Tunisie : Les hôteliers comptent sur le tourisme local, pour réussir la saison !

15-06-2021

Cette année aussi, le secteur touristique en Tunisie compte sur la clientèle locale pour rattraper la saison, malgré les conséquences du Covid-19 sur ce secteur crucial de l’économie.

Malgré une baisse de 85% de l’affluence des touristes (75 852 personnes) par rapport au même mois de l’année dernière, les hôteliers n’ont pas cédé au coup dur de la crise sanitaire, en affichant des prix cassés, des offres attrayantes de séjours, ainsi que de packs qui ne laissent pas indifférents.

Faible affluence, malgré le retour des TO

Avec une saison touristique plombée par la mauvaise situation sanitaire, engluée aussi dans la crise sociale, les hôteliers tentent de sauver ce qui peut l’être de l’année 2021.

En effet, malgré la réouverture des frontières le 1er juin, aux tours opérateurs, qui transportent la majorité des vacanciers séjournant en Tunisie, les conditions d’entrée au territoire Tunisien (test PCR obligatoire avec l’obligation de passer au confinement à l’arrivée), les touristes semblent encore réticents, et leur affluence demeure faible.

C’est ce que nous indiqué le directeur commercial d’un hôtel de luxe à Hammamet. « Les Européens en particulier préfèrent passer des weekends dans des villes à proximité, au lieu de prendre le risque de se rendre en Tunisie classée zone orange, avec circulation active du virus dans des proportions maitrisées sans diffusion des variants préoccupants », explique-t-il.

Selon lui, la plupart des clients qui débarquent depuis le début de ce mois, sont des familles et des couples tunisiens.

« Avec l’offre que nous avons communiqué aux agences  de voyage locales, nous arrivons à remplir 60% des chambres, les weekends, et en milieu de semaine on fait 20% grâce aux séminaires résidentiels. Cette affluence concerne notamment les jeunes couples avec des enfants ayant terminé les examens de l’année scolaire », précise-t-il.

D’après le directeur commercial de cet hôtel étoilé, l’établissement s’attend à une meilleure affluence des Tunisiens durant les mois de juillet et aout, puisque ça sera la période des vacances, qui coïncidera aussi avec la fin de l’examen national du baccalauréat. « Les familles ont commencé déjà à bouger pour profiter des hôtels avant qu’ils ne soient plutôt peuplés par les clients », souligne-t-il, en rappelant que cette année l’absence des touristes algériens sera difficilement rattrapée, notamment avec la persistante de la fermeture des frontières avec l’Algérie.

« Cette année, ce sont les locaux qui vont sauver la saison. Nous n’avons pas le choix à part leur offrir une meilleure qualité de service et une hygiène sans faille, pour des séjours en toute sécurité sanitaire ».

Des prix cassés pour des des séjours attrayants

Nous nous sommes rendus aussi dans cet hôtel de 5* de luxe, autrefois très sollicité par les touristes attirés par la plus belle plage de la ville. La clientèle y était composée de 70% de Tunisiens, venus de différents gouvernorats de  Tunisie pour y passer le Weekend. Quant aux touristes européens, ils sont en majorité de l’Europe de l’Est, et de nationalités italienne et russe, et ne représentent qu’une partie infime des clients, sachant que la capacité d’accueil des établissements touristiques est réduite à 50% à cause de la pandémie.

Après une rupture d’activité qui a duré tout l’hiver, cet hôtel étoilé vise aussi la clientèle locale qui va jouer le rôle de bouée de sauvetage de cette saison touristique.

Samedi dernier, une soirée privée a été organisée au bord de la plage privée de cet établissement.  La condition pour y assister était de payer l’entrée à la fête, en bénéficiant d’une nuitée gratuite dans une chambre basique de l’hôtel. Un sacrifice auxquel les hôteliers se sont pliés, alors que le prix de la nuitée dans cet hôtel ne coutait pas moins de 500dt le couple en LPD, avant la pandémie.

La crise sanitaire a impacté aussi la qualité de service de ces établissements, obligés de faire des restrictions budgétaires pour la restauration. Les cartes des restaurants et cafés, y sont plutôt révisés outre la gamme des aliments et des plats dans les buffets. Les menus y sont adaptés aux couts consacrés à une clientèle plus restreinte, et qui paye moins cher les services proposés.

Ceci est le cas aussi pour les agences de voyage, qui peinent à convaincre leurs clients, d’acheter des séjours dans des hôtels de villes balnéaires. « Les prix sont cassés cette année plus que jamais. Nous proposons des tarifs à moins de 50% dans quelques hôtels étoilés, 30% sur les premières réservations (Early Booking). Certains établissements proposent des soirées gratuites, animées par des chanteurs ou encore des comédiens tunisiens, comme un extra pour le séjour », nous confie une commerciale d’une agence de voyage.

Les facilités de paiement via les agences sont acceptables à partir de 1000dt, pour les séjours de 3 nuitées au minimum ou encore pour les voyages organisés, nous précise-t-elle.

Pour cette employée dans une entreprise privée, réserver via des agences de voyage est le meilleur moyen pour économiser, et payer selon sa petite bourse « J’ai réservé depuis mai dernier avec une somme de 1400 dinars, pour cet été. Hormis, une semaine à Djerba, que mon mari s’en chargera. Les vacances d’été sont de plus en chères même avec les prix cassés proposés par les maisons de particuliers ou même les maisons d’hôte. En plus avec la pandémie, même quand nous nous rendons dans ces endroits pour profiter un peu de nos congés, la peur de contracter le virus est toujours existante », nous explique la jeune employée.

Pour un autre couple de retraités, il est inconcevable d’aller à ces établissements touristiques. « Il  n’y a plus aucun plaisir d’aller dans un endroit peuplé. L’inquiétude plane sur l’ambiance, et même nos budgets nous ne permettent plus de dépenser autant pour un séjour sans baignade en piscine ou encore dans une plage privée de l’hôtel », souligne ce professeur à la retraite. « Certes les jeunes ont besoin de se divertir avec une année passée au bureau, mais je recommande de continuer à faire des concessions, et de rester chez soi cet été aussi, pour le bien tous », conseille-t-il.

Rappelons qu’en Tunisie, les décès liés au Covid-19 venaient d’atteindre un pic et la hausse des hospitalisations laissait craindre l’approche d’une 4ème vague de la pandémie, a fait savoir le ministère de la santé. Avec ces conditions sanitaires incertaines, les Tunisiens seront ils nombreux cette année à aller en vacances ? Seront ils capables, de laisser de côté leur peur du virus, pour profiter un peu de l’été dans un hôtel à bas prix ?

Emna Bhira