Tunisie : L’adaptation au nouveau contexte sanitaire : entre inquiétude et relâchement

31-08-2020

La recrudescence des cas du Coronavirus a entrainé le durcissement des restrictions sanitaires dans l’espoir d’endiguer la pandémie, dans un pays qui a peu de moyens pour pouvoir confronter une potentielle catastrophe sanitaire. La rentrée des écoliers et étudiants venant de toutes les régions de la Tunisie – quelques semaines uniquement nous séparent d’un surpeuplement des transports communs, des universités, et foyers universitaires – ne fait qu’accentuer les inquiétudes.

Un contexte alarmant qui invite les Tunisiens à faire preuve de plus de vigilance pour prévenir une catastrophe sanitaire. Les autorités ne cessent, pour leur part, de conscientiser les citoyens quant à l’importance d’appliquer le protocole sanitaire.

Le port du masque est désormais obligatoire dans les endroits publics clos et ouverts. Les contrevenants risquent, quant à eux, une amende allant de 100 à 3000 dinars.

Dans ce contexte sensible, les citoyens  prennent-ils au sérieux les gestes barrière et la distanciation sociale ? Portent-ils le masque par conviction, ou juste par obligation ? Ont-ils limité leurs déplacements pour se protéger et protéger autrui de la pandémie ?

Plusieurs questions, dont les réponses prédisent l’évolution de la propagation du virus dans les jours à venir….Gnetnews s’est rendu dans quelques espaces publics pour observer les comportements les  Tunisiens, et voir s’ils s’adaptent au nouveau contexte sanitaire…

Les enseignes internationales sont les plus rigoureuses quant au port du masque

Dans les grandes surfaces, et les hypermarchés, centres commerciaux fréquentés généralement par les familles, et les personnes âgées, les gestes barrière se font d’une manière spontanée depuis le déconfinement. Pas question de laisser entrer un client sans prendre sa température, vérifier qu’il porte bien son masque dès l’entrée. Pourtant certains Tunisiens, l’enlèvent une fois ils dépassent les agents de sécurité. Réaction irresponsable, et inconsciente par les réelles menaces de la pandémie.  

Pour un shopping en toute sécurité, des règles ont été mises en place depuis quelques mois, dans le monde entier, qui sont à respecter à l’intérieur des boutiques. A part le port du masque, la distanciation sociale s’impose et interdiction d’essayage de toute sorte de vêtement, ou encore de se rendre dans les cabines d’essayage.

Malheureusement, seules les grandes enseignes sont en train d’appliquer « à la lettre » ces règles rigoureuses. Il existe même dans chacun de ces espaces un agent qui surveille les clients qui baissent la bavette, à la quête d’une bouffée d’air frais.

Néanmoins, certaines marques ont lâché prise durant la période des soldes, une occasion pour rattraper le manque à gagner en termes de chiffre d’affaire en chute à cause du confinement.

Difficile d’appliquer le protocole sanitaire dans les restaurants, cafés, boites de nuit et plages équipées…

Dans les restaurants, cafés, plages équipées, boites de nuit, les tunisiens bons vivants tels qu’ils sont, ont dû attendre la réouverture de ces espaces avec impatience. L’affluence  à ces endroits était importante notamment dans les zones côtières…

Une stratégie à double tranchant pour l’Etat, sauver la saison touristique, en prenant des risques majeures.

Malgré l’existence d’un protocole sanitaire spécifique dédié aux établissements touristiques, les restaurateurs étaient en majorité indulgents. Les Tunisiens ont continué à se mettre à table sans distanciation sociale, faire la bise sans méfiance, se rendre en soirées et en boite de nuit sans masque, ni gestes barrières depuis le déconfinement… Encore mieux, ces endroits ont été surpeuplés, avec une proximité frappante des clients, et une absence totale du suivi des contrevenants, par les autorités…

Pourtant, l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, a appelé à interdire les rassemblements nocturnes, et a même proposé l’instauration d’un couvre-feu  dans toute la Tunisie, pour que les équipes spécialisées puissent effectuer un traçage des contaminés.

La vigilance est de retour dans les cabinets médicaux

Dans les cabinets médicaux, les professionnels de la santé sont engagés à protéger leurs patients et le corps médical du Covid-19. Toute personne qui se rend au cabinet est obligée de se rincer les mains avec du gel désinfectant, ou bien à les laver avec du savon. Les sièges dans les salles d’attente sont distanciés également, surtout chez les médecins des maladies chroniques. Dans d’autres cabinets,  faute du manque d’espace, les malades sont forcés à s’assoir l’un à côté de l’autre, mais toujours avec le port obligatoire des masques.

Pour éviter de telles conditions douteuses, la prise de rendez-vous est privilégiée par plusieurs docteurs.

Le coronavirus a déjà infecté 2484 personnes en Tunisie depuis le début de la crise sanitaire, selon le bilan quotidien du ministère de la santé établi dimanche 30 aout, indiquant aussi que le virus continue à se répandre d’une manière exponentielle, avec une moyenne de 20 contaminations par jour,  à Tunis (429), Gabes (819), et le Kef (224).

La perspective d’une deuxième vague commence à inquiéter les citoyens, notamment avec l’approche de la rentrée scolaire et universitaire et l’affluence continue des voyageurs venus des pays à forte circulation du virus depuis l’ouverture des frontières terrestres maritimes et aériennes, le 27 juin.

Emna Bhira