Tunisie : Hôpital public dégradé, pénurie de médicaments, migration de médecins, manque d’équipements…la santé est malade !

01-12-2023

L’Assemblée des représentants du peuple planche ce vendredi soir sur la discussion su projet du budget du ministère de la Santé, en présence du ministre et de son staff.

La situation déplorable des hôpitaux, la dégradation des prestations de santé, le manque d’équipements, ainsi que l’insuffisance des médecins et du cadre paramédical, la rupture des stocks des médicaments, le départ des compétences médicales vers l’étranger ou vers le privé…ont été au centre des débats.

« La santé est un droit pour tout un chacun selon la constitution », a affirmé, d’emblée, le député Fadhel ben Turkia (Bloc national indépendant).

L’élu s’est arrêté à la situation à Kélibia et Hmama Guezaz, deux délégations dépourvues d’unités sanitaires, réclamant « une intervention urgente pour améliorer et aménager l’hôpital de Kélibia ». Il a évoqué l’insuffisance du corps médical dans cet établissement, avec 7 médecins généralistes et  zéro spécialiste.

Le député a pointé l’arrêt des laboratoires internationaux d’approvisionner la Tunisie en médicaments, faute d’être payés, dénonçant la migration des compétences, ou leur démission du public pour se diriger vers le privé.

Les malades décèdent avant les rendez-vous

Mokhtar Issaoui (indépendant) a appelé à doter les hôpitaux régionaux d’équipements et de corps médical et paramédical suffisant, s’élevant contre la marginalisation du secteur de la Santé, notamment à Kairouan. « Les malades décèdent avant les rendez-vous », a-t-il fustigé.

Il s’est interrogé sur les raisons du retard pris par l’hôpital Salmane Ben Abdelaziz, cela fait dix ans que ce projet est reporté sine die, a-t-il dit, déplorant « la situation catastrophique du secteur de la santé à Kairouan ».

Ammar Idoudi (que le peuple l’emporte) s’est longuement arrêté à la carte sanitaire du pays, signalant que le nombre de cliniques est plus élevé que celui des hôpitaux régionaux.

Il a dénoncé « la violence exercée contre le corps médical et paramédical, ainsi que l’injustice entre les régions en matière d’accès à la santé ». Il s’est interrogé sur la stratégie du ministère pour empêcher le départ des médecins vers l’étranger ou vers le privé. Il a, par ailleurs, évoqué le manque  de médicaments vitaux dans les régions intérieures et les régions frontalières.

Le député a appelé « à créer des antennes de la pharmacie centrale dans les régions, à améliorer la disponibilité des médicaments dans les hôpitaux régionaux et locaux, et à sévir contre les réseaux de trafic des médicaments ».

Vague migratoire sans précédent

Pour le député Abdelhalim Boussena (indépendant), « le droit à la santé est un droit constitutionnel au cœur  de la justice sociale », mais dans la réalité le respect de ce droit reste « en déca des espérances ».

Il a déploré la pénurie des médicaments dans le hôpitaux et les pharmacies, estimés entre 320 à 700 médicaments  entre août et novembre. Le député a pointé la dette de la pharmacie centrale qui s’élève à 1280 milliards, l’encombrement dans les hôpitaux, ainsi que le manque de médecins spécialistes et des équipements, après la vague  migratoire sans précédent.

Il s’est interrogé sur la stratégie du ministère pour « inciter les cadres médicaux à rester en Tunisie », appelant « à trouver des solutions pour sauver le dispositif de santé de l’effondrement ».

Le député Nasser Chenoufi a déploré le manque d’infirmiers dans le centre de santé de base de Bir Mchergua, et l’hôpital local d’el-Fahs, notamment dans les urgences et le laboratoire.

Nabil Hamdi (Voix de la république), a déploré que les départs à la retraite ne soient pas remplacés dans le secteur de la santé.

Il a regretté que « le tourisme médical ne soit pas développé en Tunisie, malgré sa position excellente », estimant que d’autres pays sont en avance sur nous dans ce domaine.

Il a déploré la dégradation de l’infrastructure de santé à Oueslatia, et la fermeture du dispensaire d’Aïn Jloula, signalant que Sbikha une région de 80 mille habitants se situe à 30 km du centre de santé. Il a proposé la création d’une nouvelle faculté de médecine afin de permettre à nos jeunes qui souhaitent suivre des études médicales de rester en Tunisie et de ne pas partir à l’étranger.

Le député Mohamed Allani, du bloc « que le peuple l’emporte », a dénoncé l’absence d’une stratégie dans le projet du budget du ministère de la Santé, pour changer la réalité du secteur de la santé, notamment dans les régions intérieures.

Il a déploré la dégradation des prestations, et le manque flagrant des médecins à Siliana, appelant à ouvrir les recrutements pour pouvoir aux vacances.

Il a évoqué les projets bloqués, s’interrogeant sur le démarrage de la réalisation du projet de l’hôpital régional de Makthar.

Gnetnews