Tunisie : « Le processus du 25 juillet a privé la Tunisie d’un accord avec le FMI » (économiste)

16-03-2022

Les participants à une conférence politique et économique de l’initiative démocratique « citoyens contre le coup d’Etat » ont considéré ce mercredi 16 Mars 2022, que « le président de la république, Kaïs Saïed, veut faire imploser la société de l’intérieur, en opposant l’élite organisée à la société qui ne l’est pas et est marginalisée économiquement et socialement ».

Intervenue à cette conférence, organisée autour du thème « l’impasse politique et l’effondrement économique après le coup d’Etat » relayée par la TAP, des figures de proue de l’opposition ont affirmé que « le processus du 25 juillet a privé la Tunisie de parvenir à un accord avec le FMI et d’obtenir des prêts et dons, qui étaient programmés durant l’année 2021 ».

Les militants ont appelé « à resserrer les rangs politiquement, à dépasser les différends, et à focaliser, uniquement, sur l’objectif commun, celui de pousser vers le retour à un processus constitutionnel, et faire face à ce coup d’Etat ayant mené le pays à une crise sans précédent ».

Un affrontement entre l’élite et la société marginalisée

« Le président de la république veut une guerre entre l’élite et la société marginalisée, a déclaré le membre du comité exécutif de l’initiative démocratique, Jaouher ben M’barek.

Il a pointé « la tentative du président de faire imploser l’Etat de l’intérieur, à travers la division de la société, en semant la discorde entre ses différents catégories, et en attentant au vivre ensemble à travers ses politiques populistes », ce qu’il a considéré comme étant « plus grave que le coup d’Etat, en lui-même ».

Il ajouté que « l’affrontement du coup d’Etat se poursuit à travers les manifestations, les protestations, les déplacements dans les régions, ainsi que par les rassemblements politiques, annonçant « une mobilisation de rue, le 20 Mars prochain pour dénoncer le coup d’Etat et être solidaires avec les prisonniers politiques et appeler à leur libération ».

Instabilité gouvernementale

« La crise en Tunisie est antérieure au gouvernement de Hichem Méchichi, intervenu dans le cadre du jeu des partis et des alliances, et qui ne pouvait continuer sur une plateforme et des objectifs au service du citoyen, a renchéri Ahmed Néjib Chebbi, considérant l’instabilité gouvernementale, comme étant la caractéristique distinctive de la période précédente.

« La paralysie de l’Etat n’a pas commencé après le 25 juillet 2021, mais a débuté depuis la division du pouvoir exécutif entre l’ancien président Moncef Marzouki, et les chefs de gouvernement successifs », a-t-il analysé.

Il a affirmé la nécessité de « l’union entre les forces politiques, devant commencer à travers la réflexion autour de la dimension économique, en vue d’examiner les moyens de sortie de crise, et présenter des propositions liées à la voie qu’on empruntera après la période de Kaïs Saïed ».

« La deuxième dimension est politique, et requiert le débat sur la réforme politique et ce qui devrait être modifié avant la formation d’un front pour l’avenir ».

Les mesures exceptionnelles ont privé la Tunisie d’un accord avec le FMI

Au volet économique, Abdessalem Abassi, économiste et ancien conseiller au sein du gouvernement de Hichem Méchichi, a déclaré que « la situation économique et financière en Tunisie, avant le 25 juillet était mauvaise et difficile, aggravée par la crise du Covid, mais les mesures exceptionnelles ont privé la Tunisie d’un accord avec le FMI auquel est parvenu le gouvernement Méchichi, et qui devait être signé le 30 septembre 2021 ».

« Le gouvernement Méchichi avait présenté un projet de loi de relance économique, l’Assemblé l’a entérinée, mais le président de la république a refusé de le promulguer sous prétexte qu’il comporte des mesures encourageant la corruption, alors que la loi des finances préparée par le gouvernement de Nejla Bouden renferme de telles mesures », a-t-il souligné.

L’économiste a considéré, par ailleurs, que « le processus du 25 juillet a privé la Tunisie de financement de la loi des finances complémentaire de l’année 2021 et du budget de 2022 », signalant que « l’absence d’un accord avec le FMI a été à l’origine de la dégradation de la note souveraine, et la baisse du classement de quatre banques tunisiennes ».

Iyadh Elloumi a considéré, lui, qu’ »on ne pouvait parler d’investissement dans un Etat qui vit des conditions exceptionnelles, quelles qu’elles soient », évoquant « des chiffres terrifiants, s’agissant des indicateurs économiques et sociaux, en l’absence de mécanismes réels de protection sociale ».

« Le peuple aura faim et la rue sociale envahira, le moment venu, la rue politique », a-t-il averti, estimant que « l’heure n’est pas à la compétition, mais est celle du travail sérieux pour protéger l’Etat des griffes de celui qui est à l’origine de l’effondrement politique et social du pays ».

Gnetnews