Des Tunisiens militent pour remplacer la voiture par le vélo en ville et au-delà

03-06-2022

Faire du vélo est pour plein de gens une passion, un moyen de divertissement et de défoulement. Pour d’autres, il s’agit d’un acte d’engagement pour l’environnement, qui contribue à la préservation de la planète de la pollution.

En Tunisie, le recours au vélo pour se déplacer est en train de gagner du terrain, malgré l’absence des pistes cyclables dans la plupart des routes.

En effet, cette nouvelle culture ancrée de plus en plus chez les nouvelles générations, est apparue comme une réponse aux crises environnementales, des transports en commun non opérationnels, de la marche à pied compromise à cause de l’absence des infrastructures cyclables… S’y ajoutent la crise de la santé publique, dont l’incapacité de la sécurité sociale à couvrir les maladies, et la recrudescence des maladies de la sédentarité. Outre le pouvoir d’achat réduit et  l’augmentation du prix du carburant et des voitures.

C’est ce que nous a dévoilé Wiem Ouardani, chargée administrative à « Vélorution », une association qui est fondée dans le but d’encourager l’utilisation de vélo dans l’espace urbain comme alternative à la voiture et protéger notre planète. 

Développement de la culture du vélo

En nous expliquant l’ampleur de cette activité sportive, la représentante de « Vélorution » a indiqué que depuis la fondation de cette association en Tunisie, 800 personnes ont appris à conduire le vélo depuis 2018, via des formations pour adultes organisée par « la vélo école ». Cet établissement vise à multiplier le nombre de cyclistes à Tunis mais aussi à la Marsa, Jendouba et Soussa. Il y a eu aussi la création de la maison du vélo « Dar bisklette » ; le premier centre culturel pour le développement de la culture du vélo en Tunisie, dans le monde arabe et en Afrique.

Plusieurs services y sont proposés comme la location de vélos, des ateliers de réparation, bibliothèque, conférences, hébergement des cyclotouristes, urbanisme. Près de 16 sites de parking à vélo ont été installés, 3 études de pistes cyclables ont été également réalisées pour les villes d’Ariana et Jendouba…

Des souks de bicyclettes sont aussi organisés pour les amateurs et les professionnels, ainsi que des manifestations urbaines à vélo,  pour sensibiliser les citoyens et les autorités à l’utilisation du vélo, à Tunis mais aussi à Sousse, Jendouba, Bizerte, Sfax…

 La nouveauté est proposée par le service cyclotourisme « Visit Tunis By Bike ». Cette activité offre une découverte de la rue « autrement »pour tout le public et les étrangers également, via 5 circuits :

Belvédère, Medina de Tunis, Perle du Lac, Carthage Sidi-Bousaid, Street Art.

Nomadic Bike and Trail, ou comment découvrir la Tunisie à vélo

Parmi les adeptes de la philosophie « Vélorution », il y a ceux qui ont allié camping et vélo. Une pratique qui donne plus de richesse à cette expérience écologique et sportive en même temps.

Nous avons appelés Anis Feriani, membre du club « Nomadic Bike », fondé par Selim Yahyaoui, cycliste qui propose des tournées en bicyclette, à travers le pays.

Dans un entretien accordé à Gnetnews, Anis a parlé des avantages de ce club, notamment pour la jeune population. « Nous faisons du cyclotourisme dans les zones non touristiques de la Tunisie, souvent méconnues et avec peu de moyens…En compagnie d’un groupe de campers ou en solo, nous prenons la route, à la découverte de nouvelles destinations au nord-ouest du pays, aux fins fonds des Gorges de Selja ( Métaloui), ou encore dans le Sud de la Tunisie à Tozeur et dans d’autres gouvernorats ».

Le plaisir de se libérer des circuits touristiques classiques, de rencontrer les locaux, et les habitants de ces régions est inégalable. Le fait d’échanger avec eux, de témoigner de leur générosité et d’écouter les histoires héritées de génération en génération, nous montre à quel point notre pays est riche de sa diversité et de ses paysages naturels, ajoute Anis Feriani.

« Pour la plupart des participants, la Tunisie se résume en 4 ou 5 régions qu’on connait par cœur, pour les « Nomadic Bikers », notre pays est si vaste qu’on n’a plus besoin de voyager ailleurs, pour vivre le dépaysement ».

En parlant des avantages du camping en vélo, ce passionné de la bicyclette a évoqué l’importance de s’adapter à la nature. « Avec peu de moyens, en plein milieu de nulle part, sans eau ni électricité, nous profitons pour nous ressourcer sans les commodités de la vie urbaine. Cette expérience souvent partagée avec des cyclotouristes, nous a ouvert sur d’autres cultures, ce qui a,  également, renforcé nos capacités linguistiques ».

Pour Anis, ce genre d’activité ne vise pas seulement le reconditionnement physique ou mental, c’est surtout une occupation de qualité pour les jeunes. « La plupart de la tranche d’âge de 20 à 35 ans ne pense qu’à quitter le pays, alors que les touristes qui visitent la Tunisie rentrent impressionnés par les richesses culturelles, naturelles et patrimoniales dont on dispose dans tous les gouvernorats ».

 

E.B