Tunisie : Le comité de défense de Noureddine Bhiri annonce avoir déposé « une plainte pour enlèvement contre le chef de l’Etat et le ministre de l’Intérieur »

03-01-2022

Le comité de défense de l’avocat et député de l’Assemblée, dont les travaux sont suspendus, Noureddine Bhiri, a annoncé ce lundi 03 janvier avoir présenté une série de plaintes sur ce qu’elle qualifié « d’opération d’enlèvement », dont « une plainte pour kidnapping contre le président de la république, Kaïs Saïed et le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine. »

Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi à la maison de l’avocat, relayée par la TAP, le comité a considéré que Noureddine Bhiri était dans un état de « disparition forcée », signalant que « la décision de placement en résidence surveillée est intervenue en guise de rectification a posteriori, c’est-à-dire qu’elle a été émise après le rapt et après avoir été conduit vers une destination inconnue ».

Le membre du comité de défense, Abderrazek Kilani a déclaré que « Noureddine Bhiri est considéré, aujourd’hui, et en vertu de la loi, comme étant, en état de disparition forcée, ce qui est un crime de par la loi pénale », signalant qu’ »une plainte a été déposée, à cet effet, auprès du procureur de la république au tribunal de première instance de Tunis et au commissariat des droits de l’homme, et ce pour engager des poursuites contre celui qui est responsable de ce crime ».

Il a critiqué ce qu’il a considéré « le non-respect de l’immunité dont bénéficie Bhiri étant un avocat et un député de l’Assemblée », signalant que « le statut légal de Bhiri n’a pas été fixé, s’il était interpellé ou placé en détention préventive ». « Toutes les parties contactées vendredi ont affirmé ne pas avoir en connaissance de ce qui s’est passé », a-t-il indiqué, affirmant que « c’est la ministre de la justice qui a affirmé que Noureddine Bhiri était placée en résidence surveillée, après avoir été contactée à deux reprises ».

La décision d’assignation à résidence pourrait être prise de la part de l’administration si la personne en question représente une menace pour l’ordre public, a-t-il indiqué, s’interrogeant sur la menace que représente Bhiri pour l’ordre public.

Me Kilani a exprimé sa « crainte envers la situation des droits et libertés dans le pays », signalant qu’elle est désormais « annonciatrice de danger ».

« Enlèvement » et non arrestation

Le membre du comité de défense, Samir Dilou, a évoqué la controverse autour de l’utilisation du mot enlèvement et non arrestation, signalant que l’arrestation intervient sur mandat judiciaire.

Au sujet de l’endroit où se trouverait Noureddine Bhiri, Me Dilou a souligné : « ce que l’on sait, aujourd’hui, est qu’il se trouve au service de réanimation à l’hôpital Habib Bougatfa à Bizerte », évoquant « l’éventualité qu’il se trouve avant dans une caserne dans la région de Rimel (Menzel Jemil), dans un centre de formation agricole, ou dans une maison utilisée avant la révolution pour la détention des opposants politiques qu’on ne voulait pas torturer dans les lieux de détention provisoire ».

Il a indiqué que le comité de défense avait présenté vendredi dernier une plainte au procureur de la république du tribunal de première instance de Tunis pour « enlèvement contre tous ceux qui seront révélés par l’enquête. Cette affaire a été confiée à la brigade d’investigations de la cité el-khadhra pour mener l’enquête ».

Le comité de défense a présenté une demande pour mener une enquête disciplinaire contre l’avocat et  ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine pour « atteinte à l’honneur de la profession d’avocat, et pour avoir pris la décision d’enlèvement de son collègue Noureddine Bhiri, en l’agressant avec son épouse, l’avocate Saïda Akremi », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que « des plaintes ont été adressées à l’union internationale des avocats, l’union des avocats arabes, et au rapporteur spécial d’indépendance de la justice et du barreau relevant des Nations-Unies », signalant que toutes les instances judiciaires et des droites de l’homme régionales et internationales concernées par le violations des droits de l’homme, notamment les affaires de séquestration et de disparition forcée allaient être contactées.

L’avocate et épouse de Noureddine Bhiri, Saïda Akremi, est revenue, pour sa part, sur les circonstances de cette affaire survenue vendredi dernier, relatant que « trois voitures noires et une voiture blanche, avec à son bord des agents en civil ont procédé à l’enlèvement de son mari après les avoir violentés, tous les deux ».

Saïda Akremi a fait assumer au président Kaïs Saïed « la responsabilité de la sécurité de son mari, et l’a accusé de viser Noureddine Bhiri dans tous ses discours », lui demandant « de présenter des preuves sur ce qu’il avance ».

Gnetnews