Tunisie : Le tourisme d’aventure, d’escalade…attire les touristes du monde entier, mais des freins persistent !

21-10-2022

Randonnée, escalade, spéléologie, canyoning, tyrolienne, trekking, trail ou encore saut pendulaire. Les activités sportives dites d’aventures connaissent un véritable boom dans le monde entier. Et la Tunisie n’est pas en reste.

Dans une logique de diversification de l’offre touristique, le ministère du Tourisme a donné le coup d’envoi, le jeudi 21 Octobre, de la deuxième phase du programme du tourisme d’aventure et de plein air. Ce projet permettra de relancer les initiatives individuelles et d’appuyer les jeunes promoteurs en vue de créer de nouveaux projets dans les régions intérieures du pays.

Voyager autrement en Tunisie est donc possible. Enquête sur un secteur en vogue et qui pourrait redessiner les contours du tourisme balnéaire classique.

Le tourisme d’aventure présent en Tunisie depuis plus de 10 ans

Le tourisme d’aventure constitue un des produits de ce qu’on appelle plus communément aujourd’hui le tourisme alternatif. Depuis plusieurs années, les activités outdoor connaissent un essor important dans le monde entier. En Tunisie, c’est après la révolution de 2011 que les premiers opérateurs ont développé ce secteur.

Parmi eux, l’Association de spéléologie et d’escalade de Zaghouan (ASEZ), pionnière dans les sports de montagne. Contacté par Gnetnews, le vice-président de l’ASEZ, Meher Melaouhia, explique qu’avant 2011, les associations qui proposaient des activités dans la montagne, la forêt ou les grottes étaient interdites. « C’était toléré dans certaines saisons de jeunes, sous haute surveillance. Mais après la révolution, les règles se sont assouplies et les activités se sont développées de façon exponentielle Â», dit-il.

L’ASEZ a été à l’origine du premier site d’escalade tunisien d’envergure internationale à Zaghouan.

« Depuis l’ouverture de ce site nous avons eu un afflux de touristes venus du monde entier pour découvrir l’escalade en Tunisie. Pour la plupart, ils viennent dans une démarche d’économie sociale et solidaire puisqu’ils viennent par leur propres moyens et ne consomment que les produits la région. Ils prennent le louage depuis Tunis, arrivent à Zaghouan, font leurs courses chez les commerçant du coin et logent dans les hôtels ou aires de camping de la ville. Ils viennent spécialement pour l’activité d’escalade et visiter les grands sites touristiques du pays ne les intéressent pas.

Cela montre que le tourisme d’aventure est un véritable créneau de développement », affirme Meher.

Il explique également que les produits du tourisme d’aventure peuvent être également proposés aux touristes classiques qui visitent les stations balnéaires, sous forme d’excursions. « Nous avons de plus en plus de demandes pour la tyrolienne ou les randonnées le temps d’une journée ».

En ce qui concerne le tourisme intérieur, la demande est également de plus en plus forte. Chaque week-end, au Temple de Eaux de Zaghouan c’est la cohue. Des bus entiers ou des particuliers se précipitent pour profiter d’une journée en pleine nature et redécouvrir leur pays. « Il y a une demande forte pour la tyrolienne qui est vraiment un produit phare de la région. Les agences de voyages commencent également à proposer des activités d’aventures à leurs clients ».

Tyrolienne à Zaghouan

Des freins encore persistants

« Il était temps que le ministère du Tourisme s’intéresse au tourisme d’aventure. Il faut dire également que ce genre d’initiative n’a pu être réalisé que sous l’impulsion de la GIZ, sinon nous en serions encore au même stade », relève Meher Melaouhia.

En effet, ce genre de tourisme n’a jamais réellement fait l’objet d’une réelle promotion de la part du ministère de Tourisme, qui « est toujours concentré essentiellement sur le tourisme balnéaire de masse. Or, il pourrait constituer une alternative à la saisonnalité imposée par le tourisme classique qui s’étend de juin à septembre ».

De son côté, le tourisme d’aventure peut se pratiquer tous les mois de l’année et ainsi faire marcher une nouvelle économie de laquelle peuvent profiter les habitants de ses régions reculées, lourdement frappés par le chômage.

« Il y a des centaines de sites à travers toutes la Tunisie qui peuvent être dédiés au tourisme d’aventure et cela peut constituer un levier de création d’emplois important, comme la femme qui va préparer le pain « tabouna », le restaurateur qui va fournir le déjeuner ou encore le louagiste qui va transporter les touristes, etc… », souligne le Vice-président de l’ASEZ.

« De notre côté, en tant qu’association, nous essayons de faire la promotion à l’international notamment avec la création du Festival du Film de Montage qui réunit chaque année les passionnés de montagne venus des quatre coins de la Tunisie mais aussi du monde entier. Grâce a son succès, nous avons décidé de changer d’endroit à chaque fois pour les villes de l’intérieur gagnent en notoriété et faire bouger les commerces qui y sont implantés », a-t-il poursuivi.

Spéléologie à Zaghouan

Mais malgré l’essor du tourisme d’aventures, il fait encore face aujourd’hui à de nombreux freins.  Selon Meher Mahalouia, il y a un manque de coordination entre le ministère du Tourisme et celui de l’Agriculture qui est en charge de la préservation des forets et des montagnes. « Il est difficile d’obtenir des autorisations pour exploiter des sites pour développer ce secteur. Il faut qu’il y ait plus de souplesse dans les lois », a-a-t-il suggéré.

Gnetnews