Tunisie/ Détergents, savons, shampoings… après l’envolée, leurs prix ont-ils réellement baissé ? (Reportage)

09-09-2021

La bataille pour la baisse des prix continue d’animer les décisions de la présidence de la République. Ainsi depuis plusieurs semaines, certains secteurs ont vu leur prix être plafonnés par l’Etat. Après la volaille  et les pommes de terre c’est au tour des produits détergents et d’hygiène.

Tout le monde s’accorde à dire que l’eau de javel, les détergents, les shampoings et autres savons ont connu une hausse importante des prix en seulement quelques années. Pourtant il s’agit là de produits de base et qui devraient être accessibles à toutes les bourses.

Après l’appel de Kaïs Saïed en faveur d’une amélioration du pouvoir d’achat par le biais de la baisse du prix de vente de certains produits, le ministère du commerce a annoncé la semaine dernière la fixation des marges bénéficiaires de certains articles ménagers et cosmétiques et ce à partir du 1er septembre: l’eau de javel et les détergents en poudre et liquide, les shampoings, les savons, les dentifrices et les déodorants.

Ainsi, ces marges ont été fixées à 5% pour la vente en gros et de 10% pour la vente en détails. Le même ministère a précisé dans ce sens que le calcul des marges bénéficiaires s’effectue sur la base des prix d’achat net après avoir fait la déduction des taux de réduction, que le cumul entre le deux marges est interdit et que les contrevenants s’exposent à des poursuite.

Afin de savoir si ce plafonnement s’est répercuté sur les prix de vente, nous nous sommes rendus dans une célèbre chaine de supermarchés situé dans la quartier de Riadh El Andalous à l’Ariana. Nous nous sommes adressés à une employée du magasin sur la baisse du prix de ces produits. Elle explique que seuls certains produits de marque locale ont  procédé à une réduction. « La seule grosse différence se situe sur la lessive en poudre de marque locale. Les petits sachets ont connu une baisse d’environ 200 millimes et le grand paquet de 2,5 kilos se vendait 23 dinars maintenant il est à 18DT », nous dit-elle. Précisant que ce prix était normalement pratiqué lors de promotions uniquement.

Pour l’eau de javel, les prix n’ont pas bougé. Pour une bidon de 3L il faudra débourser en moyenne 2,5DT ou près du double pour une eau de javel parfumée (4,8DT).

En ce qui concerne les shampoings, les prix oscillent entre 2DT et 4DT pour les produits Made in Tunisia et entre 6DT et 19DT pour les marques internationales. Ainsi, la jeune employée affirme que seuls les produits locaux ont connu une baisse d’en moyenne 500 millimes.

Pour autant, les prix des dentifrices n’ont pas changé. Il faudra compter entre 2DT et 11DT pour un tube selon la marque. Idem pour les déodorants, venus en moyenne 3DT pour les marques tunisiennes et 12DT pour les marques importées.

Ainsi, il semble que les industriels ne soient pas vraiment prêts à faire des efforts pour faire baisser les prix. Les réductions sont pour le moins symboliques. Contactés par téléphone à de nombreuses reprises, plusieurs industriels du secteur des produits d’entretiens et d’hygiène n’ont pas souhaité répondre à nos questions sur ce sujet.

Selon certains économistes, cette lutte acharnée contre la hausse des prix menée par l’Etat n’est rien de plus que de la poudre aux yeux. C’est le cas de Moez Joudi. Dans un post publié sur les réseaux sociaux,  il a vivement critiqué les récentes décisions prises par le ministère du Commerce vis à vis du plafonnement des marges. Ainsi, il explique que ce ne peut conduire qu’à une détérioration de l’économie tunisienne car cela nuit aux systèmes de production.

Il affirme également que ce genre de pratique laissera inéluctablement la porte ouverte à l’augmentation des prix et à une pénurie et donc à un contre-effet.

Dans un autre registre, le président de la chambre syndicale des grandes surfaces, Hédi Baccour a annoncé la décision prise par les grandes surfaces de vendre une grande partie des fournitures scolaires aux prix de revient et sans marge bénéficiaire, pendant la période du 5 au 26 septembre. Une décision prise après un entretien le week-end dernier entre le chef de l’Etat Kaïs Saïed et le président de l’UITICA Samir Majoul.

Pour savoir si cette mesure est entrée en application, nous nous sommes rendus dans un hypermarché de la capitale dans lequel nous avions déjà réalisé un reportage sur les prix des fournitures scolaire… a notre grande surprise, les prix n’ont pas bougé. Un vendeur présent dans le rayon nous indique qu’aucune directive n’a été donnée quant à la modification des étiquettes.

Wissal Ayadi