Tunisie : Fruits secs, pâtisseries traditionnelles…tendances en termes de variété et de prix à l’approche de l’Aïd el-Fitr

04-04-2024

Cette année, comme les précédentes, l’arrivée de l’Aïd El Fitr est accompagnée de la douce odeur des pâtisseries traditionnelles. Cependant, un examen attentif des prix révèle des tendances plutôt à la hausse, influencées par les fluctuations économiques et les préférences des consommateurs.

Les carnets de commandes pas très remplis

Nous nous sommes d’abord rendus dans une célèbre enseigne de pâtisseries tunisiennes il est évident qu’il y a une hausse notable des prix. Alors que l’Aïd El Fitr est prévu dans quelques jours seulement, les clients ne sont pas nombreux. « Rares sont les gens qui ont passé commande cette année. Si l’année dernière c’était déjà compliqué, cette année c’est pire », déplore la vendeuse qui essaye de rendre son étal le plus attrayant possible.

Les pâtisseries à base d’amandes et de noisettes sont proposées entre 58 et 70DT par kilo.

Les pâtisseries à base de pistaches et pignons ont enregistré la plus forte augmentation, sont compris entre 88DT et 140DT le kilo.

Pour tout ce qui est pâtisseries traditionnelles comme la « Grayba » et les « Makroudh », ils sont affichés entre 14DT et 30DT/kg.

Hausse des fruits secs en vrac

Cette hausse des prix en boutique peut être attribuée en partie à l’augmentation des coûts des matières premières. En effet, une visite dans un magasin de fruits secs en vrac révèle une augmentation significative des prix en 2024.

Les amendes sont désormais proposées à 40DT pour la qualité la moins bonne contre 30DT l’année précédente. Les noisettes ont également subi une hausse, passant de 52DT en 2023 à 61DT cette année. Quant à la pistache, son prix a grimpé de 95DT à 105DT par kilo.

Pour ce qui est des pignons, produit qui peut désormais être considéré comme luxueux, ils sont proposé à 135DT/kg pour la variété locale (contre 120DT en 2023) et 129DT pour les pignons chinois, qui sont de moins bonne qualité mais proposés en promotion à 99DT.

Depuis plusieurs années, de nombreux Tunisiens ont exprimé leur préférence pour la confection maison des pâtisseries. « Avant, j’achetais tout prêt, mais c’est devenu trop cher et souvent de mauvaise qualité « , nous dit une cliente venue acheter tous les fruits secs nécessaires aux gâteaux qu’elles veut réaliser.

Encore faut-il trouver les matières premières comme la farine et le sucre, deux produits victimes de pénuries depuis de longs mois en Tunisie.

Les commerçants eux-mêmes reconnaissent les défis auxquels sont confrontés les consommateurs. « Nous comprenons les préoccupations des clients concernant les prix. Nous faisons de notre mieux pour maintenir des prix raisonnables tout en assurant la qualité de nos produits. Mais c’est compliqué quand on sait que les prix des fruits secs sur les cours mondiaux ne cessent d’augmenter d’année en année. Depuis le début de la crise économique en Tunisie et notamment depuis celle du COVID, nous avons de moins en moins de commandes pour l’Aïd « , explique un vendeur de pâtisseries.

Acheter ses pâtisseries en supermarché…Une bonne affaire ?

Une autre alternative semble pourtant se profiler. Celle de l’achat des pâtisseries de l’Aïd en supermarché…Et la différence est très importante sur certains gâteaux. Dans cet hypermarché de la banlieue de Tunis, tout le centre du magasin est dédié à des douceurs sucrées qui orneront les tables.

Pour les fameuses boules multicolores aux amendes, elles sont affichées au prix de 52DT le kilo contre 60DT en boutique, le « kaak warka » est quant à lui proposé à 54DT (60DT en boutique) et enfin la « ghrayba homs » à la noisette est vendue à 22DT/kg alors qu’en boutique elle est 8DT plus chère.

En conclusion, l’augmentation des prix des pâtisseries en boutique, combinée à une hausse des prix des matières premières, a conduit de nombreux Tunisiens à privilégier la confection maison. Cette tendance reflète également les réalités économiques du pays, avec un pouvoir d’achat en berne qui limite les dépenses des ménages pour les célébrations de l’Aïd El Fitr.

Wissal Ayadi