descendantes d’Eve, de tous les milieux, et dans tous les espaces, sont victimes de violences, et d’actes humiliants, sous toutes les formes…des atteintes qu’elles vivent dans leur chair, dans les larmes et la souffrance, mais toujours, avec une force tranquille, une patience, et une endurance…dont elles sont les seules à détenir le secret, pour pouvoir dire et se convaincre, que demain sera un autre jour.

Ce faisant, cette journée du 08 Mars est fêtée en Tunisie, par les pouvoirs publics et la société civile, chacun à sa manière.

L’association tunisienne des femmes démocrates lance ce mercredi, l’assemblée des femmes en Tunisie, « en vue de placer les droits des femmes au cœur des politiques publiques ».

Le gouvernement avait annoncé la veille le nouveau programme, Samida, destiné aux femmes victimes de violence, en vue d’en renforcer l’autonomisation économique et la résilience.

H.J.