Tunisie : Les diplômés de la formation professionnelle prisés par le Canada (Vidéo)

19-06-2019

Le rendez-vous a été pris vendredi dernier à 9h du matin au centre de formation de Menzel Bourguiba dans le gouvernorat de Bizerte. Cette visite a été réalisée à la demande de Caroline Vachon, directrice adjointe d’un centre de développement territorial et économique au Canada. Cet établissement est spécialisé dans le domaine de la construction métallique et constitue un vrai vivier de compétences pour les entreprises outre-Atlantique. C’est là, le but de la visite de Mme Vachon. Gnet a suivi cette rencontre. La formation professionnelle serait-elle un nouveau tremplin pour un emploi à l’étranger ?

A Menzel Bourguiba, ils sont 600 jeunes à suivre une formation dans le domaine de la construction métallique. Soudeur, chaudronnier, charpentier métallique, dessinateur d’études ou encore technicien en contrôle qualité. Les diplômes obtenus sont du niveau CAP, BTP, et BTS.

Si dans l’imaginaire collectif, la formation professionnelle est destinée aux jeunes en décrochage scolaire, la réalité est tout autre. En effet, elle constitue désormais une assurance de trouver un emploi au sortir du centre. GnetNews a rencontré Mohamed Ennakoua, directeur du centre. « La formation professionnelle a une mauvaise image. Mais il faut remettre les choses dans leur réalité. Les jeunes qui sortent de la formation professionnelle sont assurés a 100% de trouver un travail. Ils ont la priorité sur le marché de l’emploi ». Les demandes sont tellement fortes, qu’il arrive parfois que les entreprises tunisiennes dans le domaine de la construction métallique ne trouvent pas de candidats.

Enfin, M. Ennakoua, ajoute que « depuis quelques années, il y a également des diplômés du supérieur qui se dirigent vers la formation professionnelle faute de trouver un emploi dans leur domaine ».

La visite de Caroline Vachon vise à connaître les niveaux de formation des étudiants. Pour elle il y a un fort potentiel. « Au Canada, il devient de plus en plus difficile de trouver des jeunes dans le domaine de la formation professionnelle. Depuis quelques années, il y a des entreprises canadiennes qui viennent faire du recrutement en Tunisie dans les domaines de la transformation métallique. J’ai pu me rendre compte du matériel sur lesquels les jeunes font leur formation pour voir si la compétence est transférable au niveau des entreprises canadiennes en demande ».

Le mois dernier, ce sont 25 soudeurs qualifiés qui se sont envolés pour le Canada après avoir été formés au centre de Menzel Bourguiba. Une initiative menée par la société Tremcar, spécialisée dans la construction de citernes métalliques.

Les jeunes qui fréquentent le centre n’ont qu’une idée en tête…partir eux aussi. Au détour d’une salle de classe, GnetNews a pu discuter avec l’un d’entre eux. Ahmed Gara est en formation soudure et montage. C’est après le bac qu’il a décidé d’intégrer le centre de formation. « En entrant ici j’étais sûr que j’allais trouver du travail à la sortie ». A 22 ans, il a déjà programmé son avenir. « Il me reste un an de formation et ensuite je vais tout faire pour trouver un emploi à l’étranger, en Europe si possible. Le salaire et la qualité de vie y sont meilleurs ».

Attirer des jeunes, c’est aussi l’un des objectifs de la politique migratoire du Canada. L’étendue du pays et le vieillissement de la population sont les principales raisons. Caroline Vachon nous explique. « On a des régions qui se dévitalisent, donc attirer de nouveaux résidents est aussi quelque chose d’intéressant et qui vient contribuer à l’attractivité de nos territoires et l’accroissement de la population dans ces régions reculées ».

Les capacité d’encadrement dans les centres de formation limite les places disponibles. A l’image du centre de Menzel Bourguiba, dont la capacité est de 880 places, mais qui tourne actuellement à plein régime à hauteur de 600 places.

L’accroissement du nombre de demandes et le nombre limité de places obligent l’administration à faire une sélection plus poussée des candidats… Ceux qui ont la chance d’intégrer le cursus bénéficieront de la prise en charge gratuite du logement et de la nourriture ainsi que d’une bourse de 60dt par mois.

Wissal Ayadi