Tunisie : Des pistes de solutions pour améliorer les politiques de l’Etat et relancer l’économie

04-11-2019

Le ministre de l’enseignement supérieur, et de la recherche scientifique Slim Khalbous a révélé ce lundi que les budgets les plus importants alloués par l’Etat au développement, ont été consacrés aux gouvernorats de Sidi Bouzid et Douz, mais il n’y a eu ni concrétisation ni suivi de projets…

Intervenu lors de la conférence nationale intitulée « La Tunisie à l’horizon de 2030 », organisée les 4 et 05 par le centre des études et recherches économiques et sociales (CERES), pour faire un état des lieux des politiques suivies depuis la révolution, et examiner les solutions préconisées pour relever les défis, Khalbous a souligné qu’il ne faut pas s’attendre aux résultats escomptés, lorsqu’on consacre des budgets colossaux au développement dans les régions, où l’économie souterraine et la contrebande règnent encore.

Il a appelé à l’activation urgente des politiques de l’Etat pour traiter le problème du marché parallèle, après quoi, il faudra attendre de 10 à 15 ans, pour en faire disparaitre les séquelles »

Le ministre de l’enseignement supérieur a, par ailleurs, évoqué les défaillances de l’administration tunisienne, qui compte actuellement plus 700 000 fonctionnaires…

 « Ces fonctionnaires répètent les mêmes tâches depuis des années. Actuellement, les choses se sont empirées ; un effectif de 7 personnes se partage une seule tâche, qui pourrait être réalisée par deux personnes au maximum », a-t-il déploré.

 « L’encombrement de l’administration en a aggravé la situation, et a rendu la réforme encore plus difficile ».

Khalbous a recommandé des formations à long terme, pour l’ensemble des fonctionnaires,  afin d’améliorer les méthodologies de travail redondantes ancrées depuis des décennies…

Quant aux problématiques de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, il a souligné que l’université souffre encore de plusieurs anomalies, comme la faiblesse des salaires des enseignants qui n’encourage pas la production en matière de recherche scientifique…

Il a aussi évoqué les tiraillements intérieurs qui apparaissaient au sein des établissements universitaires, lors de chaque élection des doyens, et des chefs de départements…

« Les professeurs non élus se considèrent comme étant dans « l’opposition », et commencent à entraver les efforts de leurs collègues. Tout cela à cause de la culture des clans… »

« L’université doit panser ses blessures. Il faut être bien avec soi pour pouvoir aider les autres ».

Khalbous a également appelé à repenser le rôle des syndicats, qui devront rompre avec la culture revendicative. «Un syndicat est fait pour superviser et proposer, et non pas pour qu’une minorité syndiquée, ait le pouvoir de bloquer le fonctionnement de tout un secteur.

Par ailleurs, « les syndicats tunisiens, doivent opter pour des revendications plus réalistes, qui correspondent aux moyens de l’état », conclut-il.

Un tissu économique incapable de créer de la richesse

D’autre part, l’ancien ministre des Finances, Elyes Fakhfakh s’est penché sur la composition du tissu économique en Tunisie. Il a indiqué qu’il est composé de quelques 700 000 acteurs économiques, dont 50 000 apportent moins de 2% en terme de recettes fiscales.

« Les entreprises SA et SARL forment une base de 140 000 sociétés, dont 80 000 sont actives et 3000 entreprises seulement, font des chiffres d’affaire supérieur à 5 millions de dinars par an (1.5 millions d’euros).

Fakhfakh a expliqué que l’économie est basée essentiellement sur la création de richesse à travers l’investissement, et la création d’emploi, pour contribuer à la croissance économique.  « Or la plupart des entreprises en Tunisie sont en train de créer des emplois précaires et informels, car ils n’ont pas confiance dans l’avenir du pays ».

Le problème aussi, c’est que ces mêmes entreprises qui bénéficient de moins de 5 millions de dinars par an, n’ont pas la taille suffisante pour recruter massivement, en plus elles sont généralement concentrées dans quelques zones du pays.

L’ancien ministre des Finances a révélé également que depuis 2011, la Tunisie s’est focalisée sur d’autres priorités, sans avoir la moindre vision pour changer de modèle économique ou pour instaurer une approche de consolidation, « malgré cela on a pu éviter l’effondrement économique ».

« En effet, les gouvernements consécutifs avaient d’autres défis à relever, comme la construction démocratique (société civile, instances indépendantes…), le défi sécuritaire, l’union nationale, et la protection de la souveraineté… ».

Emna Bhira