Tunisie : Diversifier le tourisme tunisien, et sortir du tout balnéaire

« Réinventer le tourisme en Tunisie », tel était le thème de la journée d’étude organisée ce mercredi 16 octobre par l’amicale des gouverneurs et le Forum de l’Académie Politique (FOAP) avec le soutien de la Hanns Seidel Stiftung.
Le tourisme est l’un des piliers de l’économie tunisienne, et contribue dans une proportion de 13.8% au PIB (2018). Durant la même année, ce secteur a permis la création de 389 000 emplois.
Selon Abbès Mohsen, ancien PFG de la société hôtelière et touristique, la Tunisie a reçu l’année écoulée près de 8 300 000 de touristes, issus de différents marchés.
« A peu près 430 000 sont des maghrébins, 750 000 sont des français, 275 000 allemands, et 60 000 sont des russes. Ils ont généré un total de 4 milliards de dinars en 2018.
Pour l’année 2019, le nombre de touristes atteindrait les 9 millions.
« Si le tourisme en Tunisie n’était pas que balnéaire, se limitant principalement aux zones côtières, ces chiffres auraient doublé les prochaines années », a confié Mohamed El Aziz Ben Achour à Gnetnews.
« Il faut assurer une continuité des efforts déployés dans les années 2000 pour promouvoir davantage le tourisme culturel, et le tourner vers l’intérieur du pays, a-t-il ajouté, en insistant sur l’intégration du patrimoine dans les circuits touristiques.
« La prépondérance du tourisme « soleil », « plage », est responsable du manque de diversification du tourisme tunisien ».
Par ailleurs, l’ancien ministre de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine, a appelé à la réhabilitation de l’image de la Tunisie, en essayant de l’imposer comme un pays de la culture et de la tolérance.
« Le défi énorme qui reste à réaliser, c’est de combattre le discours identitaire agressif, et le rejet de l’autre, voire le rejet de la modernité ».
A ce sujet, Mohamed Smaoui l’ancien ministre du Tourisme a rappelé que la Tunisie dispose de 2000 sites archéologiques et patrimoniaux, dont 50 seulement sont payants.
En 2018, deux millions de touristes ont visité ces lieux, et ce chiffre a baissé en 2019, soit 600 000 visiteurs seulement qui ont adopté les circuits culturels…
Cette baisse de la fréquentation des musées, revient à l’évolution du produit touristique et de l’offre, a expliqué Smaoui. Selon lui les touristes favorisent les formules « all inclusive » car ils cherchent plutôt la sécurité. Après l’attentat du musée de Bardo, les étrangers évitent de se rendre aux musées en particulier.
« Ceci explique aussi la régression du nombre des touristes culturels qui se rendent chaque année à la mosquée du Barbier (mausolée de Sidi Sahab) de Kairouan, qui a baissé de 60% en 2019 ».
« Ce monument en particulier est un passage obligatoire pour les touristes culturels. A cause de l’insécurité et de l’image du Kairouan qui a changé, ce type de visiteurs en particulier, ont de plus en plus tendance à éliminer la Tunisie de leurs destinations… »
En effet, l’exclusion de la population locale du processus de décision, le manque de conscience quant à la valeur du patrimoine tunisien, figurent aussi parmi les premières causes de la dévalorisation de ces monuments historiques…
« Il est vrai que la rénovation du musée du Bardo lui a donné un nouvel élan. Le problème provient de longueur des travaux, et la réouverture qui est passée inaperçue, pourtant cette occasion aurait pu raviver le secteur.
« Comparée au musée d’Alexandrie en Egypte, et l’ampleur de son ouverture, ainsi que la taille du projet, la Tunisie semble encore dépassée… »
Pour remédier à cette situation, Mohamed Smaoui a appelé au développement du tourisme local et régional, à travers la révision du chapitre VII de la constitution, sur le pouvoir local.
Emna Bhira