Tunisie : Ministères et établissements publics seront équipés de panneaux photovoltaïques

06-04-2021

En ratifiant en 2016 l’Accord de Paris sur le climat, la Tunisie s’est engagée dans une stratégie de transition énergétique. Cette stratégie vise, à l’horizon 2030, à réduire d’une part la demande énergétique de 30%, par rapport à son rythme de croissance de 2010, et d’autre part à augmenter son taux d’énergies renouvelables dans le mix énergétique à hauteur également de 30%.

Afin d’atteindre ces objectifs, le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines a décidé de mettre en place un programme de transition énergétique dans les établissements publics (TEEP).

Ce mardi 06 avril à Tunis, le même département, en collaboration avec l’Agence Nationale pour la  Maîtrise de l’Energie (ANME) a présenté ce projet qui consiste à équiper les ministères et établissements publics en panneaux photovoltaïques.

Programme TEEP

Le programme TEEP cible les bâtiments des ministères ainsi que ceux des établissements publics à caractère administratif et non administratif. « Nous offrons un investissement clé en main aux différents établissements », nous explique Fethi Hanchi, Directeur Général de l’ANME. « Il s’agira d’installer des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments en fonction de leur consommation énergétique », ajoute-t-il.

L’objectif de ce programme étant de réduire le déficit énergétique des administrations qui sont parmi les plus grands consommateurs d’électricité dans le pays.

« Nous voulons encourager nos administrations dans les projets d’efficacité énergétique et d’autoproduction d’électricité à partir de l’énergie solaire photovoltaïque. Nous avons pour objectif de réduire de 20% la consommation en énergie de ces bâtiments », affirme Mr Hanchi.

Ainsi, des experts techniques seront à la disposition des administrations publiques, via l’Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Energie afin de leur permettre de concrétiser cet investissement.

Le programme TEEP s’étendra sur 4 ans pour un coût total d’environ 195 millions de dinars. Cette enveloppe se compose d’une part des ressources financières de l’Etat, émanant de prêts extérieurs et de la contribution du Fonds de Transition Energétique, et d’autre part d’un don de la KFW, la banque de développement allemande.

En 4 ans, l’ANME espère pouvoir atteindre les 30 mégawatts d’autoproduction électrique. « C’est beaucoup mais tout à fait réalisable », indique le DG de l’ANME.

D’après Fethi Hanchi, plusieurs bâtiments administratifs sont déjà dotés de panneaux photovoltaïques, à l’instar des ministères de la Santé, de l’Education ou de l’Enseignement Supérieur.

Energies renouvelables: Où en est la Tunisie ?

La Tunisie est une des pionnières dans la région à avoir investi dans le domaine des énergies renouvelables puisque cela fait maintenant 3 décennies que le premier texte de loi relatif aux énergies renouvelables a vu le jour.

Photovoltaïque ou éolien, le climat tunisien est tout à fait propice au développement de ce secteur.

Grâce à la mise en place d’un cadre juridique, le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines a donné son accord de principe pour 43 projets dont 4 ont déjà été réalisés.

A Tozeur et Tataouine, trois stations de panneaux photovoltaïques ont été crées en plein désert.

« Tozeur 1 et Tozeur 2 produisent, à elles seules, 20 millions de mégawatts », a indiqué le ministre de l’Energie par intérim, Mohamed Boussaïd, présent à cette rencontre.

Pourtant tout porte à croire que la Tunisie accuse un retard par rapport à son voisin marocain. En effet, le Royaume s’est doté de sa première station photovoltaïque, Noor 1, en 2010, à laquelle s’est ajoutée en 2016 la station Noor 2. Cette gigantesque centrale solaire se situe à Ouarzazate en plein désert et constitue la plus grande au monde, jamais construite.

Mais pour le Directeur de l’ANME, Fethi Hanchi, la Tunisie n’est pas à la traîne. « Nous avons fait le choix d’investir pus tard dans des stations photovoltaïques de grande ampleur car le coût est aujourd’hui moins important qu’il y a 10 ans ». Ainsi, d’après ce dernier, le coût du kilowattheure de la première station Noor au Maroc est 5 fois plus important que celui produit aujourd’hui par celle de Tataouine.

Il indique que le coût du photovoltaïque, entre 2010 et 2020 a baissé de 85%. « Ce choix nous permet aujourd’hui de produire de 200 mégawatts à Tataouine et de l’acheter pour 72 millimes seulement », conclut Mr Hanchi.

Les énergies renouvelables ne sont plus un choix mais une nécessité. En effet, la Tunisie importe 60% de ses besoins en énergie, mettant à mal la balance énergétique.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus les déclarations de Mohamed Boussaïd et de Fethi Hanchi.

Wissal Ayadi